Le président Recep Tayyip Erdogan a vivement critiqué l’administration américaine qu’il a accusée d’avoir tenté d’arracher des noms de l’homme d’affaires turco-iranien emprisonné Reza Zarrab.
Zarrab a été arrêté à Miami en mars 2016 dans le cadre d’une enquête sur la violation des sanctions américaines contre l’Iran. Mehmet Hakan Atilla, directeur général adjoint de Halkbank en Turquie, a également été arrêté aux États-Unis dans le cadre de la même enquête en mars 2017.
Erdogan a déclaré que ces arrestations visaient directement la Turquie. Zarrab est surtout connu pour avoir été l’homme clé dans les enquêtes anti-corruption qui avaient éclaboussé Erdogan et son entourage en décembre 2013. « Ils le poussent [Zarrab] dans ses retranchements et veulent faire de lui un informateur ».
« Nous suivons cela. Nous savons comment remuer le monde lorsque tous ces problèmes seront résolus. Nous allons tout dire », a poursuivi Erdogan de manière sibylline.
Très engagé dans la libération de celui qui connait le système financier mis en place par la Turquie pour contourner les sanctions américaines contre l’Iran, Erdogan n’a de cesse d’évoquer ce dossier à chaque entretien avec les autorités américaines. Récemment, l’ancien procureur de New York, à l’origine de l’arrestation de Zarrab, Preet Bharara avait évoqué le rôle du président turc dans son débarquement par Donald Trump.
Le journaliste David Ignatius avait révélé dans une chronique le 12 octobre que Erdogan avait passé la moitié de sa rencontre de 90 minutes avec le vice-président Joe Biden le 21 septembre 2016 à évoquer le cas de Reza Zarrab. « L’épouse d’Erdogan [Emine Erdoğan] a plaidé l’affaire cette nuit-là à Jill Biden [épouse de Biden]. Le ministre de la Justice de l’époque, Bekir Bozdag, a rendu visite au procureur général de l’époque, Loretta E. Lynch, en octobre pour affirmer que l’affaire était fondée sur aucune preuve et que Zarrab devrait être libéré », avait ajouté le journaliste.
Le 6 septembre, un tribunal de New York a lancé un mandat d’arrêt contre Zafer Caglayan, ancien ministre turc de l’Economie, et Süleyman Aslan, ancien directeur général de Halkbank.
En 2013, Erdogan avait repoussé les accusations de corruption en évoquant l’existence d’une « structure parallèle » composée de sympathisants du Hizmet, ce mouvement initié par Fethullah Gülen, qui voulait sa perte. La justice turque, remodelée, avait enterré toutes les investigations jusqu’à ce qu’elles rejaillissent aux Etats-Unis. Depuis, le Hizmet est également accusé d’avoir fomenté la tentative de coup d’Etat du 15 juillet 2016.