On dit que lorsque le navire chavire, tous ses occupants, même les rats, le désertent, quitte à se jeter à l’eau et à s’y noyer. Cette imagerie colle si bien au Président usurpateur ivoirien, Laurent Koudou Guiawily Gbagbo, ses thuriféraires et autres acolytes.
En effet, qui aurait jamais pensé que des inconditionnels indécrottables de Gbagbo tels que le Général Philippe Mangouh et l’ex-ministre des Affaires étrangères (nommé depuis le 28 novembre 2010) et non moins ex-représentant du pays aux Nations Unies, Alcide Djédjé, allaient un jour faire défection au point d’abandonner leur mentor (Gbagbo), et cela, au moment même où les affaires de Gbagbo deviennent « caillou » (comme dirait l’ami ivoirien) ? Mais comme dirait l’ami bamanan, « lorsque l’année est mélangée, on ne compte plus les mois ».
Aussi, depuis que le vent a commencé à changer de direction pour Gbagbo, son (désormais ex) Général Philippe Mangouh et son non moins ex-ministre Alcide Djédjé ont choisi de s’enfuir pour des horizons plus « sécurisants ». En effet, tandis que le Général félon allait se confier à l’Ambassade d’Afrique du Sud en Côte d’Ivoire, le ministre traître a cru plus sûr de se réfugier à…l’Ambassade de France. Qui l’eut cru de la part de Alcide Djédjé et du Général Philippe Mangouh, eux qui figuraient parmi les plus virulents défenseurs des causes de Laurent Gbagbo ? Par ailleurs, deux autres Généraux de Gbagbo ont préféré choisir la raison de la reddition.
Le cas de Alcide Djédjé paraît encore plus frappant et flagrant. En effet, sa fuite vers l’Ambassade de France intervient au moment même où la France, mandaté par l’ONU, et en appui à l’ONU-CI, se décide à intervenir pour « arracher » Gbagbo de son fauteuil illégal et « remettre de l’ordre » dans les affaires intérieures du pays. C’est dire qu’aux oreilles de Alcide Djédjé et du Général Mangouh, le bruit des bombardements de la résidence de Gbagbo par les forces françaises parvient comme une musique très douce, voire une berceuse.
La journée du mardi 5 avril aura été riche en tournures des événements en Côte d’Ivoire. En effet, pendant que les pros-Gbagbo, dont l’inconscient Charles Blé Goudé, chef des jeunes « patriotes » du FPI (parti de Gbagbo) et ses sbires accusaient les pros-ADO de toutes les tueries de ces derniers jours, les forces françaises et les Casques Bleus de l’ONU rassemblaient leurs pour anéantir les chars, mortiers et autres armes lourdes des partisans de Gbagbo pour protéger des populations qui, désemparées et désespérées, fuient en masses vers des cieux plus sûrs.
Finalement, Gbagbo a choisi d’envoyer des émissaires (dont le même Alcide Djédjé) à l’Ambassade de France (tout près de sa résidence) pour négocier sa reddition. Si seulement il l’avait fait dès le lendemain de la proclamation, par la Commission électorale, des résultats de l’élection présidentielle donnant Alassane Dramane Ouattara vainqueur de urnes, on n’en serait pas là aujourd’hui, car cela aurait évité tous ces atermoiements et toutes ces pertes en vies humaines. Tout le monde avait donc pensé que Gbagbo allait signer forfait. Mais c’était mal connaître le Bété en chef.
En effet, le mercredi 6 avril, Gbagbo change (encore) du tout au tout : non seulement il nie avoir envoyé des émissaires à l’Ambassade de France pour négocier sa reddition, mais il refuse de signer la lettre envoyée par Alassane D. Ouattara, dans laquelle il était stipulée qu’il avait perdu les élections et qu’il devait rendre sa démission. En fait, c’est là que les choses se sont gâtées, car ADO tenait à cette signature de Gbagbo. Mais aux yeux de ce dernier, ce serait le paroxysme de la honte, une honte à laquelle il devait pourtant s’attendre depuis qu’il a créé de toutes pièces cette crise ivoirienne. Pire, il s’entête à clamer que c’est lui qui avait gagné les élections, et non ADO.
