Depuis que l’insurrection populaire a commencé en Libye, «les observateurs avertis, experts en stratégie et spécialistes des printemps» prédisent régulièrement la chute du Guide de la révolution libyenne, Mouammar Kadhafi. De plus en plus, les voix s’élèvent pour dire que ce ne serait plus qu’une question d’heure. En attendant, le pays est divisé.
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rnMais surtout, la grande Jamahiriya est en feu et en flammes. La communauté internationale se mobilise et se fait remarquer par des déclarations intempestives. Ainsi, l’Organisation des Nations Unies, les Etats-Unis, l’Union européenne ont décrété tous azimut des embargos sur les armes, des gels sur les avoirs à l’extérieur, notamment le gel des intérêts de sociétés libyennes liées au régime. Mais, le Guide n’en a cure : il guide son pays vers la ruine et la destruction. Appuyé de ses fils et de sa famille, Mouammar Kadhafi est parvenu à diviser la Grande Jamahiriya en plusieurs zones, déterminées selon le tribalisme qui ne faisait que sommeiller en ces contrées.
rnDevant le désastre qui menace surtout les étrangers, plusieurs pays occidentaux et même africains ont mobilisé le maximum de moyens pour exfiltrer et rapatrier leurs compatriotes. Les pays qui n’en ont pas les moyens se rabattent sur les pays amis ou sympathisants. Bref, tout le monde se mobilise. Même le Mali, aux dires des autorités.
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rnC’est par un communiqué laconique lu du bout des lèvres sur les ondes de la radio et de la télévision d’Etat que le gouvernement malien a annoncé qu’il est en train de tout entreprendre pour la sécurité des Maliens résidant en Libye et de leurs biens. Par le même communiqué, le peuple apprend que des cellules de veille ont été créées. Avant ce mardi 1er mars 2011, c’est-à-dire plus de deux semaines après le début du chaos libyen, c’était le silence radio total et complet. Malgré la présence de quinze mille Maliens à Tripoli et dans d’autres régions de ce pays, l’embastillement de bon nombre de nos ressortissants, malgré la maltraitance et le dépouillement moral et physique que subissent nos compatriotes, les autorités ne voulaient pas lever le petit doigt.
rnQue Kadhafi, ses enfants et ses légions islamistes ou étrangères commanditent des attentats à la bombe, traquent, assassinent des opposants supposés ou réels, exterminent des civils innocents, le Mali de Moussa Traoré, de Alpha Oumar Konaré, de Amadou Toumani Touré s’en fout. Tout ce qui intéresse nos dirigeants, ce sont les pétrodollars gracieusement offerts par Kadhafi pour leur permettre d’arrondir les fins de mois.
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rnA part cela, ils ne veulent rien savoir. Même pas que le Guide est devenu depuis ses premiers mois au pouvoir infréquentable et, surtout, dangereux pour ses voisins et l’Afrique. Le Mali en sait quelque chose : c’est son infect «ami» qui a financé et orchestré la rébellion dans le nord malien. Or, même à l’heure où cet ami est devenu encombrant et menace de chuter, le gouvernement est muet comme une carpe. Ni condamnation, a fortiori sanctions. Or, il y a bel et bien matière à sanction.
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rnEn effet, concernant le gel des avoirs des sociétés libyennes en rapport avec le régime, les autorités maliennes peuvent très bien s’illustrer. Depuis quelques années, le groupe libyen LAP (libyan arab portofolio), à travers Oilibya, Malibya, Laïco, a entrepris d’investir, respectivement, dans les hydrocarbures, l’agriculture et l’hôtellerie. Parallèlement, Kadhafi, en personne, a financé des actions dans les régions de Tombouctou, de Gao et de Kidal, la Cité administrative de Bamako, la grande mosquée de Ségou. Sans bien sûr oublier le financement de la télévision nationale. Les agents de cette chaîne, selon certaines indiscrétions, auraient reçu l’ordre formel de ne pas montrer les hordes de Kadhafi en train de massacrer les combattants de la liberté et, surtout, de paisibles et innocentes populations civiles.
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rnPour en revenir aux investissements, l’argent généré par les activités des entreprises libyennes au Mali dorment ou transitent par des banques dans lesquelles la Libye détient d’énormes intérêts, comme BSIC, BCS.
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rnA l’heure où la communauté internationale demande à tous les pays du monde de geler les avoirs libyens, le gouvernement malien reste sourd, muet, aveugle et amorphe.
rnMais, personne n’est dupe. Si les plus hautes autorités du pays ne font rien dans ce sens, c’est que certains membres du pouvoir ont des intérêts très, très liés avec ces sociétés libyennes. Parce que, et cela est de notoriété publique, les investissements libyens au Mali sont gérés par un seul et même individu, qui a ses bureaux dans un grand hôtel de la capitale. Un Malien de pure souche qui, lui-même, serait très lié au cercle présidentiel, ayant de larges entrées au palais de Koulouba.
rnMais, par respect pour la communauté internationale et les conventions internationales signées et ratifiées par le Mali, au risque d’y perdre des plumes, les gouvernants doivent se résigner à geler les avoirs libyens au Mali. Quitte à les nationaliser et à rajouter leurs caisses au trésor public.
rnCheick Tandina
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