Une croissance économique tirée par le pétrole et le gaz naturel
L’économie du Qatar se trouve parmi celles qui connaissent le plus fort taux de croissance du monde avec, entre 2000 et 2004 un taux égal à 18,9 %. Le pays a intégré l’OMC le 13 janvier 1996. Le pétrole et le gaz naturel sont les pierres angulaires de l’économie du Qatar et représentent plus de 70 % des recettes totales de l’Etat, plus de 60 % du produit intérieur brut et environ 85 % des recettes d’exportation. Le Qatar possède la troisième plus grande réserve de gaz naturel prouvée au monde et constitue le premier exportateur de gaz naturel.
Avec une population d’environ 2 millions d’habitants, le Qatar représente un marché réduit. Les productions d’hydrocarbures assurent une rente confortable, et pourtant l’Etat qatari tente de diversifier son économie par de nombreux investissements à l’extérieur du pays. Le minuscule Emirat engloutit peu à peu les fleurons de l’économie mondiale. Mastodonte financier, il distribue aussi ses largesses aux habitants, qui jouissent d’un haut niveau de vie.
En 2001, le PIB (PPA) du Qatar dépasse 10,6 milliards de dollars, soit 18 789 dollars par habitant. Avec de tels chiffres, et un IDH de 0,826, le Qatar était un pays riche, mais moins que nombre d’Etats occidentaux.
En 2013, avec un PIB (nominal) de 105 000 dollars par habitant, le Qatar passe à la première place mondiale due à sa rente en hydrocarbure et à la conversion réussie de son économie. Le Qatar devient de moins en moins dépendant de son pétrole.
Pourtant, en 1920, le Qatar était essentiellement une région de pêche et de culture de perles. Après l’arrivée de la perle japonaise sur le marché mondial dans les années 1920 et 1930, l’industrie de la perle au Qatar stagne du fait de cette nouvelle concurrence. C’est la découverte du pétrole dans les années 1940, qui va complètement transformer l’économie du pays. Le pays dispose des 3 plus grandes réserves prouvées de gaz du monde après l’Iran et la Russie ; elles représentent 13,3 % des réserves mondiales à la fin 2013 (24 700 milliards de mètres cubes).
Le gigantesque gisement de North Dome, à 70 km de la côte nord-est, en détient la quasi-totalité : 896 000 milliards de pieds cubes, soit 25 400 milliards de mètres cubes ; ce qui correspond à plus d’un siècle d’exploitation. Le Projet Dolphin est un accord d’exportation de ce gaz vers les Emirats arabes unis, le Koweït et Bahreïn.
Le Qatar est le quatrième producteur, loin derrière les Etats-Unis et la Russie, et à peu près au même niveau que l’Iran et le Canada.
Le pétrole est une des principales sources de revenus du Qatar. A la fin 2013, les réserves prouvées de pétrole du pays sont estimées à 25,1 milliards de barils (2,6 milliards de tonnes), soit 1,5 % des réserves prouvées mondiales, ce qui le classe parmi les vingt premières puissances pétrolières de la planète, juste devant la Chine et le Brésil. La production pétrolière en 2013 est de 1 995 000 barils par jour.
C’est dire que les ressources principales du Qatar proviennent maintenant des exportations de pétrole et de gaz naturel.
En 2010, le Qatar sera le premier producteur mondial de gaz naturel liquéfié (GNL), le principal fournisseur des Etats-Unis, de l’Europe occidentale et de l’Asie (Japon, Corée, Inde).
En 2015, il deviendra le 1er producteur du Gas to Liquid (GTL que l’on retrouve dans le diesel, le naphte et les lubrifiants, et prévoit d’investir dans ce but près de 90 milliards de dollars. Le Qatar investit également dans des unités de production de polyéthylène (plastique) et de carburants propres.
Le 1er janvier 2018, le Qatar annonce officiellement la fusion de Qatargas et RasGas sous le nom Qatargas, qui vise à créer un géant énergétique unique au niveau mondial.
