Plusieurs heures après l’accident survenu vendredi après-midi, les ouvriers ont réussi à dégager et rouvrir la voie ferrée très fréquentée qui permet de rejoindre la grande métropole d’Alexandrie sur les bords de la Méditerranée depuis la capitale égyptienne.
Toute la nuit, à la lumière des projecteurs, les sauveteurs ont fouillé les carcasses des wagons à la recherche de victimes après l’un des plus graves accidents de train survenu en Egypte, selon des journalistes de l’AFP sur place. Certains ont utilisé la lumière de leur téléphone portable pour se guider.
Depuis l’accident, le bilan n’a cessé de monter. Samedi matin, le porte-parole du ministère de la Santé, Khaled Moujahed, a fait état de 41 morts et plus de 120 blessés.
Sur les lieux du drame, des couvertures blanches couvertes du sang des victimes étaient éparpillées.
Durant des heures, les ambulances ont effectué des rotations pour emmener les blessés, allongés dans un champ le long du train, vers les hôpitaux d’Alexandrie.
L’accident s’est produit à l’entrée de la métropole septentrionale quand un train a percuté l’arrière d’un autre, arrêté sur la voie en raison vraisemblablement d’une panne, selon l’Autorité des chemins de fer.
– “Comme une explosion” –
Les deux trains se dirigeaient vers Alexandrie, l’un depuis Le Caire, l’autre depuis Port Saïd (est).
En raison du choc violent, plusieurs wagons ont déraillé dans un champ et d’autres se sont encastrés les uns dans les autres. Les secours ont dû employer deux grues pour réussir à détacher les amas de tôles emmêlés.
“Peu après la prière du midi, nous avons entendu un bruit énorme. C’était comme une explosion, nous avons couru et vu l’accident”, a raconté à l’AFP Ayman Mehdi, qui habite à quelques dizaines de mètres du lieu du drame.
“Il y avait un wagon fortement endommagé, il y avait à l’intérieur des cadavres et des restes humains”, a ajouté ce chauffeur de camion de 35 ans.
Selon un secouriste, qui a requis l’anonymat, en plus des corps retirés des wagons, “il y avait beaucoup de restes humains qui ont été entassés dans une grande valise pour les besoins d’identification”.
Il a fallu deux grues pour soulever quatre wagons qui bloquaient la voie ferrée. Un train a traversé dans la journée la voie, mais il a dû ralentir en raison d’un rail légèrement courbé.
– Suspension de responsables –
Selon les médias locaux, le ministre des Transports Hicham Arafat a décidé de suspendre deux responsables et deux employés de l’Autorité des chemins de fer, jusqu’à la fin des investigations sur les causes de l’accident.
De son côté, le procureur général Nabil Sadeq a ouvert une enquête et ordonné le rappel des chefs de l’Autorité des chemins de fer pour accélérer les investigations et désigner les responsables, selon un communiqué de son bureau.
Le président Abdel Fattah al-Sissi avait dès vendredi ordonné l’ouverture d’une enquête afin que les responsables de l’accident “rendent des comptes”.
L’Egypte connaît régulièrement de graves accidents routiers ou ferroviaires dus à une circulation anarchique, des véhicules vétustes, des routes et des voies ferrées mal entretenues et peu surveillées.
Les Egyptiens reprochent depuis longtemps au gouvernement de ne pas avoir réussi à réduire les accidents de transports et les problèmes d’infrastructures.
L’accident ferroviaire de vendredi est le plus meurtrier depuis la collision en 2012 entre un bus scolaire et un train à un passage à niveau dans la province d’Assiout (centre) qui avait fait 47 morts.
En novembre 2013, une collision entre un train et un bus au sud du Caire avait fait 27 morts. La plupart des personnes décédées revenaient d’un mariage.
La tragédie ferroviaire la plus meurtrière dans l’histoire de l’Egypte s’est produite en 2002, quand un incendie survenu dans un train a fait 373 morts à une quarantaine de kilomètres au sud du Caire.
(©AFP / 12 août 2017 13h29)