Gbagbo renie donc tous ses engagements et revient à son ancienne position : il ne quittera pas le pouvoir ! Comme dirait l’autre, « Moi pas bouger ! »…C’est alors que ce même mercredi, les forces de Alassane D. Ouattara entrent en action en assiégeant la résidence de Gbagbo pour l’y déloger. Mais ordre formel leur a été donné de le capturer vivant. Cependant, la France nie catégoriquement avoir participé au bombardement de la résidence de Gbagbo par les pros-ADO, même si elle soutient fermement la légitimité de A.D. Ouattara.
La « messe » est donc désormais dite : Laurent Gbagbo a décidé de ne plus quitter son fauteuil usurpé, et advienne que pourra ! Aussi, ADO a du changer de tactique en allégeant le couvre-feu pour permettre aux populations de vaquer convenablement à leurs occupations. En fait, le souci principal de ADO, c’est de préserver avant tout leur sécurité. Cependant, les forces pro ADO encerclent la « forteresse » de Gabgbo ; mais elles ne parviennent toujours pas à l’y déloger. Pire, le samedi 9 avril, vers 17h30, des tirs nourris à l’arme lourde ont été lancés par des pro Gabgbo sur le Golfe Hôtel, fief de ADO. D’où un nouveau blocage de la situation, alors qu’entre le lundi 5 et le mercredi 7 avril, on était persuadé que pour Gbagbo, « les « carottes étaient cuites » pour de bon.
En fait, la décision de Gbagbo de s’incruster davantage au pouvoir, contre et marées obéirait à une de ses lubies que la France tient pourtant à éviter par tous les moyens : que Gbagbo meure dans son bunker comme un martyr. En effet, selon bien des observateurs (surtout les autorités françaises), il serait déterminé à finir ses jours à l’instar de certains de ses ancêtres Bétés qui avaient résisté au colon français jusqu’à la mort. Si Gbagbo parvenait à assouvir son ambition macabre, il mériterait ainsi l’estime et l’admiration « outre tombe » (pourrait-on dire) de ses ancêtres. Les gens « oublieraient » alors toutes les atrocités qu’il a commises durant ces dix dernières années et diront qu’il est mort en martyr, comme ses ancêtres. Ainsi, la boucle serait bouclée, pourrait-on dire. Mais on doute que Gbagbo parvienne à concrétiser cette ambition aussi meurtrière que psychopathe.
Par ailleurs, bien des observateurs n’en finissent plus de se poser des questions à propos de ces voltes faces inattendues de Gbagbo. Pourquoi tient-il tant à ce fauteuil présidentiel pourtant usurpé, et cela, au moment même où il est lâché par ses plus fidèles et zélés serviteurs, notamment son jeune « patriote », Charles Blé Goudé et ses sbires, qui se sont volatilisés dans la nature depuis qu’ils ont senti « le vent tourner » ? Est-ce par fanfaronnade, par orgueil mal placé ou par folie de l’entêtement ? Selon nos sources, C. Blé Goudé aurait été aperçu aux environs d’Abidjan, en haillons, en train d’errer dans la nature, tel une âme en peine.
Dans tous les cas, au stade actuel de l’évolution des événements dans la capitale, on peut présager que seule la mort pourra arracher Gbagbo de son fauteuil auquel il semble rivé contre vents et marées, surtout que les mêmes sources soutiennent que la cause de l’entêtement opiniâtre de Gbagbo n’est autre que…sa femme Simone Ehivet qui l’a toujours conseillé de ne jamais abdiquer. Mais comme on le dit, le mensonge a beau parcourir des kilomètres, la vérité ne mettra qu’une seconde pour le rattraper.
Par Oumar Diawara « Le Viator »