VIDÉO. L’ancien ministre de l’Économie s’est déclaré candidat à la présidentielle 2017 au nom de son mouvement En marche !. Pourquoi maintenant ?
C’est un faux suspense qui a pris fin ce mercredi matin au Campus des métiers et de l’entreprise de Bobigny. Emmanuel Macron s’est déclaré candidat à la présidentielle de 2017, en dehors du PS, au nom de son mouvement En marche !, lancé le 6 avril 2016 à Amiens. Il sera jeudi et vendredi en déplacement dans les Bouches-du-Rhône, à Marseille et aux Pennes-Mirabeau, pour un premier déplacement de candidat, sur le thème de l’enseignement supérieur. Il visitera aussi une caserne de pompiers et tiendra une réunion publique. Son premier grand meeting aura lieu à Paris le 10 décembre.
Il était temps. Depuis deux mois et demi et sa démission fracassante du gouvernement, Macron se comportait déjà comme un candidat à la présidentielle. Trois grands meetings au mois d’octobre, des interviews dans la presse pour parler de son projet pour la France… Il s’est même installé cette semaine dans un immense QG dans le 15e arrondissement de Paris.
« Même Mélenchon a plus d’argent que lui ! »
En réalité, l’ancien secrétaire général adjoint de l’Élysée pensait pouvoir tenir plus longtemps sans se déclarer. À 38 ans, ce novice concentre déjà les attaques de tous les camps, il craint que son statut de candidat « officiel » n’excite encore plus ses opposants. Mais les pressions étaient trop fortes. Celle du calendrier, d’abord. À l’approche de la primaire de la droite et du centre, dont le premier tour se déroule dimanche, il ne veut pas laisser la partie assez volatile de l’électorat du centre gauche s’échapper vers – et s’accrocher à ! – Alain Juppé, en cas de victoire de ce dernier. Ensuite, une déclaration de candidature avant l’annonce de François Hollande de se présenter ou pas, qui doit intervenir dans les quinze premiers jours de décembre, le libère définitivement de cet imposant mentor.
Il y a la pression de l’argent, ensuite. Emmanuel Macron vient de créer son parti. En France, pas d’élus, pas de subventions. « Même Mélenchon a plus d’argent que lui ! » s’amuse un député socialiste. L’ancien banquier d’affaires ne cache pas qu’il se livre à des levées de fonds… S’il a déjà récolté, d’après son mouvement, 3 millions d’euros, il espère que sa déclaration de candidature poussera les plus sceptiques sur sa motivation à envoyer un chèque.
« Il a épuisé la patience de ses soutiens les plus proches »
Ensuite, la pression de ses sympathisants est très forte. « Il a épuisé la patience de ses soutiens les plus proches. Les types n’en peuvent plus d’attendre », estime un élu soutien de Manuel Valls. Sur le terrain, des milliers de volontaires s’activent pour lui parmi les 97 290 adhérents que revendique En marche !, des référents dans les antennes locales travaillent déjà sur le projet, des réunions de préparation sont inscrites à leur agenda… Sans candidat, leur motivation essentielle risquait de faiblir.
Sans compter les craintes des députés PS qui ont choisi de le rallier et que le patron de la Rue de Solférino Jean-Christophe Cambadélis menace de renvoyer du parti. Parmi eux, Stéphane Travert, Christophe Castaner, Richard Ferrand, Corinne Erhel, Arnaud Leroy… L’un d’eux raconte, en riant à moitié, que Manuel Valls lui a lancé dans un couloir de l’Assemblée : « C’est con, tu vas être exclu du PS… » Ils poussaient tous Macron depuis des semaines à clarifier son ambition.
« Macron a piqué le cartable de Valls »
La guerre intestine qui se joue entre Macron et le Premier ministre n’est, par ailleurs, pas pour rien dans cette accélération du calendrier. Manuel Valls n’en peut plus de son ambitieux rival. « Macron a piqué le cartable de Valls », dixit un élu… vallsiste. Il n’y a pas de place pour deux sur le terrain du libéral, moderne, transgressif, disruptif, et Valls s’active de plus en plus pour garder sa part du gâteau. En se déclarant deux mois avant la primaire de la gauche,même si Hollande n’est pas candidat et que Valls se lance, Macron aura pris une sacrée avance.