Aux Etats-Unis, le directeur de la communication de la Maison Blanche a démissionné.Arrivé il y a seulement trois mois, Mike Dubke était censé à améliorer le message présidentiel, mais les résultats politiques sont faibles, les polémiques se succèdent, et surtout l’affaire sur l’ingérence ne laisse aucun répit à l’administration Trump. Ainsi, si Mike Dubke évoque des « raisons personnelles », ce départ sonne aussi comme le premier d’une série de changements attendus à la Maison Blanche.
« Cela a été un grand honneur d’avoir été au service du président Trump et de son administration », a déclaré Mike Dubke, le directeur de la communication du président Donald Trump, sans donner plus de précisions quant aux raisons de son départ.
Mike Dubke n’était pas en première ligne comme peut l’être le porte-parole Sean Spicer, qui doit faire face quotidiennement aux questions de la presse. Mais le fait est qu’il n’a pas réussi à valoriser la parole souvent iconoclaste de Donald Trump, et encore moins à éteindre les incendies qui se déclarent presque chaque jour à la Maison Blanche.
Il n’a pas, non plus, pu canaliser la fougue du président qui, encore ce mardi matin, a tweeté pour critiquer vertement les médias et le parti démocrate, un grand classique, mais aussi, cette fois, l’Allemagne, rappelle notre correspondant à New York, Grégoire Pourtier.
Alors Dubke en a-t-il eu marre des humiliations répétées qu’il aurait subi de la part de son patron, qui ne met pas de gant quand il estime que le travail est mal fait ? Ou bien Dubke a-t-il en fait été en quelque sorte remercié, payant des stratégies hasardeuses dans un contexte explosif ? Sa décision ne daterait en tout cas pas d’hier, puisqu’il avait remis sa lettre de démission dès le 18 mai, tout en restant disponible pour gérer la tournée présidentielle à l’étranger.
Cette démission illustre les difficultés de communication de l’administration Trump, notamment depuis les révélations dans la presse sur des liens présumés entre l’équipe de campagne de Donald Trump et la Russie, accentuées après le limogeage de James Comey, le directeur du FBI, le 9 mai dernier.
Vent de changement
Surtout, elle pourrait présager d’une vaste réorganisation de la Maison Blanche, qui manque encore de ressources humaines pour être sur tous les fronts et où les différents camps se tirent souvent dans les pattes. Ainsi, au-delà même de la communication officielle, le problème des fuites vers la presse est aussi à gérer en priorité.
Pour Corentin Sellin, professeur agrégé d’histoire, spécialiste des Etats-Unis et animateur du blog Il était une fois en Amérique, la démission « attendue » de ce consultant média « plutôt proche de l’aile traditionnelle des républicains » pourrait être le premier changement d’un vaste remaniement.
« Depuis le retour de Trump, la Maison Blanche bruisse de rumeurs sur une révolution de palais qui écarterait de beaucoup des membres de la Maison Blanche pour faire entrer des anciens de la campagne, des fidèles », explique le chercheur, qui préfigure selon lui « un resserrement, voire peut-être une “bunkerisation” de la Maison Blanche qui est en ce moment assaillie par les enquêtes sur la Russie. »
Pression des enquêtes
Corentin Sellin considère que le président américain, insatisfait de son équipe et de la gestion de la communication, veut « reprendre les choses en main en s’appuyant sur les fidèles, les anciens de la campagne. » Une stratégie qui s’explique par la pression qui s’intensifie sur la Maison Blanche.
« La commission du renseignement au Sénat a demandé pour la première fois tous les documents de la campagne Trump depuis le début, rappelle l’historien. Et par ailleurs, Jared Kushner est désormais une cible prioritaire de l’enquête du FBI et donc la pression se renforce sur Trump. C’est ce qui explique ce remue-ménage. »
Mais pour autant, le chercheur estime que ce remaniement risque d’être plus complexe que prévu. « Lorsqu’il est insatisfait, il change immédiatement le personnel. Mais ça va prendre du temps, parce qu’il y a de moins en moins de postulants. Et c’est d’ailleurs pour ça qu’il revient à ceux qui étaient avec lui au début, cette poignée de personnes qui ont cru en lui. Selon lui, la fidélité évite les fuites. Et son obsession désormais est d’éviter les fuites, en particulier vers les enquêtes sur la Russie. »
Par RFI
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