Les Chefs d’Etat-major de la CEDEAO se disent disposés à réussir une éventuelle intervention militaire en Côte d’Ivoire. La révélation a été faite lors de la clôture de la 28ème session ordinaire du Comité des Chefs d’Etat-major de la CEDEAO qui a pris le 19 janvier, à l’hôtel Salam de Bamako.
Au cours de la conférence de presse qui a sanctionné les travaux, le président de ce Comité, le Nigérian Oluseyni Petinrin, Général d’armée aérienne, a expliqué qu’il y a eu deux jours de "discussions positives" qui ont permis d’apprécier le niveau de professionnalisme des militaires ouest-africains. C’est pourquoi, il a vivement salué la grande contribution des premiers responsables des forces onusiennes de la Côte d’Ivoire et du Liberia et les autorités maliennes.
Toute chose qui a été un atout pour une meilleure compréhension de la crise ivoirienne et de la présence des réfugiés ivoiriens tout le long de la frontière ivoiro-libérienne. Convaincu que les problèmes de la CEDEAO ne peuvent être réglés que par la CEDEAO, Oluseyni Petinrin a souligné que les résultats obtenus lors de ce conclave aideront à franchir une étape supplémentaire dans la sécurisation des pays de la sous-région. En ce qui concerne le cas spécifique de la Côte d’Ivoire, le Général de la CEDEAO a révélé qu’une esquisse de plan a été présentée pour minimiser les effets au niveau du Liberia. Cela, grâce aux données reçues des différents responsables des forces onusiennes de ces deux pays. Mieux, les chefs d’Etat-major ont pu s’informer sur tout ce qui se passe dans la sous-région au plan militaire. " Nous avons longuement discuté de la crise ivoirienne. Les chefs d’Etat de la CEDEAO nous ont donné des instructions pour que nous préparions nos troupes pour leur déploiement. Si la question de la crise ivoirienne est réglée par la politique il n’y aura pas d’intervention militaire", a-t-il révélé. Cependant pour lui, si toutes les tentatives échouent les troupes de l’armée de l’Air interviendront. "C’est pour cela que nous nous préparons et nous attendons que toutes les voies du dialogue soient rompues pour agir. Sachez, cependant, qu’un plan militaire ne se dévoile pas. Mais, si quelqu’un pense que c’est du bluff, tant pis pour lui", a prévenu le Général nigérian. Selon lui, les chefs d’Etat-major sont sous la responsabilité des chefs d’Etat et c’est à ces derniers de déterminer le moment opportun. Pour Oluseyni, la préparation étant un reflexe militaire, ils sont en attente des consignes. "Nous attendons le jour-j pour passer à l’offensive. Et j’espère que vous avez pris bonne note", a-t-il dit aux plus sceptiques. Répondant à une question relative aux 2000 casques bleus supplémentaires, Oluseyni Petinrin a ironisé en précisant que "l’Onu c’est l’Onu et la CEDEAO c’est la CEDEAO", tout en reconnaissant les efforts déployés par cette entité. "Notre tâche est claire et pas ambiguë : Nous allons l’exécuter quand on nous demandera de le faire", a-t-il conclu.
Même si la crise ivoirienne était en vedette, les chefs d’état-major ont échangé sur la situation sécuritaire dans la bande sahélo-saharienne. Selon le ministre de la Défense du Mali, les communications faites à ce sujet par le Mali et le Niger ont montré à suffisance la nécessité d’une approche adaptée qui en appelle à une synergie d’actions des pays de la sous-région. "La CEDEAO pourrait contribuer à l’élaboration de cette approche commune ", a-t-il déclaré. La question sécuritaire maritime a fait également l’objet d’échanges fructueux sur les actions à mener.A rappeler que la prochaine rencontre du Comité des chefs d’Etat-major de la CEDEAO se tiendra à Dakar. La date de ce rendez-vous n’a pas été précisée.
Soumaila GUINDO