David Maraga, le Président de la Cour suprême kényane, a lu devant l’opinion nationale et internationale le vendredi 1er septembre 2017 une décision prise à la large majorité des membres de ladite Cour, d’annulation pour «irrégularités» le résultat de l’élection présidentielle du 8 août qui avait donné Uhuru Kenyatta, le Président sortant, vainqueur. Par cette courageuse décision, David Maraga vient d’écrire l’une des pages les plus glorieuses de l’histoire de la démocratie de son pays et par ricochet celle de l’Afrique tout entière. Les sept sages de la Cour Suprême Kenyane méritent leur qualificatif et leur décision fera date dans les annales de l’histoire de ce pays au passé souvent tumultueux. Ils ont donné aux autres institutions chargées de trancher en dernier ressort les contentieux électoraux, une leçon de morale, d’éthique et de patriotisme. Comment en est-on arrivé à cette décision de la Cour Suprême, qui, bien que saluée par tous les démocrates à travers le monde, a surpris plus d’un ? Y a-t-il des David Maraga en Afrique ? Pas beaucoup. Cependant, on peut citer le cas de la présidente de la Cour constitutionnelle du Niger qui a déclaré inconstitutionnel le troisième mandat « tachardé » du président Tandja. Pour rappel, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase est partie de la proclamation partielle des résultats par la Commission Electorale et qui donnait une large avance au Président sortant Uhuru Kenyatta. Son Challenger Raila Odinga n’a pas attendu longtemps pour dénoncer la fraude électorale, à travers le piratage du système informatique. Il a rejeté les résultats, quand ceux-ci avaient été déjà cautionnés par la plus part des observateurs nationaux comme internationaux, qui avaient du coup appelé au calme et au fair play du perdant. Raila Odinga et ses partisans, poussés par les observateurs internationaux, après moult hésitations et sans grande conviction, ont fini par saisir la juridiction compétente à la matière qui est la Cour Suprême aux fins d’annuler les résultats de l’élection présidentielle. Et à la surprise générale des requérants, la cour a déclaré que l’élection présidentielle n’a pas été conduite conformément à la Constitution et a, par conséquent, invalidé les résultats. Elle a enfin instruit aux autorités l’organisation dans deux mois d’une nouvelle élection présidentielle. Ainsi, pour la première fois en Afrique, une élection présidentielle venait d’être invalidée par une Cour suprême. Désormais, le pays de Jomo Kenyatta, le père de l’indépendance, intègre le cercle fermé des pays en Afrique où la séparation des pouvoirs n’est pas que formelle. Même s’il avait fait bon cœur contre mauvaise fortune, le président sortant est réélu, Uhuru Kenyatta a fini par dénoncer ce qu’il a appelé le coup d’Etat des juges. Si la Cour suprême kenyane a donné de l’espoir face aux élections présidentielles légalisées malgré des vices patents, il est à craindre que le scrutin présidentiel devienne systématiquement une consultation à trois tours, les deux premiers devant les électeurs et le troisième devant les juges.
Youssouf Sissoko
Peut-être faudrait-il “attendre” la bénédiction des occidentaux …
Les vieux principes de la dominations occidentales perdurent hélàs encore!
Comments are closed.