Le début de la fin pour Angela Merkel ?

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Angela Merkel veut que l'Union européenne accueille les migrants musulmans. Photo © AFP
Angela Merkel veut que l'Union européenne accueille les migrants musulmans. Photo © AFP

La défaite de la CDU hypothèque les chances de la chancelière de briguer un troisième mandat à l’automne 2017 et sanctionne sa politique d’accueil des migrants.

Les élections en Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, ce petit Land pauvre quasi insignifiant, enclavé à l’extrême est de l’Allemagne, le long de la Baltique, n’auraient déclenché aucune passion si ses électeurs n’avaient pas, lors des régionales d’hier, décidé de punir sévèrement Angela Merkel. Non seulement la CDU – le parti de la chancelière – s’effondre avec 19 % des voix, mais ce gros tanker démocratique se fait aussi doubler par l’AfD, la nouvelle extrême droite allemande, qui se présentait pour la première fois dans la région et ratisse d’un coup 20,8 % des voix. Un résultat spectaculaire : l’AfD est, du jour au lendemain, propulsée deuxième force politique après le SPD, qui, avec 30,6 % des voix, perd du terrain, mais continuera à gouverner le Land en alliance avec la CDU minoritaire. Le parti de la chancelière doit se contenter de la troisième place.

L’Allemagne a du mal à faire face à ses réfugiés

Pas besoin de grandes analyses savantes pour décrypter ce résultat. Cette élection équivalait à un référendum : pour ou contre les réfugiés et les transformations que leur arrivée massive est en train d’engendrer en Allemagne. Les électeurs du Meckpom, comme on surnomme cette région, protestent à cor et à cri contre la décision prise en solo par Angela Merkel il y a tout juste un an d’ouvrir les portes de l’Allemagne aux milliers de réfugiés amassés dans des conditions sanitaires déplorables à la frontière austro-hongroise. On connaît les conséquences de ce geste humanitaire : durant des mois, des centaines de milliers de réfugiés ont afflué en Allemagne chaque semaine. Plus d’un million l’an dernier. L’Allemagne a du mal à faire face. On a du mal à les loger, à les enregistrer. La mobilisation des bénévoles est impressionnante. Très vite, beaucoup d’Allemands prennent peur. C’est trop ! Leur pays va-t-il être culturellement défiguré ? Qu’adviendra-t-il de nos emplois, de nos logements sociaux, de nos écoles ? Les agressions sexuelles lors de la Saint-Sylvestre à Cologne portent l’inquiétude à son paroxysme. Une aubaine pour l’AfD (Alternative für Deutschland) qui vient de naître.

C’est en Chine, où elle assiste au sommet du G7, qu’Angela Merkel a pris connaissance de ces résultats catastrophiques. Elle a bien compris que c’est elle, personnellement, qui se trouve dans le point de mire. Cette élection est hautement symbolique puisque c’est dans le Meckpom que se situe, sur l’île de Rügen dans la mer Baltique, la circonscription de la chancelière. « Cette élection, ironise ce matin le Spiegel, avait quasiment lieu dans le salon de la chancelière. » Dans ce salon, la gifle fut encore plus cuisante qu’ailleurs puisque l’AfD a décroché plusieurs candidatures directes et s’impose comme le parti le plus fort. Ces résultats viennent confirmer le désamour des sondages. Il y a un moment déjà qu’Angela Merkel a cédé à d’autres les premières places du baromètre de la classe politique allemande.

Peut-elle se représenter l’année prochaine ?

La chancelière va devoir tenter d’expliquer, d’argumenter, de rassurer, de calmer. Le flot de réfugiés s’est tari depuis que la route des Balkans est bloquée grâce à un accord fragile avec la Turquie, et le gouvernement a imposé des restrictions sévères pour l’octroi d’un séjour à durée indéterminée. Ces mesures n’ont manifestement pas suffi à rassurer. Une débâcle personnelle à quelques semaines des élections à Berlin (le 18 septembre), mais surtout à un an des législatives. Certes, Angela Merkel joue la coquette et n’a pas encore apporté la réponse à la fameuse question K – K comme Kanzlerin. Il n’est pourtant un secret pour personne qu’elle songe très sérieusement à se représenter pour un troisième mandat à l’automne prochain. Cela lui permettrait de marcher dans les pas d’Helmut Kohl (16 ans au pouvoir), mais surtout dans ceux de son maître à penser en politique Konrad Adenauer. Un vieux rêve quelque peu ébranlé aujourd’hui.

  Publié le 05/09/2016 à 11:41 | Le Point.fr

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