En réponse aux bombardements des forces de l’OTAN contre les installations libyennes, la Coalition malienne de soutien au colonel Mouammar Kadhafi annonce des actions fortes pendant ce mois de ramadan. Elles visent à s’attaquer aux intérêts des pays acteurs de la crise. L’annonce a été faite ce samedi 30 juillet au cours du meeting de soutien organisé par l’Union des jeunes musulmans du Mali de la commune I, (UJMA).
Ce meeting a réuni sur le terrain municipal de Korifina-Nord, plusieurs manifestants de couches socioprofessionnelles diverses. Face à la multiplication des frappes des avions des forces de la coalition contre la Libye, les manifestants ont opposé des slogans hostiles à l’Occident. Une hostilité qui s’est véritablement manifestée par la mise à feu du drapeau français. Sur le boulevard de Djélibougou (aussi appelé route de Koulikoro) les manifestants ont bloqué la circulation pendant plusieurs instants, avant de brûler le drapeau de la France. Celle-ci est considérée à leurs yeux, comme l’instigatrice principale de l’invasion de la Libye par les forces de la coalition. Pour les manifestants, l’adoption en mars dernier de la résolution 1973, ordonnant des frappes de l’OTAN « contre les installations militaires » de Kadhafi est, le témoignage de « l’arrogance manifeste des Occidentaux contre le continent africain ».
En décidant de s’attaquer à un des symboles forts de la République de France, les participants au meeting de soutien à Kadhafi entendaient exprimer la violente manifestation de colère qu’ils éprouvent face à qu’ils considèrent comme « une agression injustifiée ».
« Un Africain, un musulman à soutenir »
L’Union des jeunes musulmans du Mali de la commune I, qui a réaffirmé son soutien au peuple libyen et à Kadhafi, exige l’arrêt immédiat des bombardements et privilégie une solution pacifique dans la résolution de la crise. Pour le président de l’UJMA, « Kadhafi est un panafricaniste, un musulman que ses frères doivent soutenir ». Rappelant les « actions humanitaires posées par celui-ci, Mohamed Cissé a salué l’ambition de Kadhafi qui est d’ « unir les peuples d’Afrique » à travers l’Unité africaine, l’unité monétaire et le marché unique. « Cette ambition, regrette-t-il, est en train de s’effondrer du fait de la volonté des puissances occidentales qui ont peur de la marche de l’Afrique vers son destin que certains de ses leaders tentent de dessiner ». Le paiement des salaires de plus de 650 maitres coraniques, la construction de la Cité ministérielle, le rôle joué dans l’acquisition par le Mali d’une télévision publique, la construction de la mosquée de Ségou, les nombreux investissements économiques dans notre pays qui ont crée des emplois pour des centaines de familles etc. constituent aux yeux de l’UJMA, des faits qui démontrent le caractère panafricaniste et humanitaire de Kadhafi.
Pour les manifestants, la guerre est loin d’être terminée, et les soutiens se multiplieront dans les jours à venir. C’est ainsi que le représentant de la Coalition malienne de soutien à Kadhafi au Mali, représenté au meeting par Issa Diarra, a annoncé « des actions fortes ». Ces actions, annonce-t-il pendant ce mois de ramadan, viseront les ressortissants des principaux pays acteurs de la guerre contre la Libye. « Préparez-vous à la Djihad, et rien ne nous arrêtera. Kadhafi est un Africain comme nous, c’est un musulman comme nous. Nous devons le soutenir dans cette épreuve difficile. Il n’est question pour nous de prendre des armes contre qui que ce soit. Mais nous exigerons de nos gouvernants, le rappel des représentants diplomatiques de ces pays qui sont actuellement sur notre territoire » ont déclaré Mohamed Cissé et Issa Diarra. Pour eux, « une longue croisade » s’annonce.
« Ils veulent piller la Libye après l’Irak et l’Afghanistan »
Au cours de ce meeting, les manifestants ont exhibé des slogans hostiles aux Occidentaux, notamment à l’endroit des présidents Barack Obama, Nicolas Sarkozy et le Premier ministre David Cameron. Dans une déclaration rendue publique, le président de l’UJMA a estimé injustifiée la guerre en Libye. Selon Mohamed Cissé, le mobile avancé par la France, la Grande Bretagne et les Etats unis, ne tient pas la route. Pour lui, on explique la guerre en Libye par la longévité de Mouammar Kadhafi au pouvoir. Or, argue le leader des jeunes musulmans, l’Arabie Saoudite ou encore les Emirats arabes unis, n’ont jamais connu d’alternance depuis la création de leurs Etats respectifs. Pourquoi alors c’est Kadhafi qu’on doit chasser obligatoirement du pouvoir ? S’interroge Mohamed Cissé. Qui regrette la politique de deux poids deux mesures de l’ONU normalisée, selon lui, depuis des décennies. Pour le président de l’UJMA, l’objectif des Occidents est sans équivoque dans cette aventure. « L’action de l’OTAN, dénonce-t-il, n’était nullement destinée à protéger les populations civiles libyens, mais, dira-t-il, de s’emparer des immenses richesses pétrolières de ce pays, et à se le partager comme en Irak et en Afghanistan ». Selon M. Cissé, il n’y a pas de doute que nous assistons au danger d’une agression coloniale perfide et criminelle contre un peuple souverain, et le prélude à d’autres agressions contre d’autres peuples d’Afrique ». Après la Libye, à qui le tour ? S’interroge-t-il. Avant d’ajouter que la guerre en Libye, transgresse les principes sacrés de la non-ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat. « On doit laisser l’Afrique aux Africains. Et c’est aux Africains de résoudre leurs problèmes et non pas aux occidentaux qui ne sont mus que par des intérêts égoïstes » a déclaré le président de l’UJMA qui en appelle à la vigilance face à ce qu’il qualifie d’une autre forme de colonisation.
Issa Fakaba Sissoko