CONAKRY (AFP) – samedi 30 octobre 2010 – 21h05 – Le président burkinabé Blaise Compaoré, médiateur dans la crise guinéenne, a rencontré samedi les deux candidats à la présidentielle du 7 novembre à Conakry et a souhaité qu’il y ait davantage de "sérénité" et de "sagesse" dans leur compétition électorale.
M. Compaoré a rencontré séparément Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé et "leur rappelé la lourde responsabilité qui leur incombe dans le maintien de la paix et de la sécurité, avant, pendant et après le scrutin", a rapporté le ministère guinéen des Affaires étrangères dans un communiqué.
Devant la presse, M. Compaoré a ensuite déclaré: "la Guinée a besoin de davantage de sérénité et je souhaite que les uns et les autre puissent s’investir dans un retour au calme complet, en commençant par une solidarité et une affection plus grande pour tous ceux et toutes celles qui ont été victimes".
Il n’a pas expliqué précisément à quelles "victimes" il faisait référence, mais a évoqué des "tracasseries", des "personnes déplacées du fait d’incidents" et une "situation inexpliquée" pour "ceux qui sont à l’hôpital"…
Le 22 octobre, des militants du parti de M. Condé avaient été hospitalisées après avoir consommé des boissons durant un meeting de leur candidat. Il s’agissait, selon gouvernement, de "120 cas suspects d’intoxication".
Mais la rumeur avait couru que "les Peuls du parti de M. Diallo avaient empoisonné l’eau" et ces accusations avaient déclenché des attaques visant spécifiquement les Peuls, à Conakry et dans des villes de l’est. De nombreux magasins tenus par des Peuls avaient été saccagés et au moins un commerçant peul avait été tué, selon des témoins. Selon des organisations humanitaires, 1.800 à 2.000 personnes avaient fui leur lieu de résidence après ces violences.
M. Compaoré a souhaité "une mobilisation de tous et de toutes, y compris les communautés religieuses et traditionnelles, pour apporter de la sagesse à la compétition". Evoquant "les personnes déplacées", il a recommandé de "faire en sorte que tous les Guinéens puissent voter".
"Nous repartons confiants, tous les Guinéens ont pris conscience de la valeur de stabilité de ce pays et de son unité", a-t-il conclu.
A Conakry, le médiateur s’était entretenu en tête à tête avec le président de la transition, le général Sekouba Konaté. Il avait également rencontré le Premier ministre de la transition, Jean-Marie Doré, la présidente du Conseil national de la transition, Rabiatou Serah Diallo, des ambassadeurs, et le nouveau président de la Commission électorale, le général malien Siaka Sangaré.
Mercredi, Sékouba Konaté avait réuni MM. Condé et Diallo pour signer un accord sur la date du second tour, finalement programmé le 7 novembre. Mais, jeudi, la "tournée d’apaisement" que les deux candidats devaient effectuer ensemble dans des régions troublées par les violences avait été "annulée", après le désistement de M. Condé.
Dans un communiqué, vendredi soir, la coalition soutenant M. Condé a déploré "la flambée de violence" survenue "suite aux intoxications" de ses militants, et "les pertes en vies humaines". Elle a exhorté la population et ses militants "à veiller à maintenir les liens sociaux tissés par lhistoire et le sang qui unissent toutes les composantes" de la Nation.
AFP