La police birmane a fait usage, lundi, de canons à eau pour disperser des manifestants dans la capitale Naypyitaw, alors que des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées pour une troisième journée consécutive à travers le pays pour dénoncer le coup d’État militaire de la semaine dernière.
La foule ne décolère pas en Birmanie. Des manifestations massives ont eu lieu, lundi 8 février, pour la troisième journée consécutive pour protester contre le coup d’État qui a renversé Aung San Suu Kyi. Plusieurs dizaines de milliers de personnes, d’après diverses estimations, étaient rassemblées à Rangoun, la capitale économique.
“Nous n’allons pas travailler même si notre salaire va baisser”, a déclaré à l’AFP Hnin Thazin, salariée dans une usine de confection, répondant à l’appel à la grève générale lancé par les contestataires. “Je ne veux pas de la dictature”.
D’autres ouvriers ont rejoint le mouvement ainsi que des moines en robe safran, des avocats, des étudiants, et des infirmières agitant des drapeaux rouges aux couleurs de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), le parti d’Aung San Suu Kyi, détenue au secret depuis lundi. “Libérez nos dirigeants”, “respectez nos votes”, “rejetez le coup d’État”, pouvait-on lire sur des banderoles.
Canons à eau contre les manifestants dans la capitale
Des manifestations se tenaient également dans de nombreuses autres villes du pays, de nombreux habitants défilant sur leurs deux-roues dans un concert de klaxons, comme à Tangû, à 300 kilomètres au nord de Rangoun.
À NayPyidaw, la capitale, les forces de l’ordre ont fait usage de canons à eau contre des manifestants, selon des journalistes de l’AFP. Deux personnes ont été blessées, d’après cette source, tandis que des images diffusées sur les réseaux sociaux montraient deux protestataires à terre après avoir été visés par les canons.
La veille, les manifestations se sont déroulées sans incident majeur. “Révolution lundi dans tout le pays contre la dictature”, avaient lancé, dimanche, les protestataires, appelant à “la grève générale”. Des dizaines de fonctionnaires avaient déjà cessé le travail la semaine dernière, en signe de protestation.
Connexions internet rétablies mais VPN pour accéder à Facebook
Ce vent de fronde est inédit en Birmanie depuis le soulèvement populaire de 2007, violemment réprimé par l’armée. Pour l’heure, les généraux putschistes n’ont pas fait de commentaires sur les manifestations.
Ils ont mis fin, le 1er février, à une fragile transition démocratique, en instaurant l’état d’urgence pour un an et en arrêtant Aung San Suu Kyi ainsi que d’autres dirigeants de la LND.
Depuis, plus de 150 personnes – députés, responsables locaux, activistes – ont été interpellées et sont toujours en détention, selon l’AAPP.
Les connexions internet ont été partiellement rétablies, dimanche, après avoir été très perturbées pendant 24 heures. Les données mobiles ont aussi été restaurées, a fait savoir le Norvégien Telnor, l’un des principaux fournisseurs d’accès du pays. L’accès à Facebook, outil de communication pour des millions de Birmans, restait en revanche restreint lundi. Beaucoup détournaient la censure en utilisant des VPN, outils qui permettent de contourner les restrictions géographiques.
Avec AFP et Reuters