Imminence d’une offensive militaire contre la République Gbagbo

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Toutes les pièces du puzzle géant sont désormais réunies ou presque. L’offensive d’une force internationale pour déloger le président Laurent Gbagbo n’est désormais plus qu’une question de jours. Le vin semble bien tiré. Les faits le démontrent…

Joint par l’AFP à Bamako, M Olusegun Petinrin, officier supérieur de l’armée nigériane déclarait : "Nos préparations sont très bien avancées et nous sommes prêts à passer à l’action si nécessaire et il faut que cela soit clair… Nous sommes là pour dégager un plan clair si on demande aux militaires d`intervenir pour rétablir la démocratie en Côte D`Ivoire… Nous travaillons sur la base du rapport du sommet extraordinaire de la CEDEAO à Abuja au mois de décembre 2010 ».

Mais que dit donc ce rapport ? En voici quelques passages :

"En cas de rejet de cette demande (départ de Gbagbo du pouvoir) non négociable, la Communauté n’aura d’autre choix que de prendre toutes les mesures nécessaires, y compris l’usage de la force légitime pour réaliser les aspirations du peuple ivoirien… Ecarter Laurent Gbagbo du pouvoir le plus rapidement possible pour que le gouvernement légitime puisse être mis en place et commencer ses activités… »

Ledit rapport lève en outre le voile sur les stratégies de guerre : « Assurer la sécurité le long de la frontière entre la Côte d`Ivoire et le Libéria… Prévoir l’éventualité d’attaques contre les nationaux et contributeurs de troupes par les forces ivoiriennes et par conséquent une évacuation doit précéder toute action par la force d`intervention".

Il est également question, toujours selon le rapport de la CEDEAO de  « l’option des forces spéciales" et d’un "blocus naval" de la Côte d’Ivoire avec "l’appui de partenaires" internationaux. Tout, cela (l’option militaire) bien entendu, doit constituer « le dernier recours ». Comment ces concepts se traduisent, dans les faits et sur le terrain ?

 

« L’option des forces spéciales »

Le gros de la Troupe de la CEDEO est fourni par le Nigéria soit «un bataillon, un escadron de combat, un escadron d’hélicoptères d’attaque M135, une compagnie de communication et un état-major de bataillon", toujours selon le rapport issu du sommet extraordinaire d’Abuja en décembre dernier. D’autres pays comme le Mali, le  Burkina Faso, le Sénégal, le Liberia, la Sierra Leone, le Togo, le Bénin et le Niger devraient participer à des degrés divers », selon le texte.

Qu’à cela ne tienne, il ressort malgré tout  d’un rapport de l’ONU qu’afin de mener une opération avec toutes les chances de réussite en Côte d’Ivoire, la CEDEAO devrait aligner quelque 20.000 soldats. Sa capacité serait actuellement de 3.500 environ. Insuffisant, bien entendu ! Mais seulement voilà : au même  moment, l’Organisation des Nations-Unies a examiné lundi la possibilité d’envoi de 2.000 hommes supplémentaires pour appuyer la mission onusienne face au camp Gbagbo. Ce renfort  portera à 11.500 hommes, civils et militaires.  Aussi, « les renforts précédents verront leur mandat étendu. Les 500 hommes transférés de la mission de l`ONU au Libéria resteront quatre semaines supplémentaires et 500 autres resteront jusqu`au 30 juin» a indiqué l’Organisation internationale.

Pour sa part, la France a officiellement annoncé que « les 980 soldats de la force Licorne présents à Abidjan se tiennent prêts à faire face à une dégradation soudaine de la situation". Et d’ajouter que "Nous avons la capacité en 36 heures de renforcer de manière très significative le plan Licorne".

L’on voit bien que la marge de 20.000 hommes peut-être finalement atteinte, voire dépassée. Il ne s’agit pas des troupes de combat, peut-on être amené à penser. Les missions restent cependant les mêmes.  Et pour preuve : L’ONU a récemment lancé des appels de fonds en vue de parer à une crise humanitaire pour un montant 80 millions de dollars US (environ 48 milliards F CFA) dont 55 millions de dollars (33 milliards F CFA) pour ses activités au Liberia, pays qui accueille le plus grand contingent de refugiés.

Il s’agit là d’une mesure parfaitement conforme à la disposition envisagée par le Sommet Extraordinaire d’Abuja qui souligne la nécessité « d’assurer la sécurité le long de la frontière entre la Côte d`Ivoire et le Libéria… ».