Le 4 janvier 2018, le Qatar approuve un projet de loi autorisant des investisseurs étrangers à détenir 100 % des parts d’une entreprise, afin notamment de stimuler les revenus non-énergétiques. Les investisseurs étrangers pourront posséder des sociétés dans presque tous les secteurs de l’économie, mais ils ne seront pas autorisés à acheter des biens immobiliers ou des franchises. Le projet de loi vise à augmenter les recettes fiscales, à protéger les investisseurs étrangers et locaux et à renforcer la position du pays sur les indicateurs économiques mondiaux.
On estime que le Qatar dépense l’équivalent de 62 milliards de livres sterling (70 milliards d’euros) de ses richesses en gaz et en pétrole dans la construction d’infrastructures de transport, d’hôtels, de stades et d’autres installations avant la Coupe du monde de football de 2022 qui s’y déroule actuellement et dont les Quarts de finale débutent aujourd’hui même. La balance commerciale est traditionnellement excédentaire. En 2004, les exportations atteignent environ 67 milliards de rials et les importations 22 milliards de rials.
Le Qatar importe l’intégralité de ses matières premières hors hydrocarbures et 90 % de sa consommation alimentaire. Sachant que les ressources en hydrocarbures ne sont pas illimitées, le Qatar compte diversifier son économie le plus possible par de nombreux investissements dans le monde. Notamment au Royaume-Uni (la bourse de Londres, le grand magasin Harrods, l’ambassade des États-Unis, le marché de Camden et le village des athlètes des Jeux olympiques (transformés en logements à loyer modéré) et en France (le club de football Paris Saint-Germain et le luxueux hôtel parisien Royal Monceau). Le pays accueille la première bourse des matières énergétiques du Moyen-Orient, Energy City. Doha s’étendra sur 2 km2 et accueillera les bureaux des sociétés du secteur, ainsi qu’une myriade de services : laboratoires, banques, assurances, centres de formations, hôtels pour un coût de construction global de 2,6 milliards de dollars. La dépendance à l’égard du gaz et, dans une moindre mesure, du pétrole, a incité les autorités qatariennes à s’orienter vers une diversification de l’économie. Elles entendent ainsi développer le tourisme et se confronter à la concurrence de Dubaï, notamment avec la construction de The Pearl, un archipel artificiel dédié au tourisme.
Le PIB par habitant est l’un des plus élevés du monde
Au PIB nominal, le Qatar est classé au 50e rang des puissances économiques sur plus de 200 pays. L’économie du pays dépend en grande partie d’une importante main-d’œuvre étrangère travaillant principalement dans le secteur de la construction. Le PIB du Qatar a plus que triplé en cinq ans, atteignant le chiffre de 173 milliards de dollars en 2013.
En outre, le pays génère de très confortables excédents financiers, ce qui lui permet de lancer de grands programmes industriels. Les hydrocarbures emploient 38 % de la population et génèrent 60 % du PIB, le secteur des services (tourisme, construction) emploie quant à lui 59 % de la population. A côté du pétrole et du gaz ; l’agriculture, l’élevage et la pêche, ressources traditionnelles du Qatar, sont également à l’ordre du jour, grâce à l’implantation de fermes expérimentales de l’Etat. La pêche, quant à elle, satisfait à 90 % la demande locale. Défendant cependant le principe de la libre entreprise, il encourage l’investissement privé par certaines incitations fiscales comme la suppression d’impôt sur le revenu des personnes physiques. Quant aux sociétés étrangères, elles sont imposées de 5 % à 35 % sur les bénéfices qu’elles réalisent sur place, encore que nombre d’entre elles fassent exception à la règle, soit parce qu’elles sont des coentreprises, soit parce qu’elles sont sous contrat avec l’Etat. Le PIB par habitant atteint, selon le FMI, 78 260 $ en 2009. Sur 1,7 million d’habitants estimés en avril 2010, plus de 350 000 sont des Népalais (selon l’ambassade, en 2011), formant la deuxième communauté d’expatriés après les Indiens.
