C’est parti pour les préparatifs du nouveau mandat du président algérien, Abdelaziz Bouteflika. Agé de 81 ans et actuellement affaibli par les séquelles d’un accident vasculaire cérébral AVC, Bouteflika a répondu oui, le dimanche 10 février 2019, à la candidature de son cinquième mandat à la tête du pays.
Plus de suspense autour de la candidature de l’homme fort de l’Algérie. Le président Abdelaziz Bouteflika a annoncé dimanche 10 février 2019, à travers un message adressé à la Nation qu’il briguera un cinquième mandat lors de la présidentielle prévue pour le 18 avril prochain en Algérie. Ce faisant, dans un message transmis à l’agence officielle APS, et diffusé partout dans le pays, Bouteflika annonce que s’il est de nouveau réélu, il mettra sur pied « une conférence nationale inclusive », dont l’objet ne sera d’autre chose que « l’élaboration d’une plateforme politique, économique et sociale, voire la proposition d’enrichir la constitution du pays », trouve-t-on dans les propos de l’APS, sans autre précision.
Systématiquement réélues avec plus de 80% des voix dès le 1er tour de l’élection précédente, des sources indiquent que M. Bouteflika serait éventuellement le grand favori du scrutin de la course présidentielle à venir. À moins d’un mois de la clôture officielle des candidatures prévue pour le 3 mars prochain, le chef de l’État qui a ainsi annoncé sa candidature par un message à la Nation diffusé par l’agence officielle du pays APS, met fin aux interminables spéculations déchainées par sa réticence sur sa participation à la course présidentielle. Pourtant, confirment nos sources, Bouteflika immobilisé depuis 2013 sur son fauteuil roulant à cause d’un accident vasculaire cérébral, AVC, n’apparait quasiment plus que rarement au public. Sa dernière apparition date du 1er novembre 2018 et ne s’exprime pratiquement plus publiquement.
Dans son message, Bouteflika n’oublie pas non plus de devancer les éventuelles critiques qui seront relatives à sa santé. À ce titre, il a réussi à dire : « Bien sûr, je n’ai plus les mêmes forces physiques qu’avant, chose que je n’ai jamais occultée à notre peuple », « mais la volonté inébranlable de servir la patrie ne m’a jamais quitté et elle me permet de transcender les contraintes liées aux ennuis de santé auxquels chacun peut être un jour confronté », a-t-il ajouté.
Cette annonce a suscité d’innombrables réactions à la revue de la presse africaine de la radio RFI ce lundi 11 février 2019. En effet sur cette radio française, on peut lire cette intervention du quotidien du FLN El Moudjahid : « il est l’homme qui sied, en fonction de son long et riche parcours personnel, et donc d’une expérience avérée en matière de gestion du pouvoir politique et d’une grande expertise dans le domaine des relations internationales, sans oublier sa profonde connaissance du pays et des hommes. Les arguments ? Après la tragédie à laquelle elle a été confrontée, l’Algérie est debout, en paix, stable et plus forte que jamais, dans un environnement régional troublé et une conjoncture économique difficile. Et ce résultat n’a été rendu possible, estime El Moudjahid, que grâce au Président Bouteflika, appelé à poursuivre son programme, ses réformes et ses réalisations. » Par contre, rapporte la RFI, le quotidien Liberté évoque plutôt une « mystification » : « la stabilité est présentée, comble d’ironie, comme une fin en soi, et les citoyens sont sommés de s’en contenter comme d’une réalisation prodigieuse. Or, l’on sait que, jusqu’ici, seul l’argent du pétrole a évité à l’Algérie d’entrer dans un cycle de récession économique que n’aurait pas pu endiguer “la gouvernance judicieuse” de Bouteflika. […] On ne peut pas continuer une “œuvre” qui a coûté quelque 1 000 milliards de dollars, à présent que les caisses de l’État sont quasiment vides, poursuit Liberté, sachant qu’il n’y a aucune chance de les voir se renflouer à court ou moyen terme. Mais l’“Alliance” présidentielle n’en a cure. Elle s’est investie pour la promotion du 5e mandat et, dépourvue d’arguments sérieux, elle se voit contrainte de faire de la mystification. […] Ses membres ne savent faire que cela. Ils s’y attellent donc, cette fois-ci avec plus d’ardeur, car c’est pour eux une question de survie. Mais ils n’y gagneraient, au mieux, qu’un sursis. » De son côté, Le Monde décrit la situation dans laquelle se trouve l’opposition en ces termes : « …L’opposition algérienne, affaiblie et émiettée, oscillant entre l’idée de boycotter une élection jouée d’avance et celle de soutenir un candidat. »
Mamadou Diarra