LUBUMBASHI (RDCongo) (AFP) – (AFP) – La tension s’exacerbe à trois semaines des élections en République démocratique du Congo où des heurts ont opposé à Lubumbashi des partisans de la majorité et de l’opposition, dont une télévision a été coupée après un appel à la violence de l’opposant Etienne Tshisekedi.
Des militants de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS, opposition) d’un côté, et du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD, au pouvoir) et de l’Union nationale des fédéralistes du Congo (Unafec) de l’autre, se sont affrontés à coups de pierres lundi dans la capitale de la province du Katanga (sud-est), a constaté l’AFP.
Les heurts ont paralysé une partie de la ville, où des vitres de commerces ont été brisées, des banques fermées, un véhicule avec des vivres pillé, et des passants dévalisés.
La police s’est interposée entre les deux groupes et le calme est revenu en fin de journée. Samedi, des heurts entre pro-UDPS et pro-Unafec avaient déjà fait une quinzaine de blessés.
Ces incidents interviennent en pleine campagne électorale pour la présidentielle et les législatives du 28 novembre.
L’Unafec est un parti dirigé par Gabriel Kyungu, président de l’assemblée provinciale du Katanga.
L’ONG Human Rights Watch a récemment relevé que M. Kyungu avait ces derniers mois "fréquemment employé un langage agressif et provocateur" contre les personnes originaires de la province voisine du Kasaï Oriental, terre natale du leader de l’UDPS Etienne Tshisekedi, candidat à la présidentielle.
Dimanche soir, dans un interview au téléphone sur la Radio Lisanga Télévision (RLTV), émettant depuis Kinshasa, M. Tshisekedi s’est autoproclamé "président de la République" et a lancé au "gouvernement un ultimatum de 48h" pour relâcher ses "combattants" arrêtés lors de manifestations récentes, notamment dans la capitale congolaise.
"Sinon j’appelle les combattants partout dans le pays à aller dans les prisons, à casser les portes des prisons et à libérer ces combattants", a-t-il menacé, depuis l’Afrique du Sud où il se trouve actuellement.
A la suite de ces propos, le gouvernement a coupé le signal de la RLTV, propriété d’un député de l’opposition. Il s’agit d’une "mesure conservatoire" avant l’examen du dossier par l’autorité de régulation des médias, a précisé à l’AFP le ministre de la Communication et des médias Lambert Mende.
M. Tshisekedi doit revenir cette semaine en RDC, à Kisangani, (nord-est), selon son parti.
Dans un communiqué publié lundi, l’Association africaine de défense des droits de l’Homme s’est déclarée "vivement préoccupée par les propos anti-démocratiques" tenus par MM. Tshisekedi et Kyungu, qui "ne favorisent pas l’organisation d’élections apaisées".
Des violences pré-électorales ont également eu lieu dimanche à Goma, capitale du Nord Kivu (est), où des jeunes ont dressé des barricades dans la principale rue de la ville en réaction à la disparition du chanteur local Fabrice Mufirista, proche de l’opposant Vital Kamerhe, candidat à la présidentielle.
Enlevé vendredi soir à Goma par des hommes armés non identifiés, le chanteur, très connu dans la région, a été retrouvé vivant lundi matin en banlieue de la ville, "ligoté et les yeux bandés, dans un état de traumatisme avancé", selon les autorités provinciales.
Le jour de l’ouverture de la campagne électorale le 28 octobre, à Mbuji-Mayi, capitale du Kasaï Oriental, une fillette de 13 ans avait été tuée par une balle perdue tirée par un policier -interpellé depuis- pour disperser une marche de l’opposition.
AFP – 20:15 – 07/11/11