Près de 6,5 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes au Burkina Faso pour un double scrutin législatif et présidentiel. Une journée de vote qui s’est majoritairement déroulée dans le calme malgré un contexte sécuritaire tendu. Désormais, le pays est dans l’attente des résultats alors que le dépouillement a commencé dès la fermeture des bureaux. Reportage au centre de vote du lycée Saint-Joseph de Ouaga 1, au sud de la capitale.
18 heures au Burkina Faso, les opérations de vote sont terminées et ce sont les responsables du bureau qui ferment la marche. Comme le veut le protocole, ils sont les derniers à glisser leurs bulletins dans les urnes et ils s’attellent aux deux scrutins à dépouiller : la présidentielle et les législatives.
« On va commencer par la présidentielle », déclare la présidente du bureau numéro 7 du centre du lycée Saint-Joseph de Ouaga 1. « C’est une décision collégiale, explique Bibata Sére, un choix de l’ensemble des responsables du bureau de vote. »
Et alors que les portes de la salle sont fermées, ce qui est contraire au règlement, un responsable de la Céni passe une tête et vient faire un rappel à l’ordre. « Oui, il faut tout laisser ouvert, ici, c’est public, c’est un processus transparent. Tout le monde a le droit de venir regarder ce qu’il se passe, c’est important. Donc moi, ma mission, c’est de faire un rappel à l’ordre, histoire que tout soit dans la légalité. »
L’incident passé, Abasse, l’un des responsables, prend les choses en main. La décision est prise de trier d’abord les bulletins par candidat pour ensuite les compter. Et ça va vite, très vite même. En quelques minutes, les 96 bulletins sont dépouillés et comptabilisés. Une efficacité dont se réjouit la présidente du bureau : « Oui, ça va vite, c’est bien, tout se passe bien. »
Des délégués et observateurs vigilants
Les scores sont notés au fur et à mesure sur le grand tableau noir de la salle de classe puis reportés sur la feuille de résultats. Le tout sous l’œil attentif des délégués des candidats. Ils sont plusieurs dans la salle et représentent cinq des treize candidats en lice. « On regarde chaque bulletin, nous explique Elie, le délégué du MPP, le parti au pouvoir. On doit vraiment faire attention que tout soit fait au plus juste pour notre candidat. » Le vote avance et tout se passe bien, Elie n’a rien à redire. Même son de cloche pour le délégué du CDP, l’un des partis d’opposition : « C’est fini et tout est clair. Il n’y a pas de difficulté. »
À l’entrée de la salle des observateurs, des citoyens sont là pour vérifier eux aussi que le vote est conforme. « Nous sommes des observateurs indépendants, nous sommes le peuple et nous sommes là pour assister au dépouillement. C’est important, moi je veux être sûr que mon vote sera bien pris en compte. Il faut cette vigilance », estime Abdul.
C’est terminé pour la présidentielle, l’équipe du bureau de vote passe ensuite aux législatives et malgré les 88 mouvements politiques en lice sur le bulletin pour cette circonscription, leur méthode de décompte fait une nouvelle fois preuve de son efficacité. En quelques minutes, les résultats sont prêts. Le bureau numéro 7 est donc allé sans encombre au bout de son dépouillement. Il reste à tous les responsables de signer les procès-verbaux, de sceller les enveloppes et de les apporter au centre communal pour une première compilation.
Après le dépouillement dimanche soir en public, les résultats bruts des bureaux de vote ont été affichés. Quant aux feuilles de résultats, elles devaient être acheminées, sous escorte sécuritaire, par les présidents des bureaux de vote, dans les 368 centre communaux de compilation que compte le pays, pour des vérifications et une première compilation en présence des représentants de tous les candidats.
Ces résultats compilés au niveau de la commune seront ensuite transmis par voie électronique à la Commission électorale nationale indépendante et acheminés parallèlement, de façon physique cette fois, par voie terrestre, à Ouagadougou. Au fur et à mesure de leur validation par la Céni, ces résultats seront publiés sur internet commune par commune.
Quant aux résultats globaux provisoires, le président de la Céni, Newton Ahmed Barry, pense qu’il pourrait être en mesure de les publier mardi au plus tard. Mais la loi lui donne jusqu’à sept jours pour le faire.
Samedi, Zéphirin Diabré, chef de file de l’opposition et candidat, a fait part de ses réserves : « Le Burkina n’est pas tenu de battre des records de vitesse, explique-t-il. Il faut qu’on compte, qu’on recompte et qu’on recompte encore avant toute proclamation. » L’opposition n’acceptera aucun passage en force, a-t-il mis en garde.