Le nouveau président ivoirien vient de demander aux officiers des FRCI de mettre fin aux belligérances des milices au besoin par la force. Cette injonction me concerne également. Ce lundi, une invitation m’a été adressée pour faire allégeance au chef d’Etat. Ce que j’ai accepté. J’ai aussitôt demandé aux forces impartiales de l’ONUCI d’encadrer mon escorte pour garantir ma sécurité physique. Quelques heures avant mon départ des mouvements irréguliers de troupes ont été signalés à Yopougon au niveau des positions de mes hommes. J’ai exigé des informations. Les explications du commandant Chérif Ousmane n’ont pas été convaincantes. Par ailleurs, personne au Qg du président ne semblait être au parfum de ce rendez-vous. Et pourtant l’information a été largement diffusée dans la presse. Ma déception est grande.
Je ne comprends toujours pas les raisons qui justifient cette opposition farouche à ma volonté de ralliement au président élu. Existe-t-il aujourd’hui des ivoiriens bannis du processus de réunification nationale ? Qu’est-ce qui peut alimenter aujourd’hui ce sentiment de rejet de l’autre que nous avons combattu dans la politique du président déchu Laurent Gbagbo ? Les vieux démons refont-ils surface ? Si j’ai joué un rôle déterminant dans l’arrivée effective au pouvoir du Docteur Alassane Ouattara c’est parce que je le crois sincèrement au-dessus des considérations partisanes qui ont pendant une dizaine d’années déchiré notre nation. Serait-il devenu l’otage de conseillers et courtisans avides de pouvoir ? Pour ma part je continue à défendre mes convictions personnelles fondées sur le respect et la tolérance.
En organisant la résistance contre Gbagbo, je ne condamnais pas seulement l’homme mais aussi un système totalement corrompu. L’intérêt collectif a été subordonné à l’intérêt individuel. Seul son clan immédiat a profité des richesses de la nation au détriment du peuple. La classe moyenne a disparu sous son règne. La valorisation du travail des paysans n’a plus été reconnue. L’école a été saccagée. L’avenir des jeunes compromis. Le déficit budgétaire abyssal.
Fallait-il ne rien faire ? Nous avons choisi de nous battre aux côté du Docteur Alassane Ouattara pour défendre notre destin commun et libérer notre peuple. La défaite de Gbagbo a été la victoire du peule. Elle ne doit pas être confisquée par une minorité de personnes décidées à se partager le pouvoir. Et pour satisfaire leurs ambitions égoïstes des ennemis sont fabriqués.
En ce qui me concerne, depuis le départ de Gbagbo je considère ma mission accomplie. J’ai déposé les armes. Je n’ai plus d’ennemis à combattre. Dès lors, je me suis mis à la disposition du nouveau chef dont je reconnais pleinement les pouvoirs. Et ma volonté de mobilisation à ses côtés ne fait pas l’ombre d’un doute. D’ailleurs, j’ai multiplié les appels en faveur de la paix et de la réconciliation nationale. Je le fais d’autant plus volontiers que je crois sincèrement au dialogue et à la négociation franche, qui ne se fondent pas sur des calculs d’intérêts personnels pour sortir la Côte D’ivoire de la crise actuelle.
Aussi, mes frères d’armes d’hier seront toujours mes amis d’aujourd’hui. En effet, Il est possible de partager des valeurs communes et avoir des convictions différentes sans être pour autant un dissident potentiel à abattre. Au-delà donc de tout ce qui a pu nous opposer « les frères d’armes d’hier» il convient de s’inscrire dans le pardon vrai et servir dans la sincérité notre pays.
Dresser les ivoiriens les uns contre les autres n’est pas souhaitable. Nous devons plutôt jouer la carte de l’apaisement pour nous réunir et choisir notre destin commun. J’ai donc confiance au président qui nous aidera certainement à gagner ce pari. Ce noble pari
Vive le Président Ouattara
Pour que vive une Côte d`Ivoire unie et fraternelle
Fait à Abidjan, le 25 avril 2011
Général Ibrahima Coulibaly dit IB
Commandant en Chef du Commando Invisible
(Source: Secrétariat des Forces de défense et de sécurité impartiales de Côte d`Ivoire)
4 mai 2011 – abidjan.net