INTERNATIONAL – Un pas de plus vers la sortie. Le Sénat brésilien s’est prononcé mercredi 10 août pour un procès en destitution de la présidente Dilma Rousseff qui pourrait conduire à sa destitution peu après la fin des Jeux Olympiques de Rio de Janeiro.
Après quelque 15 heures de débats, les sénateurs, qui votaient à la majorité simple, se sont déclarés mercredi à l’aube, par 59 voix contre 21, pour la tenue du procès de Dilma Rousseff, suspendue depuis le mois de mai sous l’accusation de maquillage des comptes publics.
C’était l’avant-dernière étape d’un marathon politique entamé il y a plusieurs mois à Brasilia: après le vote d’une commission spéciale de sénateurs jeudi dernier, le Sénat s’est cette fois prononcé en séance plénière.
L’issue ne faisait guère de doute
Elle a été suspendue de ses fonctions le 12 mai par la chambre haute et c’est son ancien vice-président devenu son rival, Michel Temer, 75 ans, qui assure depuis l’intérim à la tête de l’Etat.
“La présidente est toujours plus isolée. Un isolement très grand qui s’est aggravé ces dernières semaines et qui concerne même son propre parti”, avait déclaré le sénateur Aloysio Nunes, du parti social-démocrate PSDB, le principal soutien des Travailleurs de Rousseff. Et l’élu de poursuivre: “Je ne doute pas une seconde que, à l’instar du jugement définitif, le vote sera en faveur de “l’impeachment” et qu’elle sera destituée”
Du côté des alliés de la future ex-présidente, la sénatrice Vanessa Grazziotin avait concédé par avance la défaite. “Ils vont y arriver avec une certaine facilité”, regrettait-elle.
Une crise institutionnelle
Après cette nouvelle étape, le procès de Dilma Rousseff devrait s’ouvrir le 25 août, quatre jours après la fin des Jeux Olympiques, et durer cinq jours. Il se tiendra devant le Sénat, de nouveau présidé pour l’occasion par le président du Tribunal Suprême Ricardo Lewandowski. Le vote final se fera à la majorité des deux tiers.
En cas de destitution définitive de la présidente, ce sera la fin de plus de 13 ans au pouvoir pour le Parti des Travailleurs. Michel Temer, 75 ans, remplacera alors Dilma Rousseff jusqu’à la fin de son mandat, fin 2018. Elle serait ainsi le deuxième chef de l’Etat brésilien à être écarté du pouvoir, après Fernando Collor en 1992, qui démissionné trois mois après l’ouverture d’une procédure de destitution pour corruption.
La présidente, réélue pour un second mandat de quatre ans fin 2014, est accusée d’avoir maquillé les comptes publics et d’avoir signé des décrets engageant des dépenses non prévues au budget sans avoir demandé au préalable l’accord du Parlement, une pratique à laquelle ses prédécesseurs ont largement eu recours.
Une accusation fragile
Dilma Rousseff conteste formellement avoir commis un quelconque “crime de responsabilité” et dénonce un coup d’Etat institutionnel ourdi par Temer et la droite brésilienne. Sur le plan strictement juridique, le parquet brésilien lui a donné partiellement raison en estimant que les tours de passe-passe budgétaires qui lui sont reprochés n’étaient pas constitutifs de crimes. L’accusation, déjà fragile, ne reposerait plus que sur la signature de quelques décrets litigieux.
Dans les faits, il s’agit aussi et avant tout d’un procès politique intenté à une présidente fragilisée depuis l’éclatement de sa majorité parlementaire au plus fort de la crise politique brésilienne au printemps dernier.
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