Economie et Terrorisme au cœur de la rencontre présidentielle sénégalo-ivoirienne

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A l’occasion de la visite d’État, du 20 au 22 juin 2019, du président sénégalais Macky Sall à Abidjan, la Côte d’Ivoire et le Sénégal ont signé cinq accords bilatéraux, dans divers secteurs. Sputnik s’est entretenu avec le politologue Bakary Domingo Mané. Analyse.

Au cours de la visite d’État de 72 heures du président sénégalais en Côte d’Ivoire, pas moins de cinq accords bilatéraux portant sur divers secteurs d’activités ont été signés.

«Il s’agit d’accords de coopération en matière d’habitat social, de coopération dans le domaine de l’énergie et du pétrole, de coopération et d’échanges cinématographiques. On note également un protocole de coopération cinématographique entre le ministère ivoirien de la Culture et de la Francophonie et le ministère sénégalais de la Culture et de la Communication et enfin un accord de coopération commerciale entre la Côte d’Ivoire et le Sénégal», détaille le gouvernement ivoirien dans un communiqué.

Lors de son séjour, le chef de l’État sénégalais a effectué une visite à la centrale thermique de la Compagnie Ivoirienne de Production d’Électricité (CIPREL). Macky Sall, qui souhaite une synergie ouest-africaine dans le «renforcement et la modernisation des systèmes électriques», a convié les producteurs d’électricité indépendants ivoiriens à prospecter le marché sénégalais.

La question de l’énergie est au cœur de la stratégie de développement de la Côte d’Ivoire et du Sénégal, qui aspirent à l’émergence (que veux-tu dire ?) à l’horizon 2020. En 2018, la puissance installée de la Côte d’Ivoire est estimée à 2.200 MW contre 1.200 MW au Sénégal, où le coût de l’électricité est l’un des plus élevés en Afrique de l’ouest.

​Les relations ivoiro-sénégalaises, tout comme celles entre Alassane Ouattara et son homologue sénégalais Macky Sall, sont réputées bonnes. Le premier avait apporté son soutien au second lors de la campagne présidentielle qui l’a finalement vu gagner un deuxième mandat dès le premier tour du scrutin qui s’est tenu le 24 février 2019.

La Côte d’Ivoire et le Sénégal sont les deux puissances économiques de l’Union économique et monétaire Ouest-africaine (UEMOA). Les deux pays sont les principaux fournisseurs intrarégionaux, avec respectivement 36,9% et 21,6% des exportations totales en 2017. Et le Sénégal demeure le principal fournisseur de la Côte d’Ivoire au sein de l’UEMOA, avec plus de 60% des importations intracommunautaires du pays.

Interrogé par Sputnik, le journaliste et politologue sénégalais Bakary Domingo Mané assure qu’un partenariat plus inclusif entre le Sénégal et la Côte d’Ivoire, qui sont tous deux confrontés à des problèmes communs comme le chômage ou l’immigration irrégulière des jeunes, serait bénéfique non seulement pour les deux pays, mais pour toute la zone UEMOA.

«La Côte d’Ivoire est actuellement sur les rampes du développement, c’est un pays qui peut beaucoup apporter au Sénégal en termes d’expérience et de partenariat. Les investissements d’opérateurs sénégalais et ivoiriens devraient être fortement encouragés de part et d’autre. Actuellement ce sont les investisseurs chinois, turcs et autres qui sont surtout visibles, mais il est certain que la coopération sud-sud entre ces deux pays serait vraiment salutaire pour eux et la sous-région», estime au micro de Sputnik Bakary Domingo Mané.

Outre les échanges économiques et culturels entre leur pays qu’ils souhaitent davantage redynamiser, Macky Sall et Alassane Ouattara entendent également conjuguer leurs efforts en matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme. Les deux États envisagent, entre autres, depuis 2016, la création de patrouilles mixtes aux frontières, ainsi qu’un partage accru des informations sécuritaires. En Afrique de l’Ouest le fléau du terrorisme est en pleine expansion, le Sénégal et la Côte d’Ivoire sont des cibles de choix.

La Côte d’Ivoire a déjà été frappée une première fois sur son sol. Le 13 mars 2016, une attaque revendiquée par Al-Qaïda au Maghreb islamique* a fait 19 morts, de nationalité ivoirienne, française, libanaise, nigériane, allemande et macédonienne, à Grand-Bassam, une ville balnéaire prisée, située à 40 km au sud-est d’Abidjan.Le Sénégal demeure, quant à lui, l’un des seuls États jusque-là épargnés par les attaques armées. Mais certains observateurs s’inquiètent d’une possible radicalisation de jeunes dans le pays.

«Je pense qu’on ne saurait véritablement encore parler de radicalisation au Sénégal, même s’il est vrai qu’en 2018 la justice sénégalaise a acquitté un imam poursuivi notamment pour apologie du terrorisme, association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, et que quelques-uns de ses coaccusés ont été condamnés à des peines allant jusqu’à 20 ans de prison. Tous les pays de la région ouest-africaine sont menacés par le terrorisme. Pour ce qui concerne le Sénégal, les autorités font actuellement dans la prévention, et une unité spéciale a même été créée pour faire face à d’éventuelles attaques», déclare Bakary Domingo Mané.

Pour le politologue, un pays comme le Sénégal qui a pour voisin direct le Mali, secoué régulièrement par des attaques armées, «ne peut qu’être sur le qui-vive».

«Les forces de l’ordre sensibilisent régulièrement les populations en leur faisant comprendre qu’elles sont un maillon essentiel de cette lutte, qu’il leur revient de signaler dans leurs localités des attitudes suspectes. Aujourd’hui, il y a la force conjointe du G5 Sahel qui se met en place, mais je pense qu’il faut aller au-delà en impliquant d’autres États comme le Sénégal et la Côte d’Ivoire».

Depuis 2016, les huit États membres de l’UEMOA ont entrepris de renforcer leur coopération contre le terrorisme. Les États envisagent, entre autres, la création de patrouilles mixtes aux frontières, ainsi qu’un partage accru des informations sécuritaires.

Source: https://fr.sputniknews.com

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