Election en catimini du recteur de la Grande Mosquée de Paris

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Tout d’abord un rappel historique sur cette Grande Mosquée de Paris, unique Mosquée française de pure style mauresque dotée d’un minaret de 33 mètres de hauteur, située dans le 5ème arrondissement au quartier Latin de Paris.

Cette première Mosquée en France métropolitaine, fondée sur décision de la République française en hommage aux dizaines de milliers soldats musulmans morts pour la France durant la Première Guerre Mondiale, dont son premier Recteur ne fut autre que Kaddour Benghabrit, fut inaugurée le 16 juillet 1926.

Cette inauguration, en présence du Président français Gaston Doumergue et du Sultan marocain Moulay Youssef, célébra l’amitié franco-musulmane scellée dans le sang sur les champs de bataille européens et affirma que la République française protégera toutes les croyances.

La Grande Mosquée de Paris est régie, depuis 1921, par la Société des Habous et lieux Saints de l’Islam, une association de type loi 1901, propriétaire de l’édifice à la suite d’une donation de la ville de Paris.

Or, dans les années 1980, le Ministre de l’Intérieur Gaston Deferre retire la tutelle de la Mosquée du Ministère et de la ville de Paris, ce qui permet depuis à l’Algérie de financer un tiers du budget de la mosquée. Si la Mosquée est juridiquement indépendante, les autorités algériennes exercent un droit d’immixtion non écrit sur la nomination de son Recteur.

Aussi, l’élection impromptue, le 11 janvier 2020, d’un nouveau Recteur, en la personne de l’avocat d’affaires Chems-Eddine Hafiz, chef de file d’un cabinet d’avocats florissant et installé sur les Champs-Élysées à Paris, a suscité la polémique. Ses opposants l’accusent d’avoir longtemps soutenu l’ancien Président Bouteflika et surtout qu’il n’est point doté d’un profil d’intellectuel et encore moins de théologien.

Certes Dalil Boubakeur, médecin de profession et très proche des milieux de la droite, n’était guère apprécié par les milieux musulmans qui le voyaient comme un notable de l’islam compromis avec le pouvoir français et avec les autorités d’Alger.

Or, la question qui se pose aujourd’hui est de savoir si Chems-Eddine Hafiz a-t-il eu ou non la caution de l’Algérie, principal bailleur de fonds de la Grande Mosquée de Paris ?

Les détracteurs d’Hafiz affirment qu’il y a eu coup de force et lui reproche d’avoir soutenu jusqu’au bout Abdelaziz Bouteflika. C’est pourquoi, le départ inattendu de Dalil Boubakeur fait craindre au régime vert-kaki la perte de contrôle sur cette vieille officine algérienne en France et que le nouveau Recteur s’est vu remonter les bretelles par l’Ambassadeur d’Alger à Paris.

Il est clair et net qu’il a fallu un changement à la tête de la Grande Mosquée de Paris pour que le régime algérien sorte de ses gonds et tombe le masque. Un changement qui n’a pas été au goût des autorités algériennes, d’autant que celles-ci craignent fortement de perdre le contrôle de cette institution transformée par Dalil Boubakeur en officine aux ordres des services de renseignements algériens et en un instrument de propagande sans pareil au profit du régime algérien.

Ce coup de force du régime vert-kaki algérien répond à un agenda bien précis car le 19 janvier 2020 des tractations doivent avoir lieu au sein du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) pour l’élection de son Président.

Or, selon, ses statuts, cette Présidence tournante devrait revenir au Recteur de la Grande Mosquée de Paris. Mais, voilà que même au sein du CFCM, Chems-Eddine Hafez a des ennemis résolus d’en découdre avec lui, notamment pour être un fervent défenseur du polisario, ce qui est un casus belli pour le Maroc et que donc n’a aucune chance d’être élu à la tête du CFCM.

Quoi qu’il en soit, la véritable question est de savoir au nom de quelle logique et du haut de quelle irresponsabilité le régime vert-kaki s’est-il autorisé à s’immiscer dans une affaire purement franco-française et ce, bien que près de deux millions d’Algériens vivent en France ?

Le régime devrait savoir, une fois pour toute, que la France ne peut tolérer une quelconque ingérence flagrante dans ses affaires intérieures et ce, bien qu’elle ait fermé les yeux sur des pratiques plus que douteuses d’Alger. L’heure, aujourd’hui, a sonné pour faire savoir au régime vert-kaki algérien qu’il n’est plus autorisé à interférer dans les affaires d’autrui, notamment celles de la France.

Farid Mnebhi.

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