Répercussions de la crise ivoirienne au Mali :Des Ivoiriennes «gâtent le coin» à Bamako !

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La guerre en Côte d’Ivoire n’a pas fait que des malheureux. Les Bamakois ne diront pas le contraire. Comme une conversion magique, les nuits bamakoises ont pris des couleurs abidjanaises. Champagne et go à gogo, bienvenue aux Ivoiriennes !

Comme un coup de pied dans la fourmilière, les maquis, bistrots et autres auberges bamakois ont été envahis par de nouvelles abonnées, en majorité, venant de notre pays voisin, la Côte d’Ivoire. Frappée par une guerre civile ayant débouché sur la fuite d’une grande partie de sa population, notamment des jeunes filles, vers le Mali. Dans le lot de ces réfugiés émerge une importante cohorte de «danseuses» nocturnes qui ne se sentent aucunement étrangères sous les feux des grandes artères de la cité des trois caïmans. De quoi faire des jalouses parmi leurs sœurs maliennes, adeptes du plus vieux métier du monde. « C’est fini ! Celles-ci vont venir offrir du sida aux hommes maliens », croit savoir Mah, une «vieille» fille de joie connue à l’ACI 2000.

Filo, Tina, Binette…, nos étrangères ont des prénoms différents mais généralement des noms communs « Koné » ou « Traoré ». Elles se désignent dans la journée comme des coiffeuses professionnelles, spécialisées en manucure et pédicure.«Je suis employée dans un salon de coiffure à Baco Djikoroni ACI, mes virées nocturnes constituent pour moi des moments de détente après une journée chargée», confie MK qui affirme que contrairement aux nouvelles arrivantes dans la capitale malienne, qu’elle a choisi Bamako depuis les débuts de l’an 2000 à l’entame de la première crise électorale. Notre interlocutrice, très connue dans les halles de l’hôtel Salam, affirme qu’elle est en collocation actuellement avec une dizaine de ses compatriotes, travailleuses de nuit, qui évoluent dans des petits maquis.

La rue princesse à l’ivoirienne !

Bamako «by night» vibre désormais au rythme de la Côte d’Ivoire, au grand bonheur d’une clientèle férue de l’ambiance facile. Partout sonnent des mélodies ivoiriennes : couper-décaler, « Chakala dance », Yorobo 2500 volts… Rien que par les noms de ces chansons, l’on peut deviner qu’on est loin des mosquées. «Nous les Ivoiriens qui créons l’ambiance », ce cri de cœur est de Jeanne, assise devant une table garnie de grosses bouteilles et occupée par une demie dizaine de « Baramogo », savourant le son du pays, envoyé par le dj de la « source » un bar dancing situé à Magnambougou. En face, le «Maou», un autre espace qui n’a rien à envier aux « atièkèdromes » d’Abidjan. De l’alcool qui coule à flots, des décibels à faire éclater le tympan, des odeurs de poulets et de poissons braisés et des « chairs libres » à faire craquer les dents. La vendeuse d’aloco, moins bavarde n’est aucunement dépaysée au milieu de ses nombreux concitoyens qui prennent d’assaut l’endroit dès les premiers instants de la nuit.

« Les Maliens sont de bons clients, ils payent bien contrairement à nos compatriotes ivoiriens », nous confie FK, qui remercie Dieu de l’avoir accueillie dans un pays vivable et serein comme le Mali. Elle affirme que c’est la première fois qu’elle découvre le Mali, et qu’elle ne se plaint pas, malgré son esprit tourné vers Abidjan, où vit sa famille.

Pour se rendre à l’évidence d’une « ivoirisation » croissante des nuits bamakoises, il faut se rendre dans l’une «rues» de l’Hippodrome où au Badala, qui ressemble à celle de Yopougon. De nos jours, c’est une ambiance identique, on a l’impression que les prostituées maliennes ont pris leur retraite « anticipée ». Elles ont presque cédé le territoire à leurs étrangères. Pour Paul, un tenancier de débit de boisson, les Ivoiriennes tirent bien leur épingle du jeu, en raison du fait qu’elles sont nécessiteuses et s’emploient à faire preuve de professionnalisme pour maintenir leur clientèle fidèle et confiante.

À l’instar des Maliennes, celles qui officiaient autrefois comme les reines nigérianes, guinéennes et ghanéennes ont presque toutes vidé les lieux au profit de leurs sœurs du pays des éléphants. Même les patrons des coins chinois louent désormais les services de ces réfugiées travailleuses pour prospérer leur clientèle.

Les autres conséquences de la Jatiguiya !

Au-delà des profits de l’intégration des peuples, cette forte présence de nos sœurs ivoiriennes entraîne son lot de conséquences néfastes pour la préservation de la sécurité, de la pudeur et des bonnes mœurs dans notre pays.

A en croire certaines sources policières, depuis le début de la crise postélectorale ivoirienne, suivie d’une forte transhumance de son peuple vers le Mali, nos forces de sécurité ne dorment plus que d’un œil. L’augmentation de la fréquence des patrouilles nocturnes a été nécessaire, pour non seulement limiter son corollaire de banditisme et mais aussi freiner les attentats à la pudeur. Malgré tout, ces efforts méritent d’être accompagnés par d’autres, notamment en matière de santé publique. Pour des raisons qui ne sont étrangères à personne. En attendant, le constant reste réel, les Ivoiriennes «gâtent le coin» à Bamako. Pourvu que l’arrestation de Gbagbo dénoue la situation et amène au retour au pays, au grand dam de certains Bamakois, qui ont pris au goût…

Moustapha Diawara

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