En Gambie, où a lieu jeudi une présidentielle, les électeurs ne votent pas avec un bulletin imprimé classique déposé dans une urne, mais avec une bille déposée dans un bidon en fer, méthode originale qui permet aux nombreux illettrés d’exprimer leur choix.
“Notre système de vote est très original dans ce sens que nous n’utilisons pas de bulletin ni d’urne, mais à la place nous utilisons le bidon de vote et la bille”, explique le responsable des opérations électorales, Sambousang Njie. Trois bidons de couleurs différentes, équipés d’un tube dans laquelle est introduite la bille, sont installés dans les 1.301 bureaux de vote du pays, un pour chaque candidat, le président sortant Yahya Jammeh, assuré d’être réélu, et ses deux opposants, Ousaino Darboe et Hamat Bah. Bidon vert pour Jammeh, jaune pour Darboe et bleu ciel pour Bah. Sur chacune de ces urnes particulières, une photo du candidat et son emblème. Une bille est donnée à l’électeur qui se présente pour accomplir son devoir électoral dans un espace clos où se trouvent les trois bidons. Il met la bille dans celui de son choix et, pour éviter qu’il ne vote plusieurs fois, une sonnette de bicyclette placée en bas du tube sonne au passage de la bille qui tombe au fond du bidon recouvert de sable. Et afin qu’on ne puisse confondre les bruits, les bicyclettes sont interdites dans un rayon de 500 mètres autour du lieu de vote… Pour des raisons de sécurité, M. Njie refuse de dévoiler le nombre de billes utilisées, ni d’où elles viennent, mais il se dit très largement en Gambie qu’en 2002, Taïwan en avait offert quelque 1,5 million. La Gambie demeure l’un des rares pays africains à ne pas entretenir de relations avec la Chine. Alors que les pays pauvres, en particulier en Afrique, dépensent des sommes colossales pour faire imprimer, le plus souvent à l’étranger, des bulletins de vote et faire fabriquer des urnes en plastique, “ce type de vote est économique”, note le chef des opérations électorales. “Vous pouvez utiliser ce matériel indéfiniment et cela rend impossible le bourrage d’urnes”, selon lui.