En moins d’une génération, l’émirat a connu un enrichissement sans précédent, notamment grâce à Hamad ben Khalifa Al Thani. Au pouvoir de 1995 à 2013, l’émir a fait de cette péninsule l’un des États les plus prospères du monde. Gratte-ciel, centres commerciaux, hôtels, lotissements chics, villas luxueuses, universités, musées… La capitale, Doha, a triplé en superficie depuis la fin des années 1990, et n’en finit pas de grignoter le désert. En 2012, elle accueille à elle seule la moitié de la population.
Un réseau de transport très dense
Qatar Airways est l’une des quatre compagnies aériennes mondiales classées cinq étoiles Skytrax et élue meilleure compagnie aérienne au monde en 2011, 2012, 2015, 2017 et 2019. En ce qui concerne la population active, 69 % travaillent dans le secteur des services, 28 % dans l’industrie et 3 % dans l’agriculture. L’agriculture réalise uniquement 1 % du PNB. Malgré d’importants investissements, principalement dans le système d’irrigation, le pays n’est pas autosuffisant. Le premier client du Qatar est de loin le Japon. Les fournisseurs sont plus diversifiés : Japon, Royaume-Uni, France, Etats-Unis et Allemagne. Le pays est doté d’un réseau routier assez développé, de 1230 km de routes et 418 km d’autoroutes. Il possède un aéroport international à Doha, agrandi et rénové à l’occasion des Jeux asiatiques de 2006. La capitale, Doha, et Mesaieed (pour les industries pétrolières) sont les deux ports importants du pays. Le taux de chômage du Qatar est presque nul puisqu’il avoisine 0,1 % en 2017. En 2015, les Qatariens occupent moins de 2 % de l’ensemble des emplois (la plupart des travailleurs sont des immigrés).
En 2002, le gouvernement a lancé Mowasalat (marque “Karwa”), une compagnie 100 % publique dont l’objet est de s’assurer de la fourniture de moyens de transports terrestres. Auparavant, 3000 taxis privés circulaient au Qatar.
Un ensemble de bus publics couvrent la majorité des destinations du Qatar. La capitale Doha dispose d’un réseau de métro. Un tramway est en cours de construction à Lusail. Il reliera les différents quartiers de la ville et sera relié au métro de Doha.
En décembre 2017, Qatar Rail et RKH Qitarat, une coentreprise incluant RATP Dev et Keolis et la société qatarie Hamad Group, signent un contrat pour l’exploitation et la maintenance du métro automatique de Doha et du tramway de Lusail. Le contrat, remporté à l’issue d’une compétition internationale de deux ans, s’élève à 3 milliards d’euros et durera 20 ans. Le pays dispose de 1 230 km de routes dont 1 100 sont goudronnées. Le pays participe au réseau routier du Mashreq Arabe. La production et le transport du gaz liquéfié est une des principales sources de revenu de l’émirat, qui a investi dans les infrastructures de transport afin de maîtriser la chaîne logistique. Les plus gros navires méthaniers sont exploités par la Qatar Gas Transport Company.
Les principaux ports sont Doha, Halul Island, Umm Sa’id et Ras Laffan.
Le 5 septembre 2017, le Qatar inaugure officiellement le port Hamad, située sur la côte sud-est du Qatar, à environ une heure de route de Doha. Le port, d’un coût de 7,4 milliards de dollars et d’une capacité de stockage de 1,7 million de tonnes de marchandises et d’un million de tonnes de céréales, offre un accès commercial à près de 150 pays. Il contribuera à offrir, selon le ministre des transports Jassem ben Seif al-Salliti, “un accès destiné à briser les chaînes imposées au Qatar” dans le cadre du boycott décrété par l’Arabie saoudite, les Emirats, Bahreïn et l’Egypte. En décembre 2018, le ministre du Commerce qatari Ali Ben Ahmed Al Kuwari explique que “le nombre des plateformes d’exportation du port Hamad est passé de 7 à 27 en 18 mois”.
