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Blaise Compaoré, photographié le 26 juillet 2014 au palais présidentiel burkinabè.
AFP PHOTO/ SIA KAMBOU[/caption]
Ce jeudi 30 octobre au matin, les députés du Burkina Faso devaient examiner le projet de loi portant sur la révision de la Constitution permettant une nouvelle candidature du président Blaise Compaoré après 2015. Sous la pression, le vote a été annulé. Trop tard : avant le début de la séance, des manifestants avaient réussi à pénétrer dans l’enceinte du Parlement et des affrontements mortels ont eu lieu par la suite dans le pays. Le président, qui s'est exprimé en fin de soirée, a refusé de démissionner malgré les demandes pressantes de l'opposition. Il se déclare en revanche ouvert à l'idée d'un gouvernement de transition et promet de remettre le pouvoir au prochain président élu.
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23h39 : Sur RFI, notre correspondant à Ouagadougou Yaya Boudani fait le point sur la situation. Il parle de « confusion totale ». « Quand on lit les déclarations, il y a certaines contradictions, relate-t-il. L’armée parle de " couvre-feu ", tandis que dans la déclaration du président Compaoré, on ne parle pas de couvre-feu mais de l’annulation de l’état de siège. Le chef d'état-major ne dit pas qui va gérer cette transition, il ne répond pas à cette question. Puis le président Compaoré dit assurer la transition. »
Conclusion : « On ne sait plus qui gère quoi. L’armée va-t-elle gérer la transition et mettre en œuvre tout ce qui a été annoncé par l’état-major ? Ou est-ce le président Compaoré qui va gérer les affaires jusqu’à la fin de cette transition ? » Alors que la rue et l’opposition exigent toujours la démission de M. Compaoré.
Hypothèse : « On va visiblement vers un bras de fer, car nous avons eu avant la déclaration du président Compaoré certains membres de la société civile qui ont rencontré le président dans la matinée au palais présidentiel, et ils ont assuré avoir dit clairement au président de faire une adresse à la nation, dans laquelle il annonce son départ pur et simple. »
23h30 : Comment réagit l'opposition au discours du chef de l'Etat ? Bénéwendé Sankara, de l'Union pour la renaissance-Parti sankariste (Unir-PS), s'exprime sur RFI. « Vraiment ridicule », lance-t-il. « Blaise Compaoré n'a pas encore appris la leçon. Je crois qu'il est en train de ruser avec le peuple burkinabè. Nous attendions un message où il allait dire qu'il avait compris et rendait sa démission pour soulager le peuple, mais là, Blaise Compaoré veut purement et simplement avoir du temps. »
Et de tancer : « Je crois que la contradiction qui a existé entre les déclarations de ses généraux et lui-même dénote du fait que le président n'a plus d'autorité. (...) Blaise Compaoré doit purement et simplement tirer les leçons. Mais s'il ne comprend pas, il nous invite une fois de plus à continuer la mobilisation, notre détermination, pour l’obliger, cette fois-ci je dis bien " l'obliger ", à partir du pouvoir. »
22h25 : Extraits de la déclaration de Blaise Compaoré à la télévision : «
Les manifestations violentes qui ont endeuillé et plongé notre peuple dans la stupeur n’honorent pas le pays des hommes intègres, mais j’ai entendu le message, je l’ai compris et pris la juste mesure des fortes aspirations de changement. Aussi, voudrais-je présenter mes condoléances les plus attristées aux familles éplorées et souhaiter un prompt rétablissement aux nombreux blessés. »
«
J’appelle les forces de l’ordre et l’ensemble des manifestants au respect de l’intégrité physique de tous les citoyens ainsi qu’au respect des biens publics et privés. Je demeure convaincu que le dialogue constructif pourra permettre à notre peuple de retrouver sa quiétude d’antan et regarder l’avenir avec assurance. En ce qui me concerne, je reste disponible à ouvrir avec vous des pourparlers pour une période de transition à l’issue de laquelle je transmettrai le pouvoir au président démocratiquement élu. En vue du rétablissement de ce dialogue, j’ai décidé de retirer le projet de loi contesté et de procéder à son annulation. »
«
Pour permettre à chacune des parties, l’opposition politique, la société civile et la majorité de renouer le fil du dialogue dans la sérénité, je décide ce qui suit : le gouvernement est dissout ; à compter de ce jour, 30 octobre, je déclare annulé l’état de siège sur toute l’étendue du territoire national. J’exprime ma reconnaissance à tous ceux qui ont cru en moi et qui ont sacrifié de leur bien et quiétude. Ma reconnaissance va aussi à l’opposition pour l’attitude républicaine de ses dirigeants. »
Le texte complet est disponible ici.
