L’ancien Premier ministre Boris Johnson n’a pas caché son ambition de revenir au premier plan de la vie politique britannique mais l’affaire semble déjà compromise par de nouvelles révélations dans le scandale du “partygate”.
Dans un podcast diffusé cette semaine par la télévision ITV, des nouveaux témoignages viennent contredire la version avancée par Boris Johnson selon laquelle il n’était pas au courant de ces fêtes illégales organisées à Downing Street pendant les confinements anti-Covid. Cette affaire et des scandales touchant des ministres et proches collaborateurs de l’ancien Premier ministre l’avaient contraint de démissionner l’été dernier.
Selon ces témoignages d’anciens fonctionnaires, Boris Johnson aurait plaisanté durant une fête organisée en novembre 2020 au 10 Downing Street, affirmant qu’elle était “la moins respectueuse de la distanciation sociale dans tout le Royaume-Uni”. Et des documents auraient été détruits quand la perspective d’enquêtes sur ces fêtes a commencé à se préciser, affirment encore ces témoins.
Commission parlementaire
Ces révélations font surface au moment où une commission parlementaire doit débuter une enquête susceptible d’aboutir à la suspension de l’ambitieux Boris Johnson en tant que député, voire son exclusion de la chambre des Communes. La procédure doit déterminer s’il a menti à la chambre, notamment lorsqu’il a affirmé devant les parlementaires en décembre 2021 que “les règles ont tout le temps été respectées”.
Après enquête, la police avait déjà conclu qu’il avait enfreint la loi, et lui avait infligé une amende pour avoir participé à un pot surprise pour son anniversaire en juin 2020, du jamais vu pour un Premier ministre en exercice. Rishi Sunak, devenu depuis Premier ministre, avait lui aussi écopé d’une amende.
Interrogé, un porte-parole de Boris Johnson n’a pas démenti les propos prêtés à l’ancien Premier ministre dans le podcast d’ITV, mais a insisté sur le fait qu’il a “travaillé constamment” pour s’assurer que le gouvernement faisait tout ce qu’il pouvait pour protéger les gens et les emplois durant la pandémie. Un porte-parole de Rishi Sunak a lui assuré jeudi que “le personnel avait reçu des instructions claires pour conserver toute information pertinente et pour coopérer à l’enquête” sur ces fêtes illégales.
Soutiens inébranlables
“Alors que l’ancien Premier ministre discrédité tente de revenir, (ces révélations) nous rappellent une nouvelle fois les raisons pour lesquelles il est totalement inadapté pour le poste”, a réagi Angela Rayner, la numéro 2 de l’opposition travailliste. Parti sous la pression des parlementaires conservateurs, Boris Johnson a tenté un retour en octobre lorsque sa successeure, Liz Truss, empêtrée dans les difficultés, a dû à son tour quitter Downing Street après moins de 50 jours en poste.
Rentré en urgence de ses vacances dans les Caraïbes, il s’était lancé dans une campagne express durant un week-end avant de jeter l’éponge, permettant à Rishi Sunak de devenir Premier ministre. Mais une soirée en son honneur mardi au très pro-conservateur Carlton Club à Londres, durant laquelle il a vanté son bilan, a été interprétée comme une nouvelle étape dans sa volonté de retour à quelques mois d’élections locales, où les sondages ne prédisent rien de bon pour Rishi Sunak.
Car malgré ses nouvelles révélations, l’ancien maire de Londres jouit encore de soutiens inébranlables dans les rangs conservateurs, à l’image de son ex-ministre Nadine Dorries. “La plupart des gens sains d’esprit savent qu’ils (les parlementaires conservateurs) ont fait une énorme erreur. Rien ne va bien pour nous depuis le jour où ils ont écarté Boris Johnson”, a-t-elle défendu sur le média TalkTV lundi.