Il n’y a pas de réseau ferroviaire significatif au Qatar ; seul l’Aéroport international Hamad dispose d’un système de transit par train. Une compagnie a été créée en 2008 afin de développer un réseau, en partenariat avec les Allemands. Dans la stratégie d’investissements du Qatar, le transport aérien a été un des premiers secteurs développés.
La compagnie nationale est Qatar Airways. L’aéroport international de Doha a été remplacé par l’aéroport international Hamad en 2014.
El Hadj A.B. HAIDARA
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LE CHEVAL AU QATAR :
Une importance économique et culturelle de premier plan
Au Qatar, le cheval a une importance économique et culturelle de premier plan. Après l’accession de cet Emirat à l’indépendance, en 1971, la famille souveraine des Al Thani investit pour hisser le Qatar parmi les acteurs majeurs du sport hippique et de l’équitation sportive. Le Qatar Racing and Equestrian Club (QREC) est créé en 1975, les prestigieuses écuries Al Shaqab en 1992. Le Qatar compte désormais des cavaliers de haut niveau et des chevaux pur-sang arabes mondialement réputés. Il assure l’organisation de courses hippiques fortement dotées et d’importantes compétitions de sports équestres, comme le Global Champions Tour et des compétitions d’endurance internationales, depuis le XXIe siècle. Si l’équitation reste moins présente que dans les Etats arabes voisins, la famille souveraine conserve pour objectif d’investir massivement dans ce domaine.
Un fort attachement au cheval, considéré comme un don prestigieux
Durant le règne des Omeyyades et des Abbassides, le commerce de chevaux se développe sur le territoire de l’actuel Qatar. Des chevaux de race pur-sang arabe y sont élevés depuis au moins 400 ans. Les ancêtres de la famille souveraine ont migré dans la péninsule Arabique grâce à leurs chevaux arabes, qui prenaient alors une part importante dans leurs conditions d’existence. L’indépendance de ce petit Etat doit beaucoup aux montures des troupes du cheikh Jassim ben Mohammed Al Thani, qui a repoussé les Ottomans en 1893.
En 1907, 250 chevaux sont recensés sur ce territoire très peu peuplé, pour 1430 chameaux. Dans les années 1930, les tribus pratiquent encore majoritairement l’élevage de chevaux et de chameaux. Les qatariens gardent de ce long passé d’éleveurs nomades un fort attachement à cet animal, considéré comme un don prestigieux. Quand l’Emirat accède à l’indépendance (1971) après avoir commencé à s’enrichir grâce au gaz et au pétrole, la volonté de développer les investissements hippiques et équestres se concrétise rapidement. Le Qatar Racing and Equestrian Club (QREC) est créé en 1975, avec pour mission d’organiser des courses hippiques au Qatar et de favoriser l’élevage des chevaux de sang. Le développement de l’équitation de loisir, de l’équitation sur poney et des centres équestres est beaucoup plus récent, puisqu’il remonte au début du XXIe siècle, tout comme les premières exportations de chevaux depuis cet Etat.
En 2006, le cheikh Abdallah ben Khalifa Al Thani investit dans la construction d’un premier hippodrome. En septembre 2009, l’émir du Qatar Hamad ben Khalifa Al Thani offre une statuette en forme de cheval d’or à Muntadhar al-Zaidi, le journaliste irakien qui a jeté ses chaussures sur le président des Etats-Unis de l’époque, George W. Bush.
En 2011, les écuries Al Shaqab deviennent un complexe sportif d’élite. Elles sont l’un des principaux arguments du Qatar pour sa candidature à l’organisation des Jeux équestres mondiaux de 2022, puisqu’elles devraient accueillir à terme tous les sports équestres reconnus, y compris le concours complet, la voltige et l’attelage, qui ne sont pas actuellement pratiqués au Qatar. L’équitation est l’un des sports qatariens les plus pratiqués, avec le football, le tennis et la natation. Les installations équestres et hippiques de Doha sont qualifiées de “pharaoniques”. Un festival équestre international est organisé en février chaque année. Il compte 7 courses richement dotées, dont la plus prestigieuse est celle du “sabre de l’émir”. Cet événement est l’occasion de présenter les meilleurs chevaux arabes et anglais de l’État.
