Le directeur de Human Rights Watch refoulé d’Egypte

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LE CAIRE (Reuters) – Le directeur de Human Rights Watch (HRW) et une autre responsable de l’organisation de défense des droits de l’homme américaine ont annoncé lundi avoir été refoulés d’Egypte pour “raisons de sécurité” après avoir été détenus pendant 12 heures à l’aéroport du Caire.

Kenneth Roth et Sarah Leah Whitson, directrice de HRW pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, devaient participer mardi à la présentation d’un rapport sur les massacres répétés de partisans du président islamiste déchu Mohamed Morsi par les forces de sécurité égyptiennes l’an dernier.

Les autorités du Caire, qui ont décrété les Frères musulmans “organisation terroriste”, ne font aucune distinction entre les manifestants islamistes et les groupes armés qui ont multiplié les attentats contre les forces de sécurité au cours de l’année écoulée.

Kenneth Roth a annoncé dans un communiqué que le rapport serait publié mardi comme prévu et il a déploré que le président Abdel Fattah al Sissi, qui était à la tête de l’armée quand celle-ci a renversé Mohamed Morsi, cherche à faire taire toutes les voix discordantes.

“Nous venions en Egypte pour publier un rapport sérieux sur des sujets graves qui nécessitent la plus grande attention de la part du gouvernement égyptien”, écrit le directeur de l’organisation non-gouvernementale.

“Au lieu d’empêcher le porteur de ce message d’entrer en Egypte, les autorités égyptiennes devraient se pencher sérieusement sur nos conclusions et nos recommandations, et y répondre de manière constructive”, ajoute-t-il.

“UNE SEULE VERSION”

Commentant son expulsion sur son compte Twitter, Sarah Leah Whitson a elle manié l’ironie: “La nouvelle Egypte, certainement en ‘transition’ (vers la démocratie)”, a-t-elle écrit.

Les autorités aéroportuaires ont indiqué que Kenneth Roth et Sarah Leah Whitson avaient été refoulés à la demande de responsables des services de sécurité dont elles n’ont pas précisé l’identité.

Aucun responsable gouvernemental égyptien n’a pour le moment souhaité répondre aux sollicitations de Reuters.

Omar Shakir, l’auteur principal du rapport qui détaille le massacre de centaines de manifestants islamistes -dont près d’un millier dans la seule journée du 14 août 2013 sur la place Rabaa al Adaouia au Caire- a précisé que les deux responsables de HRW devaient quitter l’Egypte lundi dans des vols séparés.

Il a souligné que lui et ses collègues espéraient débattre des conclusions du rapport avec les représentants de la société civile égyptienne.

“Il semble cependant que les autorités aient décidé qu’une seule version de l’histoire pouvait être entendue en Egypte. Nous réduire au silence n’effacera pas ce qui s’est passé il y a un an”, a dit Omar Shakir à Reuters.

“Nous continuerons à demander que les responsables de graves abus rendent des comptes (devant la justice)”, a-t-il ajouté.

(Tangi Salaün pour le service français, édité par Marc Angrand)

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1 commentaire

  1. Une quinzaine de chrétiens survivants des massacres et des déportations de populations ayant eu lieu en 2013 à Homs et à Maaloula, auxquels se sont joints des victimes alaouites de Lataquieh, ont demandé réparation à l’État français, pour les faits commis par Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, qui n’a eu de cesse d’attaquer l’État syrien et de faire la promotion du terrorisme, en particulier de l’organisation Al Nosra.

    Depuis fin 2010, début du prétendu « printemps arabe », en Syrie, nation multiconfessionnelle, des sectes islamistes tentaient de dresser la population sunnite contre les chrétiens, les alaouites et les autres minorités religieuses. Le 12 décembre 2012, à Marrakech, Laurent Fabius critiquait la décision des États-Unis de placer le Front Al-Nosra, branche syrienne d’Al-Qaida, sur leur liste des organisations terroristes, estimant qu’en Syrie Al-Nosra « fait du bon boulot ».

    Cette même organisation islamiste dévastait, pillait, incendiait, torturait, convertissait de force à l’islam, massacrait ou capturait les habitants pour les réduire en esclavage, à Lataquieh, dans plusieurs villages alaouites, le 4 août 2013, à Maaloula, village chrétien araméen, le matin du 5 septembre 2013, enfin dans la région de Homs, les 10 septembre et 21 octobre 2013, dans une volonté de déracinement génocidaire.

    Dans le cas de fautes commises par un ministre dans l’exercice de ses fonctions, la plainte pénale est soumise à la Cour de Justice de la République, mais les demandes de réparation doivent être adressées aux juridictions ordinaires. Puisqu’il s’agit de fautes commises dans le service, les ressortissants syriens, conseillés par un collectif d’avocats, ont choisi de demander au Premier ministre de reconnaître la responsabilité de l’État français (lettre du 26 mars 2014). Sur son refus (le 1er juin 2014) les victimes viennent donc de déposer une requête devant le Tribunal administratif de Paris, qui a été enregistrée le 31 juillet 2014.

    Par ailleurs, en novembre dernier deux plaintes pénales devant la Cour de Justice de la République avaient été classées. Quatre nouvelles plaintes ont été déposées contre Laurent Fabius, cette fois pour terrorisme. Les plaignants ont également écrit au Procureur général près la Cour de cassation en lui demandant de prendre des réquisitions.

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