Les nigériens ont eu rendez-vous hier avec la Démocratie à la faveur du premier tour de l’élection présidentielle. Au moment où nous mettions sous presse cet article, des tendances quant aux résultats du scrutin étaient indisponibles. Cependant, le président sortant part largement favori selon les pronostics. Sa victoire semble assurer dès le premier tour, grâce à un bilan socio économique jugé globalement positif, mais aussi et surtout à cause de l’absence d’un challenger de poids capable de le renverser. Face à lui, quatorze candidats dont ceux de l’Opposition, réunis au sein de la Coalition pour l’alternance, la COPA 2016. Au terme de l’accord passé entre ses opposants, en cas de second tour, le candidat arrivé en tête devra être soutenu par les autres membres de la Coalition. Mahamadou Issoufou réalisera-t-il, lui aussi, le « Takokelen » comme ses homologues guinéen et ivoirien l’ont fait avant lui ?
Une victoire dès le premier tour de l’élection présidentielle, ce que l’on appelé le « un coup K.O » ou encore le « Takokelen » est en passe d’être le dénominateur commun à certains Chefs d’Etat africains. En Guinée Conakry, alors que les sondages donnaient le président sortant en position difficile face au Chef de file de l’Opposition Cellou Dalein Diallo, à la surprise générale Alpha Condé était proclamé réélu dès le premier tour, sans coup férir. En Côte d’Ivoire, la victoire d’Alassane Dramane Ouattara par le « Takokelen » fut assez moins polémique, d’autant plus qu’il n’avait pas en face de lui de challengers sérieux. Son bilan économique jugé largement positif plaida grandement en sa faveur au contraire du président guinéen dont le bilan économique était moins élogieux. D’autres échéances électorales courant l’année 2016 dans d’autres pays africains se termineraient-elles selon le même scénario ? La thèse du « Takokelen » fera-t-elle école aussi en RDC, au Congo Brazzaville, au Tchad ou encore au Rwanda ?
Ce serait une véritable surprise si le président Issoufou ne parvenait pas à se faire réélire dès le premier tour. Un séisme qui pourrait sonner le glas à cette théorie en construction. Hama Amadou affaibli par sa détention dont la campagne ne fut pas des plus classiques, et d’autres candidats bien que disposant d’un background politique et intellectuel et reconnus de probité morale semblent ne point avoir ni l’électorat du président sortant ni son charisme ni sa pondération. La démonstration de force que le président sortant fit jeudi dernier dans un stade Seyni Kountché de Niamey archi comble en est une preuve palpable parmi tant d’autres. Le développement des infrastructures du pays qui plaide en sa faveur dont la réalisation de la voie ferrée Niamey-Dosso, longue de 143 Km ou encore la construction du 2ème échangeur de Niamey dans le cadre du programme « Niamey Nyala » ou Niamey la coquette en langue Zarma. La capitale du Niger devrait aussi bientôt se voir dotée d’un 3ème échangeur toujours dans le cadre du même programme. Sur le plan sécuritaire, son bilan peut aussi être qualifié globalement de positif puisqu’il semble parvenir, tant bien que mal, à endiguer la menace terroriste, Boko Haram.
Le quarté à même de faire durer le suspens
Hama Amadou, 66 ans, est le premier candidat officiellement déclaré. Pour autant, l’ancien président de l’Assemblée nationale n’a pu faire campagne puisqu’il est toujours incarcéré dans une cellule à Niamey, depuis la mi-novembre 2015, pour « supposition d’enfants », un délit qui consiste à attribuer la maternité d’un nouveau-né à une femme qui ne l’a pas mis au monde. il est le candidat du MODEN FA Lumana.
Seyni Oumarou, 65 ans, est le dirigeant du Mouvement national pour la société de développement (MNSD Nassara), l’ancien parti unique, au pouvoir de 1989 à 1993 puis de 1999 à 2010. Il a de nouveau été investi pour représenter ses couleurs. Lors du second tour de la présidentielle de 2011, il s’était hissé à la deuxième place avec 41,96 % des voix.
Mahamane Ousmane, 66 ans, a été le premier président démocratiquement élu du Niger, en 1993, avant d’être renversé par un coup d’Etat militaire en 1996. Il a également dirigé l’Assemblée nationale de 1999 à 2009. Il est le candidat du Mouvement des Nigériens pour le renouveau démocratique (MNRD Hankouri).
Amadou Boubacar Cissé, 67 ans, surnommé « ABC », est le candidat l’Union pour la démocratie et la république (UDR Tabbat). En 2011 déjà, il avait été candidat lors de la présidentielle et avait finalement apporté son soutien à Mahamadou Issoufou au second tour. Ce qui lui a valu le poste de ministre d’Etat du plan et de l’aménagement du territoire national jusqu’en septembre 2015, date à laquelle il a été limogé par le président.
Ahmed M. Thiam
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