Mohamed Ould Abdel Aziz a accordé à RFI son premier entretien exclusif depuis son départ du pouvoir en août 2019. L’ancien président mauritanien est au centre du rapport d’une commission d’enquête parlementaire qui a révélé un ensemble de malversations financières durant sa gestion du pays entre 2008 et 2019. Il réfute en bloc toutes les accusations de mauvaises gestions émanant de cette commission composée de ses opposants au sein de l’Union pour la République (le parti au pouvoir).
RFI : Comment vous sentez-vous après ce long séjour dans les locaux de la sûreté nationale ?
Mohamed Ould Abdel Aziz : Je n’ai pas de problèmes particuliers à soulever ici. J’ai été appelé par la direction centrale chargée des crimes économiques, je suis resté sept jours durant lesquels j’ai été interrogé à trois reprises durant cinq minutes à dix minutes et c’est tout. J’ai tenu à ne pas répondre à ces interrogatoires parce que j’estime que cette procédure [est] une procédure illégale c’est la raison pour laquelle je n’ai pas réellement voulu collaborer avec cette Commission d’enquête. Durant mon séjour effectivement, j’ai vécu des moments très difficiles tout à fait au départ qui ont été corrigés par la suite.
Depuis votre départ du pouvoir, il y a eu cette Commission d’enquête qui a été mise en place – commission d’enquête parlementaire, et son rapport vous a épinglé dans plusieurs secteurs. Le rapport affirme que vous avez permis à certaines personnalités de s’enrichir et qu’il y a eu des marchés attribués de façon illégale ?
D’abord ce qui a été soulevé par ce rapport ne peut pas être une responsabilité directe touchant directement le chef de l’État, quand bien même il y a eu des écarts qui ont été relevés. Ce que je ne peux pas affirmer ni confirmer… toujours est-il que toutes les procédures ont été suivies dans l’attribution de tous les marchés cités, et de ce fait on ne peut pas engager la responsabilité du chef de l’État dans la gestion des affaires courantes des départements. Les dires de certains ne peuvent pas aussi l’impliquer. La Constitution là-dessus est très claire, l’article 93 de notre Constitution est clair, le chef de l’État, le président de la République ne peut être interpellé ou ne peut être jugé que pour haute trahison. Seule la Haute cour peut le juger, et seule l’Assemblée nationale dans sa majorité absolue peut l’accuser.
Dans ce rapport on dit aussi que vous avez permis à votre entourage immédiat de s’enrichir, on a même cité certains membres de la famille et votre gendre Mohamed Ould Mboussabou ?