Des champions labélisés Pur-sang arabe
Deux races de chevaux sont élevées au Qatar, le Pur-sang et le Pur-sang arabe. Si le premier l’est essentiellement pour les courses de galop, le second l’est aussi pour des shows internationaux de la race. En 1988, l’élevage d’Umm Qarn (jusqu’alors destiné à la production de volailles) devient un élevage de Pur-sang arabes de course et d’endurance. Les écuries Al Shaqab, créées en 1992 à Al Rayyan, ont été construites sur le site de la bataille du cheikh Jassim ben Mohammed Al Thani contre les Ottomans. Elles forment le fleuron de l’élevage du Pur-sang arabe au Qatar, donnant naissance à plusieurs champions du monde de la race, comme Marwan Al Shaqab.
Pour nourrir leurs chevaux les plus précieux, les qatariens n’hésitent pas à importer du foin AOC français, le foin de Crau, et à le faire venir par avion.
Le show international du cheval Arabe organisé chaque année attire une grande partie de l’élite sociale qatarienne. Le développement de la race Arabe et de l’élevage d’Al Shaqab est l’une des priorités de l’Emir. Il finance des équipements luxueux pour ces chevaux, comme des tapis de course et des piscines.
El Hadj A.B. HAIDARA
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SPORT HIPPIQUE :
Le cheval Trêve acheté à 10 millions d’euros par le prince Abdallah
La famille régnante investit énormément dans le domaine des courses de galop. Son ambition est de devenir propriétaire de la structure hippique la plus prospère au monde. La discipline est organisée par le Qatar Racing and Equestrian Club (QREC), une écurie du Sud de Doha. Les investissements du Qatar se matérialisent par le rachat de haras en Europe pour y élever des Pur-sangs, et par le sponsoring de courses.
Le prix de l’Arc de Triomphe est devenu le Qatar Prix de l’Arc de triomphe en 2008 (jusqu’en 2022) avec un doublement de sa dotation, ce qui en fait la course de plat la mieux dotée d’Europe. Le Champion Stakes, la course britannique la mieux dotée, est subventionné par le QIPCO, un groupe d’investissement qatarien. Le festival de Goodwood, en Angleterre, devient le Qatar Goodwood Festival à partir de 2015. Le Qatar achète les meilleurs chevaux de course de galop. Trêve, qui a remporté l’Arc en 2013 et 2014, est devenue la propriété du prince Abdallah Joaan Al Thani, l’un des fils de l’Emir, pour une somme située entre 8 et 10 millions d’euros. Une rivalité existe entre les Al Thani pour la suprématie en course de galop. Celui qui investit le plus en France est Abdallah ben Khalifa Al Thani, l’oncle de l’Emir actuel Tamim ben Hamad Al Thani. La famille royale qatarienne a acquis des terres d’élevage de Pur-sang parmi les meilleures, notamment en Normandie. Elle détient le plus ancien haras du Pays d’Auge, celui de Victot-Pontfol avec son château du XVIe siècle, situé dans le Calvados et acquis pour une dizaine de millions d’euros. Les responsables français de l’hippisme n’hésitent pas à offrir des dîners et des croisières aux membres de la famille Al Thani.
Les sports équestres, l’endurance et les sauts d’obstacles
Les cavaliers qatariens sont en très grande majorité des hommes, mais les femmes peuvent elles aussi concourir au plus haut niveau. Elles représentent environ 10 % des athlètes équestres internationaux courant sous les couleurs du Qatar en 2013, d’après la Fédération équestre internationale. L’Etat est essentiellement présent dans deux disciplines, l’endurance et le saut d’obstacles. L’endurance est, de loin, le sport équestre le plus pratiqué au Qatar. Elle s’organise sous la tutelle du comité Qatar endurance, qui existe depuis 1994 et fait partie du Qatar Racing and Equestrian club. La première course d’endurance de l’émirat est courue le 25 mars 1994 entre Ras Laffan et Ruwais, sur 42 km, sous le nom de “Première course du désert qatarienne”. Seules deux courses d’endurance relativement courtes sont alors courues chaque année. La discipline se développe à partir de 2004, quand le comité Qatar endurance est rattaché au comité olympique qatarien. Dès lors, une quinzaine de courses sont organisées chaque année. Parmi les principales figure le marathon d’endurance équestre du désert, une course de 120 km courue sur le sable.
