Trente proches de Gbagbo dans le collimateur de la justice internationale :Les enquêteurs de la CPI mènent des investigations sur le terrain

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Même si ce n’est pas facile, les Ivoiriens ont envie d’oublier les moments terrifiants qu’ils ont vécus. C’est plus vrai pour les Abidjanais obligés de vivre parmi des cadavres et Maccabées, sous le grondement de tonnerre des coups canon et la crainte permanente des éclats d’obus. Dans le feu de l’enfer, des membres de la galaxie Gbagbo laisseront à jamais un triste souvenir dans la mémoire collective tant ils se sont distingués par leur zèle à casser tout ce qui s’opposait à leur mentor.

ès l’annonce de l’arrestation du plus célèbre couple de la Côte d’Ivoire, Laurent et Simone Gbagbo, des scènes de liesse populaire s’étaient emparé d’Abidjan. Perchés sur des motos et des véhicules roulant à toute vitesse, le klaxon appuyé à fond, les deux mains levées vers le ciel en guise de signe de victoire, les jeunes ont manifesté leur reconnaissance aux forces républicaines et à la force française Licorne, dont l’action combinée a débarrassé la Côte d’Ivoire du clan Gbagbo. Ironie du sort, Laurent Gbagbo et son épouse Simone sont désormais gardés à l’Hôtel du Golf, là où ils avaient imposé un blocus militaire à Alassane Ouattara, obligeant ainsi le président élu à vivre quasiment en résidence surveillée. A chacun son tour chez le coiffeur a-ton coutume de dire. Mais ajoutons-y : au bon moment.

Pendant que le peuple ivoirien respire à poumons ouverts, implorant le ciel de ne pas vivre un rêve mais une réalité, l’on se pose des questions sur les autres membres du clan Gbagbo. Ceux qui ont brillé par leurs mots d’ordre au profit du président sortant et au premier rang desquels ses porte-paroles, Ahoua Don Mello et Alain Toussaint qui ne cessaient d’envahir les médias pour essayer de convaincre l’opinion sur le bien-fondé de la démarche de Gbagbo. Que dire aussi de Charles Blé Goudé, si justement dénommé “ le ministre de la rue ” ? Où est passé Pascal Affi N’guessan qui était parti se cacher dans un camp militaire dès la veille de l’arrestation de son mentor ? On pense aussi à l’actuel président du Conseil économique et social, Laurent Dona Fologo, qui s’est ravisé au dernier moment en appelant Gbagbo, vendredi dernier, à céder le pouvoir à Alassane Ouattara car la voie qu’il a empruntée ” est sans issue “.

Il faut reconnaître que le clan du couple Gbagbo n’a pas du tout chômé dans la mise en œuvre du plan démoniaque qui n’a fait qu’endeuiller les populations et saccager l’économie de ce beau et riche pays. En effet, tout était mis en œuvre pour bien mener la guerre, non seulement par les armes, mais aussi aux plans psychologique et communicationnel. C’est ainsi que de jeunes blogueurs étaient mis à contribution pour envahir la toile mondiale avec de fausses informations, soit pour dénigrer le camp Ouattara soit pour soigner l’image du président sortant. Des photomontages étaient aussi diffusées pour rendre compte des sorties de Gbagbo, question de leur donner un cachet populaire, alors que le président Alassane Ouattara voyait toujours son image écornée.

Depuis le mois de décembre dernier, l’Union européenne avait ciblé certains membres de la galaxie Gbagbo dont les avoirs ont été gelés à l’étranger. Il avait ensuite été demandé à la Cour pénale internationale d’enquêter sur leur sort et de les inculper au besoin. Paul Yao N’Dré, le président du Conseil constitutionnel qui avait osé annuler les votes dans six villes favorables à Alassane Ouattara, pour proclamer Gbagbo vainqueur le 3 décembre 2010, au mépris de la certification de la communauté internationale, devra répondre de son acte. De son côté, au mois de janvier dernier, l’organisation des Nations unies (Onu) a dressé une liste de 19 autres personnalités à sanctionner en plus des 11 déjà épinglées par l’Union Européenne. Il s’agit d’un parterre de personnalités civiles et militaires qui ont joué un rôle actif et prépondérant dans les actions posées par la majorité présidentielle sortante. Il s’agit de : Bléou Aka, Domoraud Opéri Bonfisse, Dohou Aristide, Gbamnan Djidan Félicien, colonel Dasset, colonel major Mangly, Diagou Gaumont Jean Baptiste, Mme Jeannette Koudou, le Chef d’Etat-major Philippe Mangou, le général Kassaraté Tiapé Edouard, Sansan Kouao, Dally Zabo Ernest, Michel Gbagbo (fils de Laurent Gbagbo déjà arrêté en même temps que son père) Thomas Tiacoh, Kouassi Oussou, Laurent Ottro Zirignon, Kassoum Fadika, Ahoua Don Mello (le tonitruant porte-parole). Depuis la dernière semaine du mois de mars dernier, lorsque la guerre civile a atteint le seuil de l’intolérable, notamment avec la découverte macabre de plusieurs charniers à l’ouest du pays, les limiers de la Cour pénale internationale, appuyés par les experts d’organisations humanitaires et de défense de droits de l’homme, sont en train d’enquêter sur les exactions commises sur les populations civiles et de situer les responsabilités des uns et des autres. D’ores et déjà, il faut considérer que le dossier Côte d’Ivoire vient de s’ouvrir au niveau de la justice internationale et une chasse à l’homme sera inévitable dans les jours à venir.

Amadou Bamba NIANG

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