Crise post électorale en Côte d’Ivoire : 10 maliens tués et plusieurs autres détenus

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Depuis la marche du Rhdp le Jeudi 16 Décembre dernier, il est difficile de chiffrer les pertes en vies humaines. Tandis que les organisations des droits de l’homme font état de 50 morts et de plus de 200 blessés, d’autres sources indépendantes donnent le chiffre effarant de 120 morts, environ 200 blessés et plus de 500 détenus à la Préfecture de Police d’Abidjan.

Ces derniers se basent sur les 70 corps criblés de balles à la morgue d’Anyama, parmi lesquels un malien et 60 corps enterrés dans un charnier découvert le week-end dernier dans la forêt du Banco à Abidjan. Notre communauté qui paye le lourd tribut des événements dans le pays déplore déjà une dizaine de morts, plusieurs blessés et 15 détenus à la Préfecture de Police d’Abidjan.

La situation devient vraiment critique pour les communautés étrangères, principalement pour nos compatriotes vivant en Côte d’Ivoire. La semaine dernière, nous faisions état de 5 morts dans les rangs de nos compatriotes de Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, le nombre des victimes maliennes s’agrandit. Suite à la marche du Rhdp sur la Rti le 16 Décembre dernier, les troubles ont suivi et plusieurs jeunes ont envahi les rues d’Abidjan pour soutenir le Premier ministre Soro Guillaume.

Dans leurs efforts d’étouffer cette marche et empêcher les jeunes de rallier la maison de la télévision, les policiers et miliciens de Gbagbo ont utilisé la force. Poursuivant les manifestants jusque dans leurs domiciles, ils ont extrait plusieurs de nos compatriotes enfermés chez eux pour les assimiler aux marcheurs. Rien que dans la journée du jeudi 16 Décembre, on dénombrait 17 maliens dans la cellule de la Préfecture de Police d’Abidjan. Parmi eux, 9 ressortissants de Massigui, qui avaient arrêté le travail pour se mettre à l’abri, ont été délogés sur indication d’un informateur.

Le bilan des folles journées ayant succédé aux deux tours de la présidentielle ivoirienne est très lourd du coté malien. Car en dehors de ceux qui ont été enlevés et même blessés, il y a plusieurs de nos compatriotes qui ont perdu la vie. A ce jour, la communauté est à 8 morts par balles, 2 par machette et 1 par une grenade lacrymogène.

 Voici la liste complète des victimes maliennes des événements post-électorales : Ousmane Coulibaly, né vers 1980 à Barbé C/ Mopti, tué par balle de la police le 30/ 11/ 2010 ; Oumar Konta, né vers 1966 à Mopti, il trouva la mort dans sa boutique le 04/12/2010 à Dabou : Odou Koné, né vers 1993 à Badou. Apprenti menuisier, il trouva la mort à Dabou dans la banlieue Abidjanaise ; Amadou Konta, né vers 1996 à Koumassi/Abidjan. Il fut tué par une grenade lacrymogène dans la commune de Koumassi le 04/04/2010 ; Yaya Samaké, tué par balle à Abobo Anador, le 04/12/2010, il est né vers 1958 à Bougouni ; Ibrahim Cissé, né vers 1978 à Yadia/arrondissement de Banikane, cercle de Niafunké, tué à la machette et jeté à l’eau à Jacqueville ; Yacouba Samaké, environ la cinquantaine, serait ressortissant de Sikasso. Il a été égorgé dans son champ dans le village de Konédougou dans le Département de Soubré ; Amadou Bamba, né à Kokodio/ Koumantou C/ Bougouni à été tué par balle à Abobo PK18 le jeudi 16 Décembre 2010. Il a laissé deux épouses éplorées et des enfants ; Aweited Dicko, né à Sévaré : Mopti, tué par balle à la gare d’Adjamé le jeudi 16 Décembre, au moment où il attendait un véhicule pour le Mali ; Amidou Sangaré, né le 24/05/2002, a été tué par une balle perdue le jeudi 16décembre 2010 dans la commune d’Abobo.

Après ce bilan macabre, les Maliens de Côte d’Ivoire sont très inquiets de la tournure que prennent les événements et s’interrogent si le dispositif du rapatriement volontaire, initié en 2001 par le gouvernement malien n’est pas envisageable si les choses ne s’arrangeaient pas. Les provisions manquent, l’argent se fait rare et les nuits sont agitées parce que les populations dorment la peur dans le ventre, les sifflets et casseroles, à portée de mains au cas où les escadrons de la mort pointent dans le quartier. Le gouvernement doit déjà y réfléchir.

De Gildas, correspondant du Républicain à Abidjan

 

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