REPORTAGE. Face à un tout-puissant MPLA, l’opposition angolaise est loin d’être unie. Bien au contraire, ses leaders sont encore à couteaux tirés.
Dans l’état-major du Mouvement populaire pour la libération de l’Angola (MPLA), l’heure est aux préparatifs en vue des célébrations de la victoire électorale du parti. L’annonce officielle des résultats définitifs est prévue le 6 septembre. Sauf spectaculaire coup de théâtre, ils devraient correspondre aux chiffres provisoires disponibles jusqu’ici.
Les protestations des deux principaux partis d’opposition, l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (UNITA) et la Large convergence pour le salut de l’Angola – Coalition électorale (CASA-CE), n’ont pas suffi : la Commission électorale a confirmé le succès du MPLA, une semaine après le déroulement des opérations de vote, le 23 août. D’après les données provisoires affinées, réactualisées et publiées par cette Commission, le parti au pouvoir depuis l’indépendance du pays en 1975 est crédité de 61 %. L’UNITA arrive deuxième, loin derrière, avec plus de 26 % et la CASA-CE, qui se classe troisième, a réalisé un score de 9,49 %. Les trois autres formations politiques qui ont pris part à ces scrutins sont reléguées dans les tréfonds de ce classement.
Le MPLA a ainsi remporté une majorité confortable, en gagnant 150 des 220 sièges du Parlement. L’UNITA a conquis 51 sièges et la CASA-CE, de son côté, aura 16 représentants au sein de cette institution. Le Parti de la rénovation sociale (PRS), qui est arrivé quatrième, a mis le grappin sur deux sièges, alors que le Front national de libération de l’Angola (FNLA), autrefois aux avant-postes de la sanglante lutte contre la colonisation portugaise, aura un seul député.
Résultats contestés
L’UNITA peine à mobiliser dans un pays encore traumatisé par les affres d’une guerre qui s’est étalée sur plus d’un quart de siècle. Elle conteste les chiffres officiels, sans pour autant dévoiler ses propres résultats et ses vraies intentions. L’ancien mouvement rebelle se contente de souligner qu’il avait récolté un franc succès dans la province de Luanda, où se trouve la capitale éponyme et où est concentré près du quart de l’ensemble de la population angolaise estimée à quelque 28 millions d’âmes.
Isaïas Samakuva, porté à la tête de l’UNITA après la mort, en 2002, de son chef historique, Jonas Savimbi, a fait une déclaration alambiquée dans laquelle il s’en est pris aux « méthodes » de la Commission électorale. Ce dirigeant, dépourvu du charisme de son prédécesseur, se montre prudent. Du reste, certains au sein du parti le jugent un peu trop accommodant avec le pouvoir. S’il ne prétend pas que son parti est sorti vainqueur de cette épreuve électorale, Isaïas Samakuva reste volontairement évasif sur les pratiques qu’il attribue à la Commission électorale qui a piloté de bout en bout un processus pourtant qualifié de « crédible » et salué globalement par les observateurs électoraux. En 2008, Isaïas Samakuva avait dans un premier temps rejeté la défaite électorale de l’UNITA, avant de se raviser et de reconnaître, du bout des lèvres, la victoire du MPLA. En sera-t-il de même en 2017 ? « Le processus de compilation des résultats n’a pas été respecté. Nous nous demandons d’où viennent les chiffres publiés par la Commission électorale. L’UNITA dispose d’une équipe qui procède à son propre dépouillement, sur la base des documents que nous transmettent nos délégués au fur et à mesure », explique Raphaël Savimbi, fils de Jonas Savimbi et secrétaire général adjoint du parti.
L’UNITA souffre de son image
Visiblement, l’UNITA n’a pas su tirer profit du mécontentement perceptible dans les quartiers pauvres de Luanda où les conditions de vie sont extrêmement difficiles pour les nombreux jeunes dont l’avenir semble bouché. Le score du MPLA baisse dans toutes les joutes électorales organisées dans le pays depuis 2008. Il n’en reste pas moins que ce parti est une redoutable machine électorale, capable de battre campagne sur toute l’étendue du territoire national, avec des moyens logistiques et financiers sans commune mesure avec ceux de ses concurrents. L’UNITA traîne comme un boulet l’image d’un ancien mouvement rebelle devenu, par la force des choses, un parti politique, après avoir pris les armes pour accéder au pouvoir, même au prix des milliers de cadavres. Cette réputation peu reluisante lui colle à la peau et fait hésiter les nombreux jeunes tentés par la politique et qui aspirent au changement.
« Tout le monde sait que le MPLA a œuvré à la consolidation de la paix après la fin de la guerre. Le président Dos Santos s’est prononcé en faveur d’une amnistie en disant aux anciens rebelles que la guerre était finie, qu’il fallait passer à la réconciliation nationale et tourner la page du passé », affirme un proche du président Dos Santos.
La victoire du MPLA est plus perçue comme un rejet de l’UNITA qu’une adhésion au programme du parti au pouvoir qui, en gros, s’inscrit dans le prolongement de l’action menée à la tête de l’État par José Eduardo Dos Santos. Ce dernier, malade, a décidé de passer la main, après une présence de près de quatre décennies au sommet de l’État. Les clés de la présidence seront confiées à João Lourenço, l’actuel ministre de la Défense, qui a réaffirmé sa ferme volonté de lutter contre la corruption rampante dans le pays.
