PROTESTATION- Les Espagnols sont descendus dans la rue, ce vendredi, pour protester contre la condamnation des dirigeants indépendantistes catalans pour leur rôle dans la tentative de sécession de 2017
Un demi million d’Espagnols ont défilé dans les rues de Barcelone, le 18 octobre 2019, pour manifester contre la condamnation des dirigeants indépendantistes catalans.
Un demi-million de personnes a défilé dans les rues de Barcelone, ce vendredi, pour protester contre les peines de prison infligées à des dirigeants indépendantistes catalans pour leur rôle dans la tentative de sécession de 2017, a annoncé la police municipale.
Les manifestations, marquées par la violence, se succèdent depuis une semaine en Espagne contre les peines de neuf à 13 ans de prison infligées à neuf indépendantistes dont plusieurs membres de l’ancien gouvernement régional destitué après la sécession avortée. Ce vendredi, jour de grève générale, 525.000 personnes, parties mercredi de cinq villes de la région, ont convergé dans la métropole pour cette manifestation monstre.
Monuments fermés, routes coupées, matchs reportés et usines à l’arrêt
Au cinquième jour des protestations contre les lourdes peines de neuf à 13 ans de prison infligées lundi à leurs dirigeants pour la tentative de sécession de 2017, les indépendantistes ont aussi organisé une grève générale dont les effets étaient manifestes dans la ville et dans cette riche région pesant un cinquième du PIB espagnol. A Barcelone, la célèbre basilique de la Sagrada Familia a dû fermer ses portes tandis que l’opéra du Liceu a annulé sa représentation vendredi. La majeure partie des stands du marché de la Boqueria, très prisé par les touristes, et de nombreux commerces étaient fermés.
Selon les autorités, 57 vols ont été annulés à l’aéroport, tandis que plusieurs routes ont été coupées, dont l’autoroute AP7 conduisant vers la France. Le constructeur automobile Seat a mis à l’arrêt son usine de Martorell près de Barcelone qui emploie plus de 6.500 personnes. Les troubles en Catalogne ont aussi entraîné le report par la fédération de football du « Clasico » du 26 octobre entre Barça et Real Madrid, une des rencontres les plus visionnées sur la planète. Les clubs devront fixer la nouvelle date de la rencontre.
La droite réclame des mesures exceptionnelles pour rétablir l’ordre
Cette journée de mobilisation a été précédée par une nouvelle nuit de violences à Barcelone. Des centaines de jeunes ont érigé jeudi soir des barricades enflammées et jeté des cocktails molotov sur les forces de l’ordre qui ont répliqué en tirant des balles en mousse. Mardi et mercredi, cette ville avait déjà vécu ces scènes de guérilla urbaine après de premiers heurts lundi au moment du blocus de l’aéroport par quelque 10.000 manifestants. Selon la police, plus de 110 personnes ont été interpellées depuis le début de la semaine dont 16 jeudi soir.
Nées de la frustration d’une partie de la base indépendantiste, deux ans après l’échec de la tentative de sécession de 2017, ces violences ont marqué un tournant pour le mouvement séparatiste qui s’est toujours targué d’être non-violent. A moins d’un mois des quatrièmes élections législatives en quatre ans en Espagne, ces troubles ont mis le gouvernement du socialiste Pedro Sanchez sous pression de la droite qui réclame des mesures exceptionnelles pour rétablir l’ordre. En Catalogne, la question de l’indépendance divise. D’après un sondage rendu public en juillet par le gouvernement régional, 44 % de la population y est favorable et 48,3 % opposée.
— LLUIS GENE / AFP