Le président américain se dit prêt à témoigner devant le Congrès pour rétablir “sa” vérité.
ÉTATS-UNIS – La présidence contre-attaque. Donald Trump a accusé vendredi 9 mai James Comey de mensonges et s’est dit prêt à démentir sous serment le témoignage de l’ancien directeur du FBI, selon lequel le président lui a demandé d’abandonner une enquête sur l’un de ses ex-conseillers (voir la vidéo en tête de cet article).
Le président américain a promis devant la presse de dire “dans un avenir très proche” s’il détenait des enregistrements de ses conversations privées avec l’ancien boss des fédéraux, comme il l’avait laissé entendre dans un tweet, mais il a prévenu: “Vous serez très déçus quand vous entendrez la réponse”.
La Maison Blanche devra vraisemblablement éclaircir ce mystère avant le 23 juin, la commission du Renseignement de la Chambre des représentants ayant demandé vendredi la production de ces enregistrements, s’ils existent, avant cette date.
“Il n’y aurait rien de mal si je l’avais fait”
James Comey, limogé le 9 mai par Donald Trump, a affirmé sous serment cette semaine que le président lui avait demandé d’abandonner un volet de l’enquête sur de possibles ingérences russes portant sur le général Michael Flynn, son ex-conseiller à la sécurité nationale. “Il n’y aurait rien de mal si je l’avais fait, selon tous les gens que j’ai lus aujourd’hui. Mais je n’ai pas dit cela”, a déclaré Donald Trump dans la roseraie de la Maison Blanche.
Puis il a répondu qu’il était disposé “à 100%” à le déclarer sous serment, notamment devant le procureur spécial Robert Mueller, qui supervise depuis le mois dernier tous les volets de l’enquête sur de possibles ingérences russes – catégoriquement niées par la Russie – dans la campagne présidentielle américaine, y compris selon James Comey sur une éventuelle entrave à la justice.
Il a aussi nié avoir réclamé à James Comey sa “loyauté”. L’audition de l’ancien patron du FBI “n’a montré aucune collusion, aucune entrave”, a assuré Donald Trump. “Tout va très bien. C’était une excuse des démocrates qui venaient de perdre une élection que certains disaient imperdable”. “Franchement, James Comey a confirmé beaucoup de choses que j’avais dites, et certaines choses qu’il a avancées n’étaient pas vraies”, a-t-il ajouté.
C’était la première fois que Donald Trump parlait à la presse depuis l’audition de James Comey au Sénat. Jusqu’à présent, il avait laissé ses proches répondre dans les médias.
“Fuites non autorisées”
Les défenseurs de la Maison Blanche retiennent en premier lieu l’admission par l’ancien procureur qu’il a fait fuiter à la presse en mai, via un ami, des notes dans lesquelles il avait consigné certains rendez-vous en tête à tête avec Donald Trump. “Il organise des fuites”, a-t-il accusé.
Dans ces écrits, James Comey décrivait sa gêne face à des requêtes “dérangeantes” du président, qui lui aurait dit “espérer” qu’il “abandonne” l’enquête sur Michael Flynn, soupçonné de mensonges relatifs à ses discussions avec l’ambassadeur russe. “S’il faisait fuiter régulièrement, il doit être poursuivi”, a lancé vendredi sur NBC un proche de Donald Trump, son premier directeur de campagne Corey Lewandowski.
L’avocat engagé par le président pour gérer la crise, Marc Kasowitz, a de même estimé que l’ancien chef du FBI pourrait être poursuivi pour ces “fuites non autorisées”.
Le milliardaire s’est senti exonéré par James Comey car ce dernier a effectivement confirmé devant les sénateurs que le président n’était pas soupçonné de collusion avec la Russie, en tout cas jusqu’à son éviction le 9 mai.
En revanche, le président américain et son entourage ont rejeté avec véhémence le reste du témoignage. Les experts juridiques et les commentateurs sont divisés sur le point de savoir si les actions de Donald Trump ont pu constituer une entrave à la justice, ce qui pourrait l’exposer à une procédure d’impeachment. Les Républicains continuent dans l’ensemble à soutenir le président, mais certains critiquent ouvertement ses actions.
“Il est clair que le président a demandé à James Comey d’effectuer une action inappropriée, à savoir d’abandonner l’enquête sur le général Michael Flynn”, a ainsi déclaré à CNN la sénatrice Susan Collins. Selon elle, “cela franchissait une limite que le président n’aurait pas dû franchir”.
Donald Trump a quitté, vendredi 9 mai, Washington pour son club de golf de Bedminster, dans le New Jersey, où il passera le week-end.
Par huffingtonpost.fr/ 10/06/2017 08:51