Le développement de l’endurance au Qatar prend vraisemblablement sa source dans un conflit avec la famille régnante de Dubaï, les Al Maktoum, devenus champions du monde après avoir acheté les meilleurs chevaux de la discipline. Les qatariens, souhaitant reprendre le titre à la famille Al Maktoum, ont largement investi dans ce sport, notamment en achetant des chevaux français. Les cavaliers d’endurance français comparent cette situation à “l’achat de toutes les équipes de football de la ligue 1 par le Qatar et Dubaï”. L’Etat devient vice-champion du monde de la discipline par équipe en 2008. Abdulrahman Saad A.S. Al Sulaiteen décroche une médaille de bronze en individuel aux Jeux équestres mondiaux de 2014. En saut d’obstacles, le Qatar commence à s’imposer sur la scène internationale. Les Jeux asiatiques de 2006, organisés à Doha, ont vu la victoire de Ali Yousuf Ahmad Saad Al Rumaihi, qui a décroché la médaille d’or de la discipline en individuel avec son étalon Nagano.
Les jeux panarabes de 2011 voient aussi le Qatar finir seconde nation de la discipline. L’Etat achète de nombreux chevaux de Grand prix, notamment Kellemoi de Pépita appartenant au cavalier français Michel Robert (2011), Zorro Z., Castiglione L., Ambiente (2010) et Palloubet d’Halong (pour la somme record de 11 millions d’euros), confié à Ali Yousuf Ahmad Saad Al Rumaihi. La jument Utascha est acquise en décembre 2013 puis confiée au cavalier Khalid Mohammed Al Emadi. La capitale Doha accueille depuis 2013 la finale du Global Champions Tour. En février 2014, le meilleur cavalier d’obstacle de l’Etat est le cheikh Ali bin Khalid Al Thani, qui pointe au 93e rang mondial après une progression fulgurante sur la saison 2012-2013, concrétisée par une remontée de 151 places. Il a été signalé comme un cavalier “à suivre” par la Fédération équestre internationale. De fait, le Qatar forme l’un des pays où l’équitation de saut d’obstacles se développe le plus.
Le cheval dans la culture locale
La politique d’investissement dans cette discipline ne se limite pas à l’achat des meilleurs chevaux, puisqu’elle comprend une formation très poussée des cavaliers qatariens.
En juin 2014, pour la première fois, un Grand prix du Global Champions Tour (à Monaco) a été remporté par un cavalier qatarien, Bassem Hassan Mohammed. L’équipe qatarienne de saut d’obstacles, entraînée par Jan Tops, a gravi progressivement les échelons de la discipline et remporte désormais d’importantes victoires internationales. Elle a gagné sa qualification pour les jeux olympiques de 2016 en février 2015, à l’occasion de la coupe des nations d’Abou Dhabi. Le cheval, en particulier Arabe, a toujours eu une grande place dans la culture locale. Cela est dû notamment à l’influence de la religion musulmane et du Coran, l’élevage de chevaux étant encouragé par le prophète Mahomet. L’héritage culturel des Emirs qatariens entre aussi en compte : l’équitation et la fauconnerie font partie des pratiques traditionnelles qui glorifient leur puissance et leur héritage tribal. Ce passé explique l’investissement des pays du Golfe dans les activités équestres et hippiques. Cependant, la perception du cheval a changé depuis un siècle : auparavant cadeau précieux, le cheval est devenu un “piédestal” pour valoriser la famille souveraine ainsi qu’un “bien de consommation courant”.
El Hadj A.B. HAIDARA