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21h50 : Le président burkinabè a pris la parole sur la chaine de télévision Canal 3. Blaise Compaoré n'a pas démissionné ; il assure qu'il restera en poste jusqu'à la fin de son mandat. Le chef de l'Etat appelle à des pourparlers avec les acteurs politiques et invite à un gouvernement de transition à la fin duquel il annonce qu'il transmettra le pouvoir au président démocratiquement élu. Le chef de l'Etat annonce par ailleurs la levée de siège sur toute l'étendue du territoire national. Et de saluer l'attitude républicaine des forces de l'ordre et de l'opposition politique.
21h20 : Réécouter l’édition spéciale du jeudi soir 30 octobre sur les antennes de RFI.
21h17 : Des scènes de pillages ont été observées à Ouagadougou, rapporte notre envoyée spéciale Maureen Grisot.
20h50 : Les manifestants de la place de la Nation, à Ouagadougou, entendent passer la nuit dehors malgré le couvre-feu. Selon un journaliste burkinabè présent sur place, «
ils resteront dans la rue tant que Blaise n'aura pas démissionné ». Pour l'opposition et les manifestants, les décisions annoncées par le chef d'état-major ne sont pas suffisament précises quant à l'avenir du président, qui ne s'est toujours pas exprimé.
20h15 : Sur son site internet, l'hebdomadaire
Jeune Afrique publie une lettre de François Hollande, datée du 7 octobre et adressée à Blaise Compaoré. Le chef de l'Etat français écrit que le Burkina Faso pourrait être «
un exemple » s'il évitait «
les risques d'un changement non consensuel de Constitution ».
Plus d'informations sur le site du magazine.
20h10 : A Bobo Dioulasso, les manifestants sont toujours à la recherche de partisans du CDP, le parti au pouvoir, allant de maisons en maisons pour les retrouver, y mettant parfois le feu. Dans les violences de la journée, il y aurait eu cinq morts selon Idrissa, un professeur de lycée de la ville contacté par RFI. «
A l'heure où je vous parle, les gens ne sont toujours pas totalement rentrés (...) Mais ce n'est plus comme ce matin, ça s'est un peu calmé », relate-t-il.
19h55 : Adama Sosso, député de l'UPC (opposition), sur RFI : «
Nous avons une certitude : si le président refuse de partir, nous donnerons cette fois-ci d'autres mots d'ordre qui l'obligeront. Et là, je vous garantis que ce ne sera pas la chose la plus facile, ni pour lui, ni pour nous. Mais nous arriverons au bout de notre lutte, parce qu'il n'est plus question qu'on recule, il n'est plus question d'un gouvernement d'union nationale. »
19h40 : Notre correspondant à Ouagadougou Yaya Boudani rapporte qu'à la question de savoir si la transition se ferait avec ou sans le président Compaoré, et si ce dernier restait chef de l'Etat, le chef d'état-major de l'armée n'a pas répondu. «
Personne ne sait ce qu'il va faire, ou dire », confie notre correspondant. Selon notre envoyé spécial Frédéric Garat, le président pourrait rapidement prendre la parole.
19h10 : Lors d'une conférence de presse, le chef d'état-major des armées Gal Honoré Traoré a décrété la dissolution de l'Assemblée nationale, l'installation d'un organe de transition pour diriger le pays, et a informé la population qu'un couvre-feu était désormais en vigueur de 19h (TU) à 6h du matin (TU) dans l'ensemble du pays. Le général Traoré explique que l'équipe de transition sera installée, dans le cadre de consultations avec tous les partis politiques, pour une durée de 12 mois maximum, le temps que l'ordre constitutionnel soit rétabli. Mais il ne précise pas qui en prendra la tête.
19h10 : Des milliers de personnes sont amassées place de la Nation à Ouagadougou. L'opposition a appelé la population à prolonger l'occupation de l'espace public. Sur place, notre envoyée spéciale Maureen Grisot a pu s'entretenir avec Roch Marc Christian Kaboré , pour qui «
la lutte va continuer ».
