Et si l'ADN jouait en faveur de DSK…

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L’ADN de DSK a-t-il été identifié sur les vêtements de celle qui l’accuse d’agression sexuelle ? C’est ce qu’affirment plusieurs médias américains, tandis que les autorités locales se refusent à tout commentaire. Mais quels que soient les résultats des expertises scientifiques en cours et à venir, la force probante des traces génétiques n’est ni infaillible ni suffisante pour accuser un suspect.

Si l’ADN joue un rôle fondamental dans l’élucidation des affaires criminelles, elle ne se substitue pas pour autant à l’enquête. Cette preuve scientifique peut aussi bien disculper une personne et éviter ainsi une erreur judiciaire que l’accabler en présence d’éléments concordants. “Les traces que l’on pourrait retrouver sur les vêtements de la plaignante étayent et crédibilisent seulement la thèse selon laquelle il y a eu un contact”, précise Jean-Claude Magendie, ancien président du TGI de Paris. Bref, la biologie établit un lien direct entre un individu et le lieu des faits. Autrement dit, les traces génétiques nourrissent la certitude d’un contact. Celles retrouvées sur la robe de Monica Lewinsky avaient ainsi confondu l’ancien président américain Bill Clinton, l’affaire s’étant finalement soldée par une transaction avec le procureur sur la somme de 25 000 dollars.

Multiples interrogations

L’ADN ouvre un champ de questions sur la culpabilité d’un suspect : que s’est-il passé ? Y a-t-il eu un acte sexuel ? Lequel ? A-t-il été violent ? A-t-il été consenti ? Comment cela s’est-il déroulé ? Délicat exercice que d’y répondre. Car, si la fiabilité scientifique des traces génétiques est aujourd’hui éprouvée, reste à l’intégrer au faisceau des preuves qui seront présentées au jury. “Si on retrouve du sperme de DSK sur les vêtements de la plaignante, cela appuiera la thèse de la relation sexuelle, souligne l’avocat franco-américain Ron Soffer. Dans ce cas, le fait que DSK soit resté silencieux pendant sa garde à vue l’autorise maintenant à reconnaître une relation consentie. Cela ne détruira pas sa défense.”

L’ADN ne peut parler qu’en présence d’un dossier concordant. Plus le récit de la plaignante collera aux résultats des analyses génétiques, plus le dossier de culpabilité se renforcera. Et inversement. “Si par exemple la plaignante indique que son agresseur lui a serré les poignets, cela doit être corroboré par des traces de violence à cet endroit”, explique l’avocat général honoraire Jean-Claude Kross.

Protocole en accusation

La défense aura accès à tous les échantillons et pourra mettre en cause le sérieux du laboratoire qui a procédé aux analyses. L’objectif sera-t-il de démontrer que DSK n’était pas dans la chambre au moment des faits rapportés par la plaignante ? “C’est ce qu’avait fait O. J. Simpson pour semer le doute sur sa présence sur les lieux du crime, rappelle Frederick Davis, avocat aux barreaux de Paris et de New York. Il a essayé de démontrer que le laboratoire n’avait pas suivi le bon protocole.”

Le contexte de l’affaire DSK est toutefois différent. “Il y aura sans doute un débat sur les méthodes de prélèvement et de rapprochement employées, présume Julien Andrez, associé chez MBL avocats. Tout au long de l’enquête et jusqu’au procès, les examens doivent être réalisés sur des échantillons intègres. C’est ce qu’on appelle la chain of custody, et le simple risque d’altération d’échantillons permet à la défense de les contester. Si l’une des expertises venait à être écartée avant le procès, on peut s’interroger, en raison des fuites liées au contenu du rapport, sur le caractère équitable d’un tel procès.” D’où les dénégations du procureur après les affirmations de la presse américaine pour maintenir le caractère secret de ces expertises…

Le Point.fr – Publié le 24/05/2011 à 18:23


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