Le président malien, Amadou Toumani TOURE, est de nouveau la cible d’un article paru chez le confrère ivoirien « Le Front ». Lui, son prédécesseur Konaré et certains chefs d’Etat d’Afrique australe y sont ouvertement accusés de soutenir le régime Gbagbo pour des raisons essentiellement pécuniaires. Mais, déplore-t-il, à la différence des autres Etats qui ont bénéficié de contrats substantiels, le peuple malien n’a jamais tiré profit de la crise ivoirienne, notre pays servant d’ailleurs de souffre-douleur à toutes les occasions au pouvoir ivoirien. Et de regretter l’amnésie qui s’est emparée des deux présidents maliens qui ont perdu nombre de leurs ressortissants dans ce pays voisin.
La crise ivoirienne nourrit son homme ou plutôt ses hommes. Dès le déclenchement de celle-ci, le 19 septembre 2002, certains pays étaient accusés de soutenir les rebelles, tels le Burkina Faso, le Mali. Conséquence : la Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo et ces pays vont entretenir des rapports conflictuels. Tous les chefs d’Etat cooptés par l’Union africaine pour négocier avec les antagonistes une sortie de crise pacifique ont tous déçu. Victime de l’apartheid, le Sud-africain Thabo Mbeki devrait avoir une antipathie pour tous ceux qui font de la ségrégation raciale et de l’exclusion, leur cheval de bataille. Malheureusement, le successeur de Nelson Mandela soutient ce qui s’apparente à ce modèle de gestion décrié. Et qui sous-tend la politique du chef d’Etat de Côte d’Ivoire. D’ou sa complicité avec Laurent Gbagbo et son parti. Salué par tous après son choix, l’homme va être récusé, une fois le masque tombé. Le Fpi lui cède de juteux et bons marchés dans la téléphonie cellulaire et dans la livraison d’armes de guerre. Toujours dans la région australe de l’Afrique, l’Angola s’affiche comme un soutien sans faille du chef de l’Etat ivoirien. L’envoi de mercenaires pour appuyer les forces pro-Fpi en est une illustration éclatante. Le pouvoir d’Abidjan concède à Dos Santos Eduardo une part du capital de la Société ivoirienne de raffinage (Sir). Ces soutiens qui ont prospéré sans une condamnation de l’Union africaine et des Nations unies ont insidieusement incité d’autres hommes d’Etat à venir goûter à l’appât ivoirien.
Présidents ouest-africains, les nouveaux ‘’appâts’’ de Gbagbo
Le Fpi, qui prône la recherche de la ‘’véritable’’ indépendance de l’Afrique, réussit à faire des émules sur le continent. Ayant compris que l’homologue ivoirien cherche désespérément des bouées de sauvetage, certaines personnalités créditées d’une bonne morale politique vont succomber au pouvoir envoûtant de la fameuse farine de l’homme fort d’Abidjan. Parmi celles-ci, deux individus, naguère, dans leur pays, ardents défenseurs des idéaux démocratiques. Ce sont le général Amadou Toumani Touré et son prédécesseur, démocratiquement élu et actuel président de la commission de l’Union Africaine, Alpha Oumar Konaré. Adulés par l’ensemble de l’Afrique pour leur combat pour l’instauration de vrais processus démocratiques sur le continent, l’un après l’autre, ils vont mordre à l’appât de Laurent Gbagbo. Ces deux prises visibles démontrent que le chef de file des refondateurs ivoiriens demeure un as des plans tordus. Diviser pour mieux régner semble un leitmotiv chez lui. Tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, il s’y adonne à cœur joie. Et les ’’appâts’’ sont de taille, car ils impriment leur marque au processus de paix en cours dans le pays.
L’argent, objet du délit ?
Les plus sceptiques des observateurs de la politique ivoirienne s’interrogent encore sur l’enjeu du soutien de Amadou Toumani Touré et de son compatriote Konaré à Laurent Gbagbo. Longtemps accusé par Abidjan d’être un bénéficiaire direct de la crise ivoirienne, ATT a décidé de montrer sa bonne foi. Mais, le doute plane sur les modalités du rapprochement, car le chef de l’Etat ivoirien a dit qu’il userait des fonds publics pour ‘’acheter’’ des soutiens. Cet argent ne bénéficie pas malheureusement au peuple malien dont les dirigeants profitent aisément de la crise ivoirienne. L’amnésie semble avoir gagné ces hommes dont des compatriotes sont morts sur l’autel des viles ambitions des refondateurs. Peut-on à ce jour dénombrer le nombre de morts, maliens, nigériens, burkinabé…, avant et pendant cette crise ? On se souvient de ces chauffeurs maliens ramassés à N’gattadolikro et présentés à la télévision ivoirienne comme des rebelles. Lors de ses récentes tournées à Abobo et Yopougon, le vice-président du Fpi, Mamadou Koulibaly a accusé le Mali et le Burkina Faso d’exporter le cacao ivoirien vers Lomé.
Dans la zone gouvernementale au Sud, ceux-ci sont en permanence sur le qui-vive. Constamment accusés de vouloir usurper la nationalité ivoirienne, les Maliens ont maille à partir avec les forces de défense et de sécurité ivoiriennes. Le président malien a préféré passer la main sur ces crimes, qui constituaient, il y a quelque temps encore, des zones sombres dans les relations ivoiro-maliennes, pour faire les yeux doux à son homologue ivoirien. Du coup, il devient un acolyte de Thabo Mbeki, Edouardo Dos Santos, Oumar Konaré et tutti quanti. Or, ce faisant, ATT se dresse comme un ennemi de la paix en Côte d’Ivoire et partant, des Maliens, car la crise ivoirienne a une incidence négative notable sur l’économie malienne. Alpha Oumar Konaré et son successeur l’ont, semble-t-il, oublié cet état de fait. Et pourtant le Mali demeure un souffre-douleur des refondateurs et n’a pas gagné grand’chose, comme l’Afrique du Sud et l’Angola.
Souanga Adam’s Regis
Le front
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