19h05 : Un personnage a émergé ce jeudi 30 octobre dans les manifestations à Ouagadougou : le général en retraite Kouamé Lougué. Des dizaines de milliers de manifestants ont scandé son nom. Kouamé Lougué a lui-même été chef d'état-major des armées et ministre de la Défense, avant d'être limogé par le président Compaoré en 2003.
Cliquer ici pour plus d'explications.
19h00 : Notre envoyé spécial Frédéric Garat, qui se trouve au siège de l'opposition, rapporte que les leaders de cette dernière ont redit à l'armée que le président Compaoré avait épuisé tous ses recours. Ils parlent d'un «
entêtement » de sa part. L'opposition a réitéré son exigence au chef d'état-major de l'armée burkinabè : une démission immédiate et sans condition du président.
18h47 : L'opposition burkinabè maintient son appel à la désobéissance civile. Au siège de la coordination, à Ouagadougou, Zéphirin Diabré a lu une déclaration évoquant, au sujet de la tentative de modification constitutionnelle, une «
mesure scélérate » et «
inoportune ». Le siège décrété par le président Compaoré est jugé «
inacceptable ». Le peuple est invité à manifester sa désapprobation.
18h35 : Notre envoyée spéciale à Ouagadougou, Maureen Grisot, a pu s'entretenir avec des manifestants. Parmi eux, la détermination domine encore, explique-t-elle, évoquant un sentiment de «
raz le bol ». Avec la dissolution du gouvernement annoncée plus tôt, et l'installation d'un gouvernement de transition, ils estiment que le président Compaoré a lâché du lest, mais que ce geste ne sera pas suffisant. Conscients de leur force, après la réception d'une délégation des leurs par le chef de l'Etat en personne cet après-midi, ils continuent de réclamer le départ de ce dernier.
18h25 : Quelque 3 500 ressortissants français résident au Burkina Faso. Aucun plan d'évacuation n'a été décidé. Sur place, les ressortissants français sont invités à rester chez eux et à contacter l'ambassade de France pour se tenir informés de l'évolution de la situation sécuritaire. Un numéro burkinabè est à leur disposition 24 heures sur 24 : 50 49 66 20.
18h15 : De source diplomatique, les violences de la journée auraient fait une vingtaine de morts et une quarantaine de blessés dans le pays.
17h35 : Déclaration sur RFI de Sébastien Brabant, porte-parole de la chef de la diplomatie de l'Union européenne : «
Nous sommes évidemment très préoccupés par la situation actuelle et par les informations faisant état de victimes à la suite des violentes manifestations de la journée. Mais maintenant que la proposition de loi sur la révision de la Constitution a été retirée, l'Union européenne appelle toutes les parties à s'abstenir de recourir à la violence et à engager rapidement un dialogue constructif. Evidemment, l'Union européenne est prête à intervenir pour faciliter le processus. »
17h30 : Le président Blaise Compaoré annonce la dissolution du gouvernement et décrète l'état de siège dans le pays. Le chef de l'Etat souhaite par ailleurs ouvrir des négociations avec l'opposition, selon un communiqué lu par la radio Omega FM.
17h05 : Mohamed Ibn Chambas, l'émissaire de l'ONU, est attendu au Burkina Faso vendredi, au sein d'une mission de paix conjointe avec l'Union africaine et à la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao).
Consulter le communiqué sur le site de l'UA (anglais).
16h27 : Les Nations unies annoncent l’envoi d’un émissaire à Ouagadougou dès ce jeudi. Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon «
suit avec une grande inquiétude la détérioration de la situation au Burkina Faso », précise son porte-parole Stéphane Dujarric.
15h30 : Une délégation de manifestants est partie, en compagnie du chef d’état-major particulier de Blaise Compaoré, le général Diendéré, vers le palais présidentiel officiellement pour rencontrer le chef de l’Etat.
15h05 : L’autre envoyé spécial de RFI, Frédéric Garat, est au siège de l’opposition burkinabè. Il précise que tous les leaders du mouvement sont présents, signe du début des grandes manœuvres. Des diplomates, et notamment l’ambassadeur de France, se sont aussi rendus au siège de l’opposition pour échanger avec les responsables politiques.