La campagne électorale a commencé au Sénégal depuis le dimanche 5 février 2012. Quatorze candidats vont parcourir le pays durant trois semaines pour proposer leurs programmes respectifs et solliciter les suffrages de leurs compatriotes. Le président Abdoulaye Wade compte sur son bilan et le soutien de sa coalition pour obtenir un troisième mandat à la tête de l’Etat. L’opposition, en rangs dispersés, s’active pour freiner Abdoulaye Wade, président sortant, plus que jamais déterminé à aller jusqu’au bout.
Ces huit candidats d’opposition ont publié une déclaration dans laquelle ils réitèrent leur détermination à empêcher la candidature de Wade à l’élection présidentielle. Ils prennent, en conséquence, l’engagement de mettre leurs forces en commun et de mener des actions de mobilisation et de lutte jusqu’au retrait de la candidature de Wade. Ils appellent aussi les Sénégalais à se joindre aux initiatives dans ce sens et demandent pour la dernière fois à Abdoulaye Wade de renoncer à sa candidature. Les auteurs de la déclaration précisent, cependant, qu’ils ne boycotteront ni la campagne électorale ni le scrutin. Mais, ajoutent-ils, ‘’il n’y aura pas de scrutin avec la participation de Wade’’. Les signataires de la déclaration sont tous membres du M 23, le Mouvement des forces vives du 23 juin, une plate-forme qui réunit les partis politiques et organisations de la société civile hostiles à la candidature de Wade.
Les candidats signataires sont les anciens Premiers ministres de Wade : Moustapha Niasse, Idrissa Seck et Macky Sall, l’ancien ministre des Affaires étrangères Cheikh Tidiane Gadio, les chefs de partis Cheikh Bamba Dièye et Ousmane Tanor Dieng et l’indépendant Ibrahima Fall. Youssou Ndour, chanteur et homme d’affaires, dont la candidature a été rejetée s’est joint aux signataires.
Elu en 2000 puis réélu en 2007, Abdoulaye Wade, 85 ans, se présente à un troisième mandat de sept ans et déclare avoir « un fils qui est intelligent, capable de travailler ». Et lui de s’argumenter devant des journalistes ‘’J’ai beaucoup travaillé, j’ai beaucoup fait et j’ai beaucoup de choses en chantier. Donc, il faut que je les termine’’. Au sujet de son âge, 86 ans, Me Wade a soutenu : ‘’Que les étrangers le disent, ce n’est pas grave. Que les Sénégalais le disent, c’est un manque de respect. C’est la posture d’un sage. Moi, j’ai une mission au Sénégal et je la remplirai’’. Concernant la contestation dont sa candidature est l’objet et les violences notées dans le pays, le candidat de FAL 2012 a déclaré : ‘’L’opposition avait brandi la menace que si jamais le Conseil constitutionnel acceptait ma candidature, ils allaient mettre le pays à feu et à sang… si Abdoulaye Wade est élu, le pays va flamber’’. Cependant, il n’a pu obtenir de consignes de vote d’aucune des grandes confréries musulmanes. En revanche, certaines de ces familles lui ont conseillé de retirer sa candidature pour éviter des troubles électoraux et vu son grand âge. Qu’à cela ne tienne, le président Wade reste décider à poursuivre son combat. Combat pour lequel ses opposants n’attendent point lui concéder la victoire, plongeant du coup le pays de la teranga et l’ensemble de la communauté internationale dans une psychose totale.
YAYA S. GUINDO