Admise à l’hémicycle avec Illiassou Goro, son colistier du Parti pour la solidarité et le progrès (qui revendique l’héritage de Fily Dabo Sissoko et de Hammadoun Dicko, dont elle est une nièce, du Psp originel-parti progressiste soudanais- égaré dans les méandres de l’histoire-), en juillet 2007 après avoir terrassé le mont Hombori que symbolisait l’Adema de Moustapha Dicko et de Ali Nouhoum Diallo, deux pachydermes politiques d’envergure nationale, Mme Dicko Fatoumata Dicko est aujourd’hui l’une des femmes les plus influentes du Mali. A ce titre, elle est comparée, par certains, à la Grande Royale. Ce personnage du classique l’" Aventure Ambiguë " du Sénégalais Cheikh Hamidou Kane, incarnant la bravoure féminine au milieu d’un régime misogyne. Même s’il faut préciser que le Mali est loin d’être un régime misogyne, le poids social contraint quand même la femme à s’abriter derrière les hommes.
Après son diplôme d’études fondamentales (Def ou Bepc) obtenu à Konodimini dans le cercle de Ségou, Fatoumata Dicko entre, en 1974, au lycée technique de Bamako en filière Maths technique et économie (Mte). En 1978, elle décroche le baccalauréat malien deuxième partie et s’inscrit à l’ancienne Ecole des hautes études pratiques (Ehep), actuel institut universitaire de gestion ; d’où elle sortira avec le diplôme universitaire technique en 1981. En avril 1984, elle est admise au test de recrutement d’agents de l’Energie du Mali (Edm) et y devient agent commercial.
Dans cette société, elle gravira des échelons : d’agent commercial, elle devient agent de la direction financière et commerciale puis à la section approvisionnement. De 2000 à 2007, année où elle est élue députée à l’Assemblée nationale, Mme Dicko Fatoumata Dicko occupait le poste de chef de section gestion des stocks de la même société.
La fulgurante ascension politique…
Entrée en politique avec fracas en 2007, Mme Dicko Fatoumata Dicko était pourtant considérée comme un outsider à Douentza, lors des législatives de 2007, face à la liste Adema conduite par Moustapha Dicko, ancien ministre de l’Education et soutenue par Ali Nouhoum Diallo, enfant du terroir et ancien président de l’hémicycle. Et contre toute attente, la liste Psp qu’elle forme avec Illiassou Goro, passe au détriment du parti de l’Abeille qui avait fait de Douentza sa chasse-gardée, au soir de la proclamation officielle des résultats. Dès après son élection, son charisme fait d’elle une personnalité incontournable au sein de la deuxième Institution de notre pays que constitue l’Assemblée nationale. Ainsi, d’octobre 2007 à septembre 2008, elle est la sixième secrétaire parlementaire de l’Assemblée nationale, d’octobre 2008 à septembre 2009 elle est élue présidente de la commission santé, développement social et de la solidarité. D’octobre 2009 à septembre 2010, elle est vice-présidente du groupe parlementaire " Alliance pour la consolidation de la majorité " dont le Psp, l’Um-Rda, le Mouvement citoyen, le Miria, entre autres, sont membres et qui comptait à l’époque 13 formations politiques. Actuellement, l’honorable Dicko occupe le poste de vice-présidente de la commission finances, économie, plan et secteur privé de l’Assemblée nationale. Une ascension fulgurante, diront les Anglo-saxons, pour un premier mandat.
Fière de sa percée politique, Mme Dicko Fatoumata Dicko, se souvient de sa localité d’origine : Douentza ; la capitale de la zone que certains surnomment le Haïré, perdue entre le Gourma et le plateau dogon. Faite d’un alliage cosmopolite de dogon, de peulhs ardo, de sonrhaï de Hombori. " Je suis une élue du peuple, c’est la population qui m’a réclamée et qui m’a demandé de me présenter. Elle rêvait de rupture, d’alternance’’. Elle en avait marre de l’immuabilité et de l’inamovibilité de l’Adema. Et oui, immuabilité ou inamovibilité, la zone était dans une situation humanitaire chaotique en dépit de l’influence dont pouvaient user ses élus à l’Assemblée, en dépit des hautes fonctions qu’occupent ses fils dans la haute sphère du pouvoir. C’est donc sous la bannière du parti de sa famille que Mme Dicko Fatoumata Dicko décide de se présenter en 2007. Et le coup lui réussit. " Je rêve d’un développement spectaculaire pour mon cercle. De l’épanouissement de sa population. Du changement de la condition de vie des hommes et des femmes qui ne pensent qu’à l’exode, à l’émigration : nos frères sont très nombreux en Guinée équatoriale et au Cameroun… ". Pour stopper cet exode massif, ce dépeuplement, elle a trouvé des solutions : assurer l’autosuffisance alimentaire non seulement, mais aussi, réaliser des pistes pastorales, des bourgoutières. A ceci s’ajoutent le creusement de nouveaux lacs et l’aménagement de ceux existants que sont les lacs Korarou et Angoundou pour l’approvisionnement de la double population humaine et animale en eau potable -Douentza abrite l’une des plus grandes réserves mondiales d’éléphants de savane, menacée de disparition, faute de points de stockage d’eau-. L’honorable Dicko est soutenue dans sa démarche par des partenaires comme la Banque africaine de développement, mais aussi par la direction nationale de l’hydraulique. Le plus beau souvenir de sa vie de politicienne est sans doute le fait que la localité qu’elle représente à l’Assemblée nationale sera érigée en chef-lieu de région. Mme Dicko se réjouit de cette proposition faite par le président de la république, au soir du 31 décembre 2010, dans sa traditionnelle adresse à la nation à l’occasion du nouvel an 2011.
Amadou Salif Guindo