Ce lundi 20 janvier 2025, Donald Trump a à nouveau prêté serment sur la Bible, au cours d’une cérémonie dans l’enceinte du Capitole, à Washington. Ce come-back du 47e président des États-Unis ouvre une nouvelle ère de bouleversements et d’incertitude pour le monde.
Le milliardaire républicain, qui avait battu la vice-présidente démocrate Kamala Harris le 5 novembre 2024, est désormais à 78 ans, le chef d’État américain le plus âgé jamais investi dans l’histoire moderne et contemporaine des Etats-Unis.
Ce 20 janvier 2025, alors qu’au Mali, les Maliens fêtaient avec faste le 64e anniversaire de la création de l’armée malienne, en Amérique, Donald Trump au sommet de sa puissance politique a prêté serment devant Joe Biden, marquant ainsi comme on le dit en anglais son “big come-back” à la tête du monde libre. Aussitôt investi, dans un discours qualifié à la “Trumpienne” pour marquer son retour en force, le 47e président des Etats-Unis a promis un “âge d’or” pour l’Amérique, dévoilant ainsi son programme axé sur des priorités économiques, culturelles et sécuritaires.
Ce come-back retentissant de Donald Trump dans le Bureau Ovale a déjà ouvert une nouvelle ère de chambardement dans le monde. Déjà investi, M. Trump a signé des rafales de décrets. Il a retiré les États-Unis de l’Accord de Paris sur le climat, a mis fin au télétravail des fonctionnaires fédéraux et a annulé des dizaines de mesures prises par l’administration sortante de Biden.
Le nouveau locataire de la Maison Blanche devrait continuer à signer des décrets dans les jours à venir concernant l’immigration, le retrait de l’américain au sein de l’OMS, les droits des personnes transgenres et les mesures relatives à la diversité, à l’équité et à l’inclusion.
Avec la signature de ces décrets, Donald Trump entend faire quitter l’humanité du monde multipolaire à un monde unipolaire sous la conduite des Etats-Unis ; en imposant son agenda et ses règles au reste de la planète.
Depuis l’annonce de sa victoire, les Européens se sont contorsionnés et se demandent quelle attitude faut-il adopter face à un Donald Trump imprévisible et vitriole.
L’investiture du milliardaire américain à la peau et cheveu orange a soulevé des questions sur la place de l’Afrique dans sa politique étrangère.
Durant son premier mandat, Trump ne s’est jamais rendu sur le continent et n’y a pas montré d’intérêt hormis la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Lors de sa campagne électorale de l’année dernière, Donald Trump n’a même pas prononcé une seule fois le mot “Afrique” dans ses discours de campagne.
Pour le second mandat qui vient de commencer, Trump n’aura pas une politique proprement dite pour l’Afrique. A coup sûr, Trump va supprimer le sommet Etats-Unis-Afrique instauré par son prédécesseur, Joe Biden.
On sait qu’il est ouvertement hostile aux organismes multilatéraux tels que l’ONU et l’Union africaine, l’Amérique sous Donald Trump va, à coup sûr, favoriser la conclusion d’accords bilatéraux avec des pays comme l’Afrique du Sud, le Nigeria, la République démocratique du Congo, le Kenya, l’Égypte et le Maroc, notamment, afin de réduire l’influence croissante des rivaux chinois et russe sur le continent.
Il se pourrait aussi que l’administration Trump reconnaisse la souveraineté du Somaliland, cette République auto-proclamée s’est séparée de la Somalie en 1991. Depuis, elle est toujours en quête de reconnaissance par la communauté internationale. Or, la semaine passée, le comité de la Chambre des représentants américain a écrit une lettre au département d’État pour demander l’ouverture d’une représentation à Hargeisa, la capitale de la Somaliland. Néanmoins, si cela se concrétise, la Somaliland serait un atout majeur pour endiguer l’influence chinoise dans la Corne de l’Afrique.
Outre ces faits, il faut s’attendre aussi à la fermetures des portes de l’Amérique aux jeunes du continent, mais aussi de l’imposition de droits de douane pour les importations africaines aux États-Unis, avec la très forte probabilité de ne pas renouveler, en 2025, l’African Growth and Opportunity Act (Agoa), qui exonère de taxes douanières un certain nombre de produits en provenance de 32 pays d’Afrique subsaharienne.
Pour couper court, le come-back de Trump à la Maison-Blanche risque de ne pas faire bouger les lignes dans le bon sens du terme, et l’Afrique ne devrait pas en attendre grand-chose. D’autant plus que le nouveau locataire a annoncé la couleur avec ses déclarations tonitruantes et pour le moins inquiétantes pour les pays africains, avec notamment les réductions significatives dans le budget alloué aux aides au développement, la diminution annoncée de sa présence militaire sur le continent, qui pourrait être une aubaine pour les groupes terroristes.
Ousmane Mahamane