On peut s’attendre à ce que le climat et la biodiversité soient plus débattus qu’il y a 5 ans, lors de la présidentielle de 2017. Aborder le sujet trois fois serait suffisant.
POLITIQUE – Parfois, il suffit de peu pour améliorer les choses. Imaginons, par exemple, qu’Emmanuel Macron et Marine Le Pen souhaitent un peu plus parler d’écologie qu’en 2017 lors du débat de l’entre-deux-tours de la présidentielle, ce mercredi 20 avril. Eh bien, ils n’auraient pas besoin de faire de gros efforts. Prononcer le mot ”écologie” une seule fois suffirait. Ou bien “pollution”, ”énergie”, “développement durable”, “renouvelable”, “transition”. Le choix est vaste.
L’effort serait double si les candidats veulent améliorer leur prestation de 2017 sur la question plus globale de “l’environnement” ou sur celle plus spécifique du “climat”. Ce sont en effet les deux seuls mots liés à cette thématique qui ont été prononcés à l’occasion du précédent débat de l’entre-deux-tours qui a opposé Marine Le Pen et Emmanuel Macron.
C’est la candidate du RN qui évoquait le premier, ou plus exactement son adjectif, affirmant vouloir éviter, entre autres, le “dumping environnemental” grâce à son “alliance européenne des nations”, remplaçant l’Union européenne. Quant au second, Emmanuel Macron affirmait vouloir “poursuivre, avec M. Trump, le travail qui a été commencé sur le climat”, alors qu’il défendait sa vision de la politique étrangère française. Moins d’un mois plus tard, Donald Trump annonçait le retrait des États-Unis de l’Accord de Paris.
En dehors de ces deux exceptions, aucune des questions liées à l’environnement n’avait été ne serait-ce qu’évoquée. Y compris si l’on élargi aux points plus techniques tels que le nucléaire, le recyclage ou encore les éoliennes (pourtant aujourd’hui proposition phare et controversée de Marine Le Pen). Pour s’en rendre compte, il suffit de consulter la retranscription intégrale du débat sur le site Vie publique et de faire une simple recherche de ces mots clés.
La faute aux candidats
Certes, il y a 5 ans, l’écologie n’était pas la préoccupation principale des électeurs. Selon une enquête récurrente du ministère de l’Intérieur, seuls 5% des Français plaçaient l’environnement en première position, loin derrière le terrorisme (32%), le chômage (23%), et la pauvreté (13%).
Pourtant, la thématique écolo était semble-t-il au programme. C’est ce qu’explique au HuffPost Nathalie Saint-Cricq, la journaliste qui avait co-animé le débat pour France 2: “Il y a cinq ans, nous n’avions pas pu parler d’écologie et ça nous avait été reproché. En réalité ce sont les candidats qui traînaient”.
Il faut dire que l’écologie n’était pas vraiment au programme des deux candidats en général. Nicolas Hulot s’en était ému à l’époque dans une interview au Monde. “Moins de deux ans après l’accord de Paris et à quelques jours d’une probable sortie des États-Unis par Trump, on est frappé d’amnésie”, avait-il déploré.
Celui qui était alors loin d’être ministre de l’Environnement taclait le peu de questions des journalistes, mais aussi le fait que “le thème de l’environnement et de l’écologie est resté à la marge de toute la campagne, avec une petite exception lorsque Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon étaient encore en course”.
Ce mercredi 20 avril, il sera facile pour Emmanuel Macron et Marine Le Pen de faire mieux qu’en 2017 sur l’écologie en termes de temps de parole. Et au vu de la tentative du président sortant ces derniers jours de séduire la France écolo, il est même possible que l’environnement soit un des thèmes les plus abordés du débat de 2022, comme l’Europe avait dominé le débat de 2017. Quant à la qualité des échanges, rendez-vous jeudi pour en débattre.
PAR https://www.huffingtonpost.fr/