Côte d'Ivoire: la tension reste vive à Abidjan, la France accuse Gbagbo

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ABIDJAN (AFP) – jeudi 30 novembre 2006 – 19h19 – La tension restait vive jeudi en Côte d’Ivoire, où de petites manifestations ont visé le président Gbagbo, brouillé avec le Premier ministre Banny et mis en cause par la France, à la veille de la réunion du Groupe de travail international (GTI) sur le processus de paix.

Plusieurs rassemblements courts et d’ampleur limitée, quelques dizaines de personnes au maximum, ont eu lieu dans la matinée dans plusieurs communes d’Abidjan ainsi qu’à Dabou, Grand-Bassam (sud), Yamoussoukro, Dimbokro et Toumodi (centre), a-t-on appris de sources concordantes.

Alors que la présidence ivoirienne n’était pas joignable jeudi, l’opposition, des proches du Premier ministre et des sources de sécurité ont indiqué à l’AFP qu’il s’agissait de "protestations populaires contre les récentes décisions de Laurent Gbagbo dans l’affaire des déchets toxiques".

Aucune victime ou affrontement sérieux n’a été recensé, selon des sources de sécurité concordantes.

Ces manifestations sont un nouveau signe de la tension née cette semaine de la décision de M. Gbagbo de réintégrer des responsables administratifs suspendus par Charles Konan Banny à la suite de l’affaire des déchets toxiques déversés fin août à Abidjan, qui ont provoqué la mort de dix personnes.

Cette décision a provoqué la première passe d’armes entre le président ivoirien et le Premier ministre que lui a imposé la communauté internationale à la fin 2005 pour faire avancer un processus de paix dans l’impasse.

L’opposition, qui soutient M. Banny, a donné mercredi 48 heures au président pour revenir sur sa décision, menaçant de prendre "toutes ses responsabilités".

Jeudi matin, un porte-parole du Rassemblement des Républicains (RDR, opposition), Amadou Coulibaly, a indiqué à l’AFP qu’il n’excluait pas d’appeler tous ses partisans à manifester "si l’exaspération populaire se confirme".

Mais l’opposition, dont la capacité à mobiliser la rue reste incertaine, n’a pas franchi le pas. Dans l’après-midi, les manifestations étaient dispersées.

L’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci) a invité jeudi les MM. Gbagbo et Banny à "se rencontrer dans les plus brefs délais" pour "trouver une solution politique" à ces "développements inquiétants".

Retiré depuis plusieurs jours à Yamoussoukro, M. Banny doit revenir vendredi matin à Abidjan pour participer à la 11e réunion mensuelle du Groupe de travail international (GTI) sur le processus de paix ivoirien.

Cette réunion est la première depuis le vote, le 1er novembre dernier, de la résolution 1721, qui a donné des pouvoirs élargis à M. Banny, chargé de mener à bien le désarmement et d’organiser des élections, sans cesse repoussées depuis la fin du mandat de M. Gbagbo fin 2005 en raison des blocages politiques.

Vendredi, le GTI devrait constater une nouvelles fois la paralysie du processus de paix, malgré la résolution 1721.

"On s’attend à une réunion difficile", a indiqué un diplomate européen, en précisant que les pays du GTI divergent sur l’attitude et le ton à adopter vis-à-vis de M. Gbagbo, qui a réaffirmé mardi qu’il était l’"unique détenteur du pouvoir exécutif" en Côte d’Ivoire.

La France, qui devrait être représentée au GTI par la ministre déléguée à la Coopération, Brigitte Girardin, a accusé jeudi le président ivoirien de nuire "gravement à la crédibilité du processus électoral" après qu’il eut décidé cette semaine de limoger les directeurs généraux des deux principaux médias publics, le quotidien Fraternité Matin et la Radio télévision ivoirienne (RTI).

Source: AFP

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