En Guinée, un opposant condamné à 18 mois de prison pour « outrage » au président Condé

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L'ex chef de l’Etat guinéen, président en exercice de l’Union africaine, Alpha Condé, devant l’Elysée, le 21 novembre 2013. CRÉDITS : REMY DE LA MAUVINIERE / AP

Ibrahima Sory Camara, membre du parti de Cellou Dalein Diallo, avait tenu des propos jugés diffamatoires sur les réseaux sociaux.

Un tribunal de Conakry a condamné, lundi 9 avril, à dix-huit mois de prison ferme un responsable du principal parti d’opposition guinéen, Ibrahima Sory Camara, pour « outrage, injures et diffamation » à l’encontre du président Alpha Condé.
Il avait été arrêté le 22 mars sur ordre du parquet pour des propos tenus quelques jours auparavant sur les réseaux sociaux lors d’une période de forte tension entre le pouvoir et l’opposition, qui contestait les résultats des élections locales du 4 février.

La juge Djénabou Donghol Diallo a déclaré M. Camara coupable de « diffamation » et d’« outrage » envers le chef de l’Etat, le condamnant « à dix-huit mois d’emprisonnement ferme et 2 millions de francs guinéens [environ 180 euros] d’amende », ainsi qu’à verser « 1 franc symbolique à titre de dommages et intérêts » à M. Condé.

A l’audience, le 4 avril, le procureur Aly Touré avait requis deux ans de prison contre le prévenu, un responsable du principal parti d’opposition, dirigé par l’ex-premier ministre Cellou Dalein Diallo, l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG).

Les avocats de la défense ont aussitôt annoncé qu’ils allaient faire appel de cette décision, qualifiée de « fantaisiste » par l’un d’entre eux, Me Salifou Béavogui. Son confrère, Me Alsény Aïssata Diallo, s’est également dit « surpris ». « C’est une affaire purement analysée sous l’angle politique et puisqu’il y a une juridiction de censure, elle va purement et simplement annuler cette décision », a-t-il assuré.

« Recruter des loubards »
Dans un communiqué daté du 20 mars, le procureur avait affirmé qu’Ibrahima Sory Camara avait tenu « des propos injurieux » envers M. Condé. Selon ce texte, l’opposant aurait également assuré que lors d’une réunion tenue au palais présidentiel, en présence du chef de l’Etat, « il [aurait] été décidé de recruter des loubards moyennant de fortes sommes pour s’attaquer aux six grands marchés de Conakry à l’effet de piller les biens des citoyens ».

Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo ont conclu le 2 avril un accord pour résoudre le contentieux sur les résultats des élections locales et mettre fin aux manifestations qui ont fait une quinzaine de morts dans le pays en deux mois.

 

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