Un «blocus naval avec l’appui de partenaires internationaux »

Il ressort toujours du rapport d’Abuja, la nécessité d’un « blocus Naval » du pays avec l’aide des « partenaires internationaux ». L’on comprend alors mieux la décision de l’Union Européenne d’interdire les ports d’Abidjan et San Pedro aux navires marchands. «Des navires marchands enregistrés dans l`Union européenne ont été empêchés d`accéder aux principaux ports d`exportation du cacao en Côte d`Ivoire à la suite de l’entrée en vigueur des sanctions découlant du refus de Laurent Gbagbo de reconnaître les résultats de l`élection présidentielle, a annoncé lundi un diplomate de l`UE » rapporte le quotidien Parisien «Le Monde». Parmi ces entités (sanctionnées), figurent des banques et des entreprises concernées par les ports d`Abidjan et de San Pedro à travers lesquels transite le cacao. Les mesures restrictives appliquées à ces onze entités ont des conséquences contraignantes", a souligné le diplomate, faisant allusion à l`interdiction de traiter avec les entités concernées ». Et voilà « le blocus naval avec l’aide des partenaires internationaux » !

Ne sont pas concernés les seuls ports d’Abidjan et de San Pedro. Il s’agit aussi des raffineries SIR, la BNI, la BFA et les banques Versus, ainsi que les producteurs de caoutchouc APROCANCI et la société d`électricité SOGEPE… Des entreprises sanctionnées pour leur contribution au financement du régime de M. Laurent Gbagbo.

Un blocus aérien aussi

Et puisqu’on y est, pourquoi ne pas contrôler le ciel aussi ? Pour des raisons évidentes, la Compagnie Air France a annulé tous les vols sur Abidjan de la compagnie nationale Air France au départ et à l’arrivée du 20 au 23 janvier. Les vols AF 703 au départ d’Abidjan, le jeudi 20 et le dimanche 23 janvier, ont également été annulés. Idem pour les vols AF 702 au départ de Paris le mercredi 19 et le samedi 22 janvier.

Ces dispositions dites « sécuritaires » n’ont été précédées de la moindre explication. Seules indications : elles surviennent au moment où les Chefs d’Etat Major militaires de la CEDEAO entament un conclave à Bamako et au moment où se tient la réunion du Conseil de Sécurité des Nations-Unies portant sur l’usage de la Force en Côte d’Ivoire.

Principale compagnie de desserte de la capitale ivoirienne, Air France fera  des émules à ne pas en douter.

« Une évacuation doit précéder toute action »

« Le Burkina Faso s’apprêterait à évacuer le personnel non essentiel de son ambassade en Côte d’Ivoire. Les enfants de ces personnes seraient aussi sur le point d’être désinscrits de leurs écoles dans l’optique d’un prochain retour au pays » Vendredi 7 janvier – Le Faso.

« Washington a ordonné dimanche l’évacuation du personnel non essentiel de l’ambassade des Etats-Unis en Côte d’Ivoire» Reuters – 19 décembre 2010.

« Le Nigeria évacue les familles les familles de ses diplomates » Allafrica – 22 décembre

Le gouvernement ghanéen annonce un plan d’urgence pour évacuer ses ressortissants de la Côte d’Ivoire – Pana  – 24 décembre…

Ceci reste un aperçu. La quasi-totalité des pays occidentaux dont la France, ont fait évacuer le personnel non essentiel de leurs Ambassades respectives. En Afrique, le Mali ne demeure pas en reste. Sur place, c’est un ambassadeur bien seul que nous avions trouvé dans son bureau en fin décembre dernier. Il était si désolé de ne pouvoir nous inviter diner en famille pour cause… enfin !

Ces évacuations sont également conformes à l’impérieuse nécessité d’évacuer la future zone de combat avant toute opération militaire selon le rapport du sommet d’Abuja.

Enfin « Le dernier recours »

Autre « coïncidence », s’il en est une : tous les protagonistes conviennent de l’usage de la force seulement comme dernier recours. Toute chose qui n’enfreint en rien les préparatifs. Ce, au moment où le Médiateur de l’Union Africaine, Rail Odinga termine sa toute dernière mission auprès de Gbagbo. Tout se passe comme si personne ne croyait plus aux chances de  réussite de cette médiation.

D’abord, l’ONUCI : elle décide de renforcer son effectif sur place ; ensuite le Conseil de Sécurité des Nations-Unies qui parvint à obtenir l’adhésion de la Chine et de la Russie jusque là réticences à l’usage de la Force; les pays membres de L’Union du fleuve Mano qui tiennent une réunion d’urgence à Monrovia (Liberia) « sur l’importance de paix dans le Bassin » selon un communiqué émanant du ministère Libérien du Plan et des affaires économiques et à la suite d’une rencontre, lundi et présidée par la Présidente du Elen Johnson-Sirleaf en personne; les Chefs d’Etat Major militaires de la  CEDEAO qui ne font plus mystère de leur intention guerrière…

En clair, le médiateur Rail Odinga semble être le seul à croire à ses chances de réussite. Enfin, il parait que le miracle existe !

 

 

B.S. Diarra

 

 


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