États-Unis : démission de Flynn, le conseiller à la sécurité de Trump

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La presse a révélé des contacts inappropriés entre l’ancien général et la Russie avant l’entrée en fonction du nouveau président américain.

Michael Flynn a tenu quatre jours. Moins de 96 heures après les révélations de la presse sur ses contacts inappropriés avec la Russie, le conseiller à la sécurité nationale du président Trump a démissionné lundi 13 février dans la soirée. Dans sa lettre de démission, Michael Flynn a reconnu avoir « par inadvertance trompé le vice-président élu (Mike Pence) et d’autres personnes avec des informations incomplètes sur (ses) discussions téléphoniques avec l’ambassadeur de Russie ».

La démission de Michael Flynn, conseiller à la sécurité nationale du président Donald Trump, après la révélation par la presse de ses contacts inappropriés avec la Russie est une « affaire intérieure américaine », a estimé mardi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. « C’est une affaire intérieure à l’administration du président Trump. Ce ne sont pas nos affaires », a assuré Dimitri Peskov à la presse. « Nous ne souhaitons commenter cette affaire d’aucune manière », a-t-il souligné.

Une « provocation »

Pour sa part, l’élite politique russe a qualifié cette démission de coup dur porté aux relations russo-américaines. « Cette situation (…) a tout d’une provocation. C’est un signal négatif pour le rétablissement du dialogue russo-américain » au moment où les relations entre Moscou et Washington sont au plus bas depuis la fin de la guerre froide, a affirmé le président de la commission pour les Affaires étrangères à la Douma (chambre basse du Parlement), Leonid Sloutski.

« Dans ces circonstances, on ne peut conclure que d’une manière : ce sont les relations russo-américaines qui ont été visées », a-t-il déclaré, cité par l’agence publique RIA Novosti. Le chef de la commission pour les Affaires étrangères au Conseil de Fédération (chambre haute), Konstantin Kosatchev, a de son côté dénoncé des pressions sur Donald Trump. « Soit Trump n’a pas retrouvé l’indépendance qu’il cherchait et on le met le dos au mur, soit la nouvelle administration est déjà totalement atteinte de russophobie », a-t-il estimé, cité par RIA Novosti.

Des discussions illégales

Concrètement, au moment même où l’administration Obama ordonnait fin décembre des sanctions contre la Russie pour son ingérence présumée dans les élections américaines, Michael Flynn assurait lui à l’ambassadeur de Russie à Washington Sergey Kislyak que le président élu Donald Trump serait beaucoup moins sévère. Selon le Washington Post et le New York Times, à l’origine vendredi de ces révélations, de telles discussions étaient potentiellement illégales.

Le général à la retraite Joseph Kellogg a été aussitôt désigné par la Maison-Blanche pour assurer l’intérim à ce poste stratégique, moins d’un mois après l’arrivée au pouvoir de Donald Trump. « Le président évalue la situation, il parle au vice-président (…) et à plusieurs autres personnes », avait indiqué quelques heures plus tôt lundi le porte-parole de la Maison-Blanche Sean Spicer, alors que la pression montait sur Flynn, lui aussi général à la retraite.

Lors de ces discussions téléphoniques avec l’ambassadeur de Russie, Michael Flynn était déjà à l’époque à ce poste central dans l’élaboration de la politique étrangère et de sécurité auprès du futur président américain. Mais l’équipe Trump était encore en pleine période de transition, trois semaines avant de prendre officiellement les rênes du pouvoir.

Des mensonges

Facteur aggravant, Michael Flynn avait induit en erreur son propre camp, en particulier Mike Pence, le futur vice-président. Il avait en effet déclaré début janvier que la conversation avec l’ambassadeur n’avait pas porté sur les sanctions, une affirmation reprise publiquement par Mike Pence.

Sollicité pour savoir si le président Trump était au courant que Michael Flynn avait discuté des sanctions avec l’ambassadeur russe, le porte-parole Sean Spicer a été catégorique lundi : « Non, absolument pas. » Dès lundi, les démocrates au Congrès avaient réclamé le renvoi de l’ancien général pour ces accusations « ahurissantes », leurs collègues républicains optant pour le mutisme.

