Dossier sur la crise libyenne: Les bavures des rebelles et de l’otan

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Depuis l’éclatement du conflit en Libye en février dernier, les insurgés ou les rebelles et leur allié qui n’est autre que l’Otan ne cessent de commettre des bavures, des exactions contre les populations civiles libyenne et les immigrés d’originaires d’Afrique sub-saharienne. Les constats faits sur le terrain sont sans équivoque.

Les constats des organisations de défense des droits de l’homme
Les ressortissants de l’Afrique sub-saharienne sont particulièrement vulnérables, estiment les organisations de défense des droits de l’homme. En mars dernier Adrian Edwards, le porte-parole du Haut commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) rapportait les témoignages recueillis auprès de Soudanais à la frontière égyptienne (est de la Libye). Ils indiquaient « que des Libyens armés (faisaient) du porte à porte, forçant des Africains sub-sahariens à partir. » De même, les personnes rencontrées mentionnaient « la confiscation ou la destruction de papiers d’identité pour un grand nombre ». « Des incidents similaires à l’encontre d’un groupe de Tchadiens qui ont fui Benghazi, Al Bayda et Brega ces derniers jours nous ont également été rapportés », a ajouté le responsable du HCR qui a invité toutes les belligérants à reconnaître « la vulnérabilité des réfugiés et des migrants originaires d’Afrique sub-saharienne et (à prendre) les mesures nécessaires afin d’assurer leur protection ».

Dans l’Est du pays, fief des insurgés libyens, ces Africains sont devenus des parias depuis qu’ils y sont assimilés aux mercenaires africains à la solde du président Mouammar Kadhafi. « Les rebelles sont responsables de nombreuses attaques contre les étrangers et les Libyens noirs, soupçonnés d’être des mercenaires. Certains ont été assassinés », a confié récemment Donatella Rovera, conseillère d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique, à Rue 89. « Nous avons rentré des étrangers et des Libyens noirs qui ont été pris pour cible par les anti-Kadhafi. Le comportement des combattants de l’opposition à leur égard pose question. Ils ont commis des violations graves », a expliqué la militante.

« Les gens du CNT sont contre ces pratiques, souligne Donatella Rovera, je les crois sincères mais ils ne contrôlent pas la situation. »

Des "mercenaires" pour les insurgés libyens
« Spoliations, insultes, passages à tabac, "licenciements" sans paiement : l’amalgame "noirs = mercenaires" a servi de prétexte à de nombreuses exactions à l’encontre de migrants d’Afrique sub-saharienne, mais aussi à de véritables attaques de la part de "groupes armés" non identifiés », indique également un rapport de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (Fidh) qui a effectué une mission du 8 au 15 mai 2011 dans la ville de Salloum, à la frontière entre la Libye et l’Egypte. Les informations collectées par les organisations des droits de l’Homme ont été confirmées par l’ambassadeur malien à Tripoli dans un document de l’OIM publié début juin. Il indique « que la vulnérabilité des Africains subsahariens à l’est du pays pousse les Maliens à fuir vers l’Egypte ». En outre, beaucoup d’immigrés africains se retrouvent bloqués dans leurs villages et villes de résidence. Selon le diplomate malien, « entre 8 000 et 10 000 » de ses compatriotes sont encore dans l’ouest de la Libye, « principalement à Sabha, Gadames, Ubari et Murzuk ».
La population civile prit pour cible par l’OTAN
A plusieurs reprises, des populations civiles ont été victimes des raids aériens de l’Otan. Le plus meurtrier a été commis le lundi 20 juin 2011 lors d’un raid aérien  qui a visé  selon le régime une résidence de Khouildi Hmidi, un homme politique influent et vieux compagnon de route du colonel Kadhafi, tuant 15 personnes dont des enfants, à Sorman, à 70 km à l’ouest de Tripoli.
L’Otan, qui a pris le 31 mars la direction des opérations internationales, a admis avoir mené un raid dans cette zone affirmant cependant qu’il s’agit d’un "raid de précision" visant un "centre de commandement et de contrôle de haut niveau" et non une cible civile, après une série de bavures ces derniers jours.

On se rappelle, M. Kadhafi avait  appelé l’ONU à envoyer des enquêteurs à la résidence bombardée pour vérifier qu’il s’agit d’un site civil et non militaire. Aussi, avait-il posé la question en s’adressant à l’Otan : de quel droit vous visez les hommes politiques et leurs familles?"

S’exprimant au Parlement italien le 22 juin 2011, M. Franco Frattini avait déclaré qu’il était juste de demander à l’OTAN des informations plus détaillées sur les résultats des missions de bombardement en Libye, et prendre des mesures pour éviter des bavures sur les populations civiles.

La colère des américains contre Obama

La chambre de représentants a refusé le vendredi 24 juin d’autoriser les frappes des Etats unis en Libye.  En effet, la Chambre qui, dominée par l’opposition républicaine, a rejeté à 295 voix contre 123 un texte devant entériner l’engagement américain dans l’opération lancée le 19 mars.
Ainsi, nombre d’élus, y compris démocrates, se sont montrés furieux que le président Barack Obama n’ait pas demandé au Congrès son avis avant d’ordonner les frappes contre le régime de Mouammar Kaddafi.
Rassemblées par Moussa Touré.

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