Laurent Koudou Gbagbo :Prisonnier

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Les derniers développements de la crise ivoirienne nous enseignent au moins quelques vérités: les civils peuvent se montrer plus cruels que les militaires. Et ces derniers peuvent s’avérer plus machiavéliques que les premiers.

Disons-le tout de suite : M Laurent Gbagbo ne contrôle plus la situation et n’a désormais aucun moyen ne serait-ce que de le faire savoir à l’opinion publique nationale et internationale. Un otage, c’est désormais tout ce qu’il est aux mains de ses généraux en l’occurrence le chef d’Etat major de la Garde Républicaine, le Général Blé Brunot. On peut même évoquer un coup d’Etat de Palais. Quelques faits l’attestent.

Il (Gbagbo) s’était engagé à s’adresser à la Nation ivoirienne, jeudi dernier. Discours avortés sans la moindre explication. Selon des informations confirmées par des sources diplomatiques à Abidjan, c’était bien dans l’intention de signifier sa capitulation. Depuis cette date (jeudi 31 mars), personne ne l’a aperçu ni entendu. Aucune allusion n’est désormais faite à son existence. Ceux censés se battre pour lui ne l’évoquent plus.

Il est désormais confirmé que les images qui passent en boucle sur la RTI sont non seulement d’archives mais aussi diffusées à l’aide de cars mobiles et non directement à partir de la chaîne mère de la RTI dont les installations ont subi d’énormes dégâts matériels impossibles à réparer dans le contexte actuel.

Les images en question ont été enregistrées lors de la campagne présidentielle et de la récente cérémonie d’investiture de Gbagbo. Elles sont en outre accompagnées des appels à la résistance dont personne ne connait la provenance.

En admettant que Monsieur Laurent Gbagbo soit effectivement libre de ses faits et gestes, ne lui est-il pas plus loisible de s’adresser directement à ses concitoyens en place et lieu des images d’archives et des bandes défilantes en bas des écrans de télévisions ?

En clair, si Gbagbo était toujours dans la posture d’un résistant et d’un chef de guerre, il aurait tiré beaucoup plus profit en apparaissant directement sur le petit écran en vue d’organiser la résistance. La vérité est toute simple : l’homme n’est plus libre de ses faits et gestes. Les images prétendues diffusées par la RTI sont tirées des archives (voir encadré « les anomalies d’un montage »).

La question qui s’impose est donc la suivante : A qui profite alors le crime ? Le Général Blé Brunot, commandant de la Garde Républicaine très proche de Simone Gbagbo, est fortement soupçonné d’être à l’origine de ce coup d’Etat de palais. C’est lui qui, en janvier dernier, a tenté un coup de force à l’Hôtel du Golf. Auparavant en décembre 2010, il avait donné l’assaut contre les marcheurs en direction de la RTI. Il aurait plusieurs fois tenté d’éliminer le chef d’Etat major Général des armées Philippe Mangou. Et il reste l’un des deux Généraux encore aux côtés de l’ex-couple présidentiel, les autres ayant rejoint le camp adverse ou trouvé refuge dans une représentation diplomatique. Le Général Blé Brunot est également cité parmi les premiers sur la liste noire de la Cour Pénale Internationale. En clair, il n’a plus rien à perdre.

On le soupçonne d’avoir manipulé Gbagbo depuis le début. Gbagbo qui croyait être le manipulateur, serait tombé dans son propre jeu. Et pour cause.

En se cachant derrière les militaires lesquels se livraient aux exactions de toutes sortes, dans le seul but de préserver son fauteuil, Monsieur Laurent Gbagbo a fait là preuve d’une extrême cruauté et d’un profond sens de d’irresponsabilité politique. Pour leur part, les généraux Philippe Mangou et Blé Brunot, respectivement chef d’Etat Major Général des Armées et Chef d’Etat major de la Garde républicaine ont commis des forfaitures intolérables. Ce n’est pas tous les jours qu’un Général, à l’image de Philippe Mangou, abandonne ses troupes engagés dans un combat. Il avait la possibilité de lancer une reddition générale et de se rallier à Alassane Ouattara dans le seul but de limiter les dégâts.

Quant au Général Blé Brunot, il symbolise le côté obscur de ces personnages présents dans toutes les armées du monde en général et africaine en particulier : va-t-en-guerre, prétentieux, tyrannique et opportuniste.

B.S. Diarra

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