Une nomination controversée

Une certitude : les conseillers du président Trump ne se sont pas bousculés pour défendre Michael Flynn pendant le week-end. Ce n’est que lundi après-midi qu’une proche conseillère de Donald Trump a tenté de dissiper le malaise, assurant sur MSNBC que l’ancien soldat bénéficiait « de la confiance totale du président ».

L’un des inspirateurs des idées de Donald Trump sur les questions internationales, Michael Flynn, personnalité controversée, avait conseillé le président américain très tôt dans sa campagne électorale. Et sa nomination avait suscité des remous.

Dans le renseignement, beaucoup estimaient qu’il ne convenait pas à ce poste crucial, certains affirmant qu’il avait été retiré de la tête du renseignement militaire (DIA) après seulement deux ans pour cause de mauvaise gestion.

Entente entre Trump et Moscou ?

L’ancien général avait toujours défendu l’idée d’une relation plus proche avec la Russie. Et ces conversations privées avec l’ambassadeur russe avaient eu lieu alors que les États-Unis venaient de découvrir la possible ingérence de Moscou dans la campagne présidentielle américaine, afin de soutenir Donald Trump.

Le ministre de la Justice et le Congrès ont lancé des enquêtes distinctes sur de possibles liens entre des conseillers de la campagne Trump et Moscou. Et les agences américaines de renseignement ont d’ores et déjà conclu que le président russe Vladimir Poutine était lui-même intervenu pour interférer dans l’élection.

Dans leurs éditions de vendredi, les deux journaux américains avaient cité des responsables de la sécurité nationale, sans les identifier. Ceux-ci affirmaient que Michael Flynn avait laissé entendre à l’ambassadeur qu’il ne fallait pas trop s’inquiéter des nouvelles sanctions et que les relations s’amélioreraient après l’investiture le 20 janvier.

35 diplomates expulsés

À l’époque, Barack Obama avait décidé de sanctionner 4 personnalités et 5 entités et il avait aussi expulsé 35 diplomates russes. Lorsque l’existence de ces conversations téléphoniques avait fait surface au tout début de l’année, l’ancien général avait alors nié toute évocation des sanctions.

Mais Michael Flynn était finalement revenu vendredi sur ses propres dénégations, par la voix d’un porte-parole : « Bien qu’il ne se souvienne pas d’avoir parlé des sanctions, il ne peut être certain que le sujet n’a jamais été abordé. » La Maison-Blanche a fait savoir lundi que Michael Flynn avait présenté ses excuses au vice-président Pence.

 Publié le 14/02/2017 à 06:48 | Le Point.fr

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2 COMMENTAIRES

  1. LES FRANCOPHONES SUIVEZ LES EXEMPLE DE DIMISSION.FILLON LUI S’ACCROCHE .
    EN EFFET QT A FLYNN IL NE SAVAIT PAS QUE LES DEMOCRATES SONT A L’ECOUTE ?

    • “Certains diront que ces jeunes éduqués ne sont certes pas les mêmes que ceux qui votent Trump. Une autre statistique surprenante contredit ce fait: presque autant de citoyens de niveau college graduate blancs (soit, titulaires d’un master) ont voté Trump que Clinton (45 vs. 49%), et le chiffre du vote Trump dépasse le vote Clinton si l’on inclut les titulaires de l’équivalent d’une licence ! Autrement dit, des études longues et sophistiquées ne prémunissent pas contre le vote Trump, lequel apparemment constituerait plutôt pour les raisons susdites un choix d’ignorant.

      Plusieurs hypothèses sont imaginables pour expliquer ce paradoxe; la première consisterait à comparer le degré d’éducation des jeunes avec les positions sociales auxquelles ils peuvent prétendre: très probablement, à diplôme égal, les perspectives d’emploi lucratif ou symboliquement valorisé sont, en Occident, bien plus faibles qu’il y a quelques temps. Le résultat est une évidente frustration des individus concernés: avoir travaillé tout ce temps, et ne pouvoir obtenir mieux que ceux qui s’étaient beaucoup moins cultivés dans la génération précédente ! Et la frustration, c’est bien connu, engendre le vote

      L’autre hypothèse vient à l’esprit lorsque l’on pense aux études sur le conspirationnisme, ou sur le négationnisme – ou encore, curieusement, aux djihadistes. Dans tous les cas, contrairement à ce à quoi intuitivement on s’attendrait, le niveau d’éducation des personnes impliquées est au dessus de la moyenne.”

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