Des « femmes imams » en Algérie pour lutter contre l’extrémisme religieux : Et si le Mali s’en inspirait

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Lutter contre l’extrémisme religieux et neutraliser toute velléité terroriste islamiste ne se fait pas uniquement sur le plan strictement militaire. La principale force de ces bandits est leur foi et leur conviction inébranlable en leur idéal. Et pour les combattre efficacement, il est impérieux de prendre en compte l’aspect idéologique du terrorisme.

 

Appelées également « mourchidates »,  pour dire « celles qui guident » en arabe, ces femmes qui ont une parfaite maitrise du Coran et de la Sunna sont l’une des principales armes de l’Etat algérien contre l’extrémisme religieux. Elles effectuent tous les travaux qui reviennent à un imam excepté la prière réservée uniquement à l’homme dans l’Islam. Elles interviennent essentiellement dans les mosquées, les prisons, les écoles ou encore les maisons de jeunes. Elles y véhiculent une autre image de la religion musulmane, religion de paix et de tolérance aux antipodes de ce que les groupuscules jihadistes prônent.

 

Il s’agit là d’un bel exemple pour notre pays. Car l’Algérie est partie du traumatisme de la guerre civile qui a fait plus de 200 000 morts pour mettre en place ce programme. Au Mali aussi, après la traumatisante occupation jihadiste des trois villes au nord, nous devons nous inspirer de l’expérience algérienne. Déjà, la mise en place d’un ministère des affaires religieuses et du culte est un pas non négligeable. Mais l’on peine à savoir son domaine exact d’intervention. Il est évident, qu’entre autres, l’une des missions essentielles du Ministère aurait pu être la veille  sur les foyers à forte potentialité d’extrémistes religieux sur toute l’étendue du territoire nationale. En Algérie, ce ministère existe depuis le début des années 1990 et l’idée des femmes imams est l’une de ses trouvailles.

 

Après plus de vingt ans de mise en œuvre, l’expérience semble prouver qu’il est beaucoup plus facile de se confier à une femme. Dans le contexte malien, toutes celles qui ont été victimes d’exactions de tout genre vont, à coup sûr, se confier plus aisément à une femme qu’elles considéreraient plus comme une mère, une grande sœur ou une simple confidente qu’à un homme. De même, un jeune garçon sous une menace d’enrôlement par des terroristes aura plus de sentiment en face d’une figure féminine.

 

L’endoctrinement est un phénomène mondial et notre pays n’en est pas épargné. Des couches sensibles comme les adolescents ou les jeunes filles désœuvrées sont des cibles faciles pour les jihadistes. Nos autorités doivent au plus vite investir le terrain idéologique de la guerre ouverte qu’elles mènent désormais contre l’intégrisme religieux.

 

Ahmed M. Thiam

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