Invoquant l’article 155 de la Constitution, jamais encore utilisé, Mariano Rajoy a demandé au Sénat de lui confier la faculté de dissoudre le parlement catalan, afin de “convoquer des élections dans un délai maximum de six mois”.
M. Rajoy demande aussi que tout le gouvernement catalan présidé par Carles Puigdemont soit démis de ses fonctions, qui seront exercées “en principe par les ministères (nationaux) aussi longtemps que durera cette situation exceptionnelle”.
“Ni l’autonomie catalane ni la gouvernance autonome ne sont suspendues”, a affirmé Mariano Rajoy, pour tenter de rassurer des Catalans très attachés à leur utonomie récupérée après la fin de la dictature de Francisco Franco en 1975.
Il s’agit seulement selon lui de destituer “les personnes qui ont placé ce gouvernement hors la loi”, en faisant voter des lois contraires à la constitution espagnole et au statut d’autonomie de la Catalogne.
Ces mesures doivent être approuvées au Sénat, fin octobre, où le parti du Premier ministre est majoritaire. Il s’est assuré de l’appui du parti socialiste (PSOE), principale force d’opposition, et des centristes de Ciudadanos, et o.
Mariano Rajoy prétend revenir à la légalité en Catalogne, rétablir la coexistence dans une communauté qui s’est déchirée depuis des mois sur la question de l’indépendance, et préserver le redressement économique dans une des régions les plus riches d’Espagne.
Le gouvernement séparatiste de Catalogne n’a pas laissé à Madrid d’autre choix, selon lui. “Le gouvernement a été obligé d’appliquer l’article 155 de la Constitution. Ca n’était ni notre souhait, ni notre intention”, a-t-il expliqué.
– Risque de mobilisation populaire –
Carles Puigdemont doit faire une déclaration à 21H00 (19H00 GMT), selon un porte-parole officiel de la Generalitat, le gouvernement catalan.
L’ambiance est tendue en Catalogne, où une manifestation est prévue à 17H00 (15H00 GMT) à Barcelone pour réclamer la libération de deux leaders indépendantistes emprisonnés pour sédition.
La mobilisation populaire risque d’être importante avec l’annonce de la destitution du gouvernement régional en place depuis 2016.
“Tout cela va rentrer dans l’ordre, sans faire davantage de tort à qui que ce soit”, a assuré Rajoy.
La veille, le roi d’Espagne avait affirmé que l’Etat saurait faire face à cette “tentative inacceptable de sécession (…) avec ses institutions démocratiques légitimes” alors que le pays traverse la pire crise depuis la fin de la dictature de Francisco Franco en 1975.
M. Puigdemont et son cabinet indépendantiste affirment avoir un mandat pour faire sécession, après avoir organisé un référendum d’autodétermination interdit par la justice, un processus déclenché en novembre 2015 avec pour objectif d’instaurer une république indépendante au plus tard en 2017.
D’après eux, plus de deux millions de Catalans, soit 43% de l’électorat, ont voté à 90% oui à l’indépendance malgré des interventions parfois violentes de la police pour les en empêcher.
L’aile dure de la coalition pousse Carles Puigdemont à consommer la rupture mais cet ancien journaliste de 54 ans temporise devant l’impact économique de la crise et le manque d’appuis à l’étranger.
La France et l’Allemagne ont fermement condamné ses efforts en vue de la sécession et l’UE répète qu’elle ne reconnaîtra pas l’indépendance de la Catalogne, qui quitterait automatiquement l’Union.
Vendredi, le président du Parlement européen Antonio Tajani avait dénoncé avec virulence ceux qui “sèment la discorde (et) ignorent volontairement les lois”, dans une allusion transparente aux dirigeants catalans qui défient l’Etat depuis deux ans.
Emmenées par les deux plus grandes banques catalanes, Caixabank et Sabadell, près de 1.200 entreprises ont transféré leur siège social hors de Catalogne, les investissements sont suspendus et les réservations d’hôtel chutent dans la région la plus touristique d’Espagne.
(©AFP / 21 octobre 2017 15h16)