La CASA-CE en embuscade
La CASA-CE, formée en 2012 par des transfuges de l’UNITA, séduit de plus en plus de jeunes et plus généralement des désœuvrés qui cherchent désespérément un emploi, dans un contexte de profonde crise économique induite par la chute brutale du prix du baril sur les marchés internationaux depuis plus de deux ans. L’économie de l’Angola repose en grande partie sur ses exportations de pétrole. D’où la dégringolade des recettes de l’État.
Tout comme l’UNITA, la CASA-CE rejette les chiffres de la Commission électorale au motif que leur compilation s’est opérée dans l’opacité. Mais l’opposition semble désarmée, à court d’options et incapable d’inverser le cours des choses.
« Ce qui s’est passé n’est pas, à nos yeux, une fraude électorale, mais plutôt un vol. La Commission électorale n’a pas respecté la loi. Les méthodes qu’elle a utilisées pour aboutir aux résultats qu’elle a publiés sont contestables. Cette commission ne nous a pas présenté les preuves de ce qu’elle avance », observe Felix Miranda, responsable de la communication et du marketing auprès du cabinet du président de la CASA-CE, Abel Chivukuvuku. La CASA-CE affirme être en pourparlers avec l’UNITA pour réfléchir à une stratégie commune. Rien n’indique toutefois que les perdants parviendront à un accord sur la marche à suivre, tant la méfiance entre les deux camps n’a pas encore été dissipée.
« Nous n’avons pas encore envisagé la suite. Nous allons prendre des mesures communes qui pourraient inclure des appels à une série de manifestations pour contraindre la Commission électorale à accorder une oreille attentive à nos préoccupations », révèle Felix Miranda. Les deux partis écartent, pour l’heure, toute possibilité de recourir à la justice pour faire aboutir leurs réclamations. Ils ne se font pas d’illusions : une telle démarche serait vouée à l’échec dans un pays où les juges ne brillent pas par leur indépendance.
Le dernier combat de Samakuva ?
L’UNITA avait repris les armes en 1992, après avoir désapprouvé les résultats des élections générales qu’elle avait officiellement perdues. Cependant, dans le contexte actuel, il est peu probable qu’elle reconstitue son armée dont la plupart des éléments ont été intégrés aux forces gouvernementales. Le processus de réconciliation nationale entamée sous la houlette du président José Eduardo Dos Santos semble irréversible.
Isaïas Samakuva, âgé de 71 ans, a probablement joué et perdu sa dernière carte électorale. Selon toute vraisemblance, il s’effacera de la scène politique sans avoir vu son rêve se réaliser : l’arrivée aux manettes de l’UNITA, mouvement qu’il a rejoint alors qu’il n’était qu’un jeune homme de 28 ans, au détriment du MPLA. Il ambitionnait d’occuper le fauteuil laissé vacant par son ennemi d’antan, le président José Eduardo Dos Santos. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres.
Le nom du probable successeur d’Isaïas Samakuva n’est pas encore connu, mais des ambitions s’expriment déjà en interne et l’heure est aux calculs de toutes sortes pour requinquer les partisans de ce parti pas tout à fait comme les autres, qui risque d’entamer une longue traversée du désert, à l’instar du FNLA. L’UNITA, affaiblie par quelques départs ces dernières années, ne sait plus sur quel pied danser.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/08/24/epidemie-de-cholera-en-algerie-plus-de-40-cas-confirmes-un-mort_5345917_3212.html
Au dernières nouvelles 2e mort en Algérie
Diplomate à côté de la société civile ? C’est quoi ça encore ? Fnla et Unita ne peuvent rien face à la machine de VOL du MPLA.
Kinguiranké est dépassé. Vrai que le MPLA a joué un rôle important dans la libération de l’Angola. Mais ce Parti a aujourd’hui emprunté un autre chemin, celui du vol et de la corruption. La fille de Dos Santos est la femme la plus riche d’Afrique. pour ne prendre que ce seul exemple. Il y a le vol à tous les niveaux y compris en politique. Le système est fermé et c’est un semblant de démocratie où la délation et l’assassinat sont monnaie courante. Où en est~ on avec les enquêtes sur l’assassinat du Pr Nfulumpinga ?
J’ai passe 4 bonnes annees en Angola (2009-2013) comme diplomate mais a cote de la societe civile, alors je sais de quoi je parle. L’alternative reste la CASA et c’est la meilleure option pour une opposititon qui va prendre le pouvoir a Luanda, c’est une question de perception et de realite, l’UNITA et le FNLA sont discretes a jamais. A bon entendeur, salut.
Pour le moment en Angola il n’y a pas d’alternatives, l’UNITA ou le FNLA ou la CASA sont tous vus, percus et compris comme des elements qui ont fait la guerre contre le MPLA la legitimite du peuple Angolais car la force qui a libere le pays des colonisateurs Potuguais feroces et barbares. Donc le MPLA a encore des beaux jours devant lui. Il faut que l’UNITA et le FNLA disparaissent car porteurs de l’heritage de la guerre de destruction nationale de 30 annees. Ainsi la CASA peut prendre en mains toutes les voix de ces deux partis et surtout celles de tous ceux qui n’ont pas connu la guerre et qui sont au chomage ou pensent qu’ils ne sont pas pris en consideration par le MPLA.
CE N’EST PLUS LE MPLA DU Dr AGOSTINHO NETO.
DOS SANTOS EST LE PLUS GRAND DICTATEUR, LE PLUS GRAND ASSASSIN, ET LE PLUS GRAND VOLEUR DE L’AFRIQUE.
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