Nommé directeur représentant de l’Unesco au bureau sous-régional d’Amérique latine (Venezuela, Colombie, Bolivie, Equateur et Pérou), Edouard Matoko, en poste au Mali depuis 2003, quitte notre pays cette semaine. Dans une interview qu’il nous a accordée, mardi, il nous parle des acquis du bureau sous-régional de Bamako couvrant le Niger, le Burkina Faso et le Mali, ses sentiments et ses souvenirs.rn
Les Echos : Quel est le sentiment qui vous anime aujourd’hui ?
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Edouard Matoko : Tout d’abord, j’ai pris fonction au Mali il y a quatre ans. Ce bureau était auparavant un bureau national et en fin 2002, le directeur général a décidé d’en faire une représentation sous-régionale couvrant le Burkina Faso, le Niger et le Mali. Ce qui a ajouté une responsabilité supplémentaire au bureau et donné une autre dimension à nos relations avec le gouvernement du Mali.
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Il a fallu travailler dans ce sens, remodeler le bureau, le renforcer et j’ai d’abord un sentiment de fierté parce que nous avons pu renforcer en termes de personnel le bureau avec des nationaux dans les domaines de la communication, des sciences sociales, de l’éducation, avec aussi du personnel international dans tous ces différents domaines de compétences.
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Le deuxième sentiment de fierté est que le bureau a pu répondre modestement aux attentes des Etats membres et des populations aussi. Le directeur général a lui-même effectué au cours de ces quatre années, trois visites officielles dans ces trois pays pour montrer son engagement.
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Les Echos : Quels ont été vos acquis au cours de ces quatre années ?
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E. M. : L’Unesco a 4 domaines de compétence majeurs : l’éducation, les sciences, la communication et l’information, l’éducation et la culture. Je pense que sur le plan culturel, le Mali n’a plus rien à envier aux autres pays de la sous-région puisque nous avons ici 4 sites de patrimoine culturel mondial dont un a été inscrit sur la liste (le tombeau des Askia). Il y a également la réintroduction de la ville de Tombouctou sur la liste du patrimoine mondial et une nouvelle reconnaissance du patrimoine immatériel, le Yaral et le Degal. Sur le plan culturel, c’est vraiment un motif de fierté puisque le bureau a accompagné le Mali dans la préparation de ces dossiers.
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Le Mali, à travers le Musée national, a accueilli aussi différentes manifestations internationales et nous avons notamment, l’année dernière, organisé une exposition itinérante sur la route de l’esclave. Nous avons accueilli les meilleurs artistes africains d’art plastique qui ont été primés au Musée national. Nous allons organiser cette année un prix de l’artisanat qu’on appelle le Label d’excellence, etc.
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Sur le plan de la communication, nous avons apporté des appuis considérables à la Maison de la presse à la célébration des journées mondiales de l’information.
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Dans le domaine des nouvelles technologies d’information et de communication, nous avons un grand projet de Centre multimédia communautaire (CMC) que nous mettons en place avec la Coopération suisse et le gouvernement du Mali. Ce projet vise à installer des télécentres radio, Internet sur le territoire. Nous en avons déjà installé une bonne vingtaine. Dans les deux années à venir, il y aura une trentaine d’autres. C’est un moyen de promotion de la démocratie, du développement reconnu par le chef de l’Etat lui-même qui a participé au Sommet mondial des chefs d’Etat sur la société de l’information. Le Mali est l’un des trois pays qui bénéficie de ce grand programme avec le Sénégal et le Mozambique.
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Dans le domaine des sciences humaines, nous avons organisé au Mali le premier forum ouest-africain des ministres du Développement social de la Cédéao dont la présidence a été confiée au ministre malien Djibril Tangara.
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C’est un forum qui a pour vocation de discuter de tous les problèmes sociaux et de les inscrire dans les sommets économiques et donner l’opportunité à tous les ministres du Développement social de pouvoir faire entendre les questions sociales dans les discussions de nature économique.
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Le deuxième élément qu’on pourrait souligner, c’est toute la question des droits humains. Et dans ce sens, nous avons initié la lutte contre la pauvreté à travers les droits humains, c’est-à-dire la reconnaissance du fait que les populations ont des droits et que si ces droits sont respectés, on peut les sortir de la pauvreté.
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Nous avons fait un projet intégré dans la Commune de Tienfala où nous avons aidé les populations à mettre en place des infrastructures sociales et on a fait de la sensibilisation auprès des femmes, des jeunes pour la scolarisation, la connaissance du droit.
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Dans les domaines des sciences, des questions d’environnement, d’énergie alternative, d’eau qui ont reçu notre appui. Mais aussi la mise en place et l’appui qu’on apporte à une chaire pour l’environnement au niveau de l’université.
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Dans le domaine de l’éducation, nous avons trois axes prioritaires, la formation des enseignements et principalement des enseignements communautaires. Ils représentent leur grande potentielle d’enseignements, ils ne sont pas qualifiés. Nous avons également, en coopération avec d’autres partenaires, le Pnud notamment, appuyé la scolarisation des filles et l’alphabétisation des adultes dans les trois régions du Nord avec un volet sur la culture de la paix, les droits humains dans les curricula.
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Le troisième domaine dans lequel nous intervenons dans le secteur de l’éducation, c’est l’animation du cadre partenarial de tous les partenaires qui interviennent dans ce domaine. En quatre ans de présence au Mali, nous avons, au point de vue du renforcement et de la visibilité de notre action, essayé de faire ce que nous pouvons faire avec les moyens modestes mis à notre disposition.
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Les Echos : Quelles appréciations faites-vous de la collaboration avec les autorités maliennes ?
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E. M. : Je pense que tous ces acquis ont été possibles grâce aux relations avec les autorités du Mali. Nous avons pu développer des relations avec les institutions avec lesquelles nous travaillons et qui nous ont permis notamment de faire venir des partenaires, de réaliser certains projets même dans les régions les plus défavorisées. Le président de la République et le gouvernement apprécient fortement nos actions sur le terrain. Je pense qu’aujourd’hui, dans le domaine de l’éducation, il y a des progrès. Dans certaines régions, il y a encore beaucoup à faire.
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Les Echos : Quels souvenirs gardez-vous de votre séjour malien ?
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E. M. : Si j’avais un regret, c’est celui de partir. Peut-être pas sitôt, c’est quand même 4 ans. J’emporte avec moi énormément de souvenirs, la sympathie, l’amitié et l’amour de tous mes collègues, l’esprit qui a prévalu ainsi que cette spontanéité dans les rapports que j’ai eus avec les populations, cette volonté de faire avancer les choses. Tout n’est pas parfait, on se contente de faire ce qui est possible. Comme mauvais souvenir, c’est le climat, la chaleur. C’est supportable bien sûr, mais ce n’est pas facile de travailler dans ces conditions.
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Propos recueillis par Sidiki Y. Dembélé
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