«Il y a tout un livre à écrire sur la théâtragédie démocratique en Afrique, quand le fort, pour rester fort, force jusqu’à susciter le soupçon. Le pouvoir est alléchant, mais il est aussi blessant. Le palais est attrayant, mais également glissant. Par-delà la rime, c’est la chronique d’une élection disputée, au scrutin qu’on dit serré pour ne pas dire forcé. Chirac disait que la démocratie est un luxe pour les Africains, l’autre, d’un ton plein d’humour disait qu’on ne peut pas organiser une élection en Afrique et la perdre pour dire que lui-même ne pouvait pas la perdre, ou ne laisserait personne sonner sa défaite. Non, la démocratie n’est pas un luxe sous les Tropiques. Certains pays réussissent les scrutins avec “élégance nationale”, mais d’autres traînent encore l’hypothèque coloniale.
Le Gabon est “un produit politique néocolonial” qui n’a pas encore fini avec les conséquences de la politique d’hier. Et pour réussir l’entrée en demain, il n’est guère étonnant qu’il y ait tant “d’aujourd’hui” tragiques. C’est que pour déboulonner un système, il faut souvent plus qu’une joute électorale. Mais les peuples savent surprendre, se surprendre.
La démocratie, sans être une panacée à tous les maux, s’impose de plus en plus comme un impératif catégorique. Certains pays se développent certes avec un autoritarisme tartiné de patriotisme et de vision (Rwanda, Chine…). Mais on ne peut plus massacrer en 2016 comme on le faisait naguère au nom d’un palais qu’on veut “patrimoine personnel”. Les dynasties finissent souvent dans le sang, certaines réussissent à perdurer mais les monarques aussi ont leurs nuits d’insomnie. Le pouvoir peut être un fardeau souvent. Certains ne savent pas souvent comment s’en débarrasser, surtout quand sévit le spectre du tribunal.»
Yaya TRAORE