Élection présidentielle au Burkina Faso : Faire du Blaise sans Blaise

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Roch Mark Christian- Kaboré
Roch Mark Christian- Kaboré

Les manœuvres politiques actuelles au Burkina Faso visent un seul objectif : faciliter la victoire des anciens compagnons du président Compaoré qui, il faut le dire, l’ont quitté avant la révolution de 2014. Avec la situation actuelle au Faso, on peut dire qu’on est probablement parti pour la victoire de Roch Marc Christian Kaboré, président du parti Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), à moins que Zéphirin Diabré ne crée la surprise. L’élimination du CDP, ancien parti présidentiel, entrait dans cette stratégie.

L’exclusion arrange le MPP car avec les activités en cours à Ouagadougou actuellement, on sent que la majorité des acteurs de la transition travaillent pour le MPP. Certains observateurs disent que Roch est le candidat de la transition, «même si elle ne le dira jamais, nous confie un des jeunes proches du balai citoyen… Donc, CDP ou Bassolé candidat allait soutenir Zephérin au second tour… Je ne pense pas que la crainte soit que le CDP gagnerait les élections, non ; mais, faiseur de roi au second tour, il fallait donc empêcher ça».

Dans la stratégie des RSS (Roch, Simon, Salif), ils ont réussi… Aidé par la transition, celui qui pouvait le plus porter les aspirations de la révolution,  c’est l’avocat Sankara, mais le vote utile sera à son détriment au profit de Roch, car en plus, son parti est faible. Il n’est pas mieux implanté contrairement au MPP et à l’UPC. Or, c’est le vrai opposant à Blaise et les autres sont partis parce que virés de la mangeoire. D’ailleurs, l’idéologue et intellectuel qui a écrit le discours de prise de pouvoir de Sankara, Valère Somé, dit que les Roch et Salif ne sont que des milliardaires enrichis sous Blaise. C’est comme IBK se faisant passer pour un homme nouveau en 2013, alors qu’il était en place depuis 1993.

«Généralement, je ne dis pas clairement que tel va gagner, un analyste doit être ouvert. Je dis tout simplement que Roch a des chances de gagner, à moins que Zéphirin ne crée la surprise», dit un analyste. Pour ce qui est de la candidature de Saran Sérémé, c’est une ancienne transfuge du CDP, comme beaucoup de candidats aussi. Et d’ajouter : «Mais j’avoue qu’elle a lutté dans le passé comme leader estudiantine avant d’être récupérée par Blaise. Elle était en exil au Mali, mais ça ne sera pas facile pour elle. Elle peut faire un bon choix au second parce que la politique, c’est ça aussi : être dans un cabinet pendant 5 ans et bien préparer son parti qui est très jeune encore».

L’autre problème de Saran Sérémé est le fait qu’elle est très proche de Djibril Bassolé et personne ne parvenait à lire ses discours après la récente crise, quand elle contredisait les actes de Chérif Moumina Sy, qui avait pris les fonctions de Michel Kafando. Même lors de la libération, avec Isaac Zida, l’actuel Premier ministre, Saran n’a pas été claire. Mais elle n’est pas seule dans cette situation au Burkina Faso.

Le futur président sera probablement un ancien de Blaise. Le problème de la révolution burkinabè, c’est qu’elle n’a pas réussi à impulser un homme nouveau, au regard de la transition dirigée par des anciens de Blaise. Et même les candidats favoris sont aussi des anciens camarades de Blaise. «Quand on dit ça, ce n’est pas pour critiquer, c’est la réalité. Ça sera faire du Blaise sans Blaise sauf que le peuple veille au grain», déclare notre analyste.

L’élection présidentielle au Burkina Faso était prévue pour le 11 octobre, mais elle a été reportée à cause du coup d’Etat de Gilbert Diendéré qui est aujourd’hui arrêté avec 11 chefs d’inculpations contre lui, tout comme Djibril Bassolé et d’autres putschistes.

Y.T et K.T.

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