Mercredi 07 novembre, à 04h20 temps universel, le monde entier apprend que le quarante-quatrième président des Etats-Unis se succède à lui-même. Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, Barack Obama est le deuxième candidat démocrate à renouveller son bail à la Maison Blanche, réélu grâce au vote populaire et à celui des grands électeurs.
Reconduit dans son fauteuil présidentiel, Barack Obama, contrairement à 2008, ne soulève pas l’enthousiasme au niveau des Africains. Sans doute parce que ceux-ci ont compris qu’élu par les Américains, un président des Etats-Unis, qu’il soit noir ou blanc, ne roulera jamais que pour les seuls intérêts américains. Au cours des quatre dernières années, le président Obama a beaucoup déçu car plus d’un pensaient qu’un Noir à la Maison Blanche contribuerait plus que les autres au développement du continent. Surtout un Noir dont le père est né sur le continent, est noir et Africain.
En ce qui concerne les Maliens, même si l’administration Obama rechigne à les aider à se débarrasser des terroristes et jihadistes qui occupent le nord parce qu’elle estime que les institutions actuelles ne sont ni légitimes ni légales, n’étant pas issues d’élections, ils ont le droit de penser que les Etats-Unis ne constitueront pas un obstacle majeur à la reconquête du septentrion malien. Une fois réélu, Barack Obama doit croire qu’il aura beaucoup à gagner en aidant le reste de la communauté internationale à lutter efficacement contre des terroristes et des jihadistes dont les cibles principales se trouvent essentiellement dans son pays et ceux de ses amis et alliés.
Ceci étant compris, le président Barack Obama pourrait s’attaquer à tous les chantiers qu’il n’a pas pu terminer. Avec un second et dernier mandat, ne subissant plus la pression d’une réélection, il est plus libre pour cela. Quels sont ces principaux chantiers ? Dans quel contexte aura-t-il à les mener ?
Le président Obama est réélu alors que la Chambre des représentants est à majorité républicaine pendant que le Sénat est dominé par les démocrates. Il a promis de rencontrer le camp adverse dès son investiture afin qu’ils travaillent ensemble au cours de son deuxième mandat. Mais les deux camps sont fondamentalement opposés sur les sujets qui tiennent le plus à cœur au président. Il s’agit de l’avortement, du mariage homosexuel, de la peine de mort, de la régulation de la vente des armes.
Dans une Amérique fortement puritaine, il est quand même parvenu, en quatre ansà poser le débat sur ces sujets qui fâchent plus d’un. Ainsi, l’interruption volontaire de grossesse et le mariage homosexuel sont pratiqués aux Etats-Unis, même si ce n’est encore que dans quelques Etats. Il est vrai que la peine de mort est abolie depuis plusieurs années dans beaucoup d’Etats, mais le débat engagé récemment par le président Obama pourrait aboutir à son abolition totale. Le chantier le plus difficile du président reconduit demeure incontestablement la régulation de la vente des armes car se heurtant au puissant lobby des chasseurs et aux pourfendeurs de l’insécurité chronique dans laquelle baigne le pays. Mais il a été prouvé depuis plusieurs années, études et sondages à l’appui, que la détention d’armes et l’exécution de la peine de mort n’ont jamais pu diminuer la criminalité et l’insécurité. Au contraire, la vente libre d’armes a fait de plusieurs gosses et gamins des criminels et des bandits, leur permettant de goûter précocement aux affres des pénitenciers.
A propos de prison, le candidat Obama avait promis, en 2008, qu’une fois élu, il procédera à la fermeture de celle de Guantanamo, où, au nom d’une loi inique, des prisonniers sont torturés en violation de tous les droits humains, sans aucune assistance juridique. Les portes du pénitencier de Guatanamo, digne d’un autre siècle, sont toujours ouvertes, et on y commet toujours les pires atrocités et humiliations sur des hommes, pas tous des Américains, présumés coupables. De même, le chômage est toujours très important même si l’administration Obama est parvenue à descendre sont taux sous les 8%.
En revanche, il faut le dire, le président Obama est parvenu à enclencher une réforme majeure dans les systèmes de la santé et de la sécurité sociale. Une réforme qui a toutes les chances de continuer.
Comme son initiateur qui a un nouveau bail de quatre ans